Un homme et un calibre : Peter Hataway Capstick (1940-1996)

Lorsqu’on évoque ce personnage nous sommes dans la même veine qu’Hemingway ou Jack O’Connor, de ces auteurs chasseurs dont la renommée pouvait parfois porter ombrage aux gens de terrain, car censés chasser autant avec leur machine à écrire (ou leur ordinateur de nos jours) que l’arme en main. Là, on a, en plus, quelqu’un qui a laissé une trace dans la balistique avec l’invention (en 1990) d’un calibre, le 470 Capstick qui porte son nom.

Né dans le New-Jersey c’était un banquier qui, dès l’âge de trente ans, dans les seventies, entreprit de devenir chasseur professionnel en Afrique du Sud risquant plusieurs fois sa peau face aux gibiers les plus dangereux pour terminer sa vie paradoxalement à seulement 56 ans sur un lit d’hôpital car trop grand fumeur. Après des années comme courtier à Wall Street, il avait débuté en Amérique latine créant une entreprise de voyages de chasse, puis travaillant dans le même domaine comme directeur d’une filiale de Winchester, ce qui l’emmena ensuite comme garde et chasseur professionnel, en Zambie et en Rhodésie.

Toutes ces expériences firent l’objet d’un premier livre en 1977 (Death in the long grass) suivi d’une dizaine d’autres mettant en scène des aventures de chasse extraordinaires face aux lions, éléphants, léopards. Il collabora bien sûr avec tout le gratin de la presse « outdoor » (Guns and ammo, American hunter, etc.), et en ce qui nous intéresse, fut surtout un grand testeur d’armes et de munitions qui nous dresse un portrait vivant d’une époque révolue, celle des grands safaris dans les années 70-80.

Le 470 Capstick a été créé en 1990 par le colonel Arthur B Alphin en conservant la balle de 375 H§H magnum mais en élargissant le collet pour lui faire accepter une balle de 12 mm et 500 grains (32,4 grammes) donc avoisinant les performances du 400 Nitro Express, mais pour des carabines à verrou. La munition (1) approchait les 600m/s à 100m avec une énergie avoisinant les 5000 joules à cette distance et donc pouvant, malgré la vitesse réduite, être utilisé sur tous les gibiers dangereux jusqu’à 150 m. Il est également souvent opposé au 458 Lott, excellente cartouche à tout faire pour l’Afrique mais sa balle, du même poids a une plus forte section.

Le recul, on s’en doute est assez conséquent (2) et bien sûr moindre si on utilise des balles de 400 grains qui conviendront pour du gibier moins lourd que le big five, par exemple de grandes antilopes. Les firmes qui le proposent sont peu nombreuses : le Custom Shop Winchester dont c’est le plus gros calibre proposé pour le célèbre modèle 70 ou des entreprises artisanales comme Fuchs ou A-Square, mais les conversions les plus courantes se font avec des boitiers longs CZ, Brno (le ZKK 602) ou Winchester, bref tout ce qui atteint ou dépasse le format 375 H§H magnum. Des canons sont disponibles chez les grands fabricants (Krieger aux USA, Lothar  Walther en Europe notamment), il importe seulement de faire un bon bedding, de réaliser une seconde portée de recul pour ménager les bois, et pouvoir tirer  5-6 cartouches dans une CZ 550 ou 3 dans une Winchester modèle 70. Par contre il y a assez peu de cartouches usines disponibles et il est intéressant de recharger (à partir du 375 H§H) pour disposer d’un choix de balles plus vaste.

1/ Elle avait adouci l’épaulement du 375HH ce qui aidait également à l’alimentation plus onctueuse de l’arme.

2/ Sur les armes artisanales, la pose de freins de bouche demeure bien sûr possible.