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23 mai 2019

Chevreuil et bocage : le bon compromis ?

L’arrivée du sanglier ne doit pas nous faire oublier celui qui, depuis une vingtaine d’années a reboosté nos chasses collectives locales. Abondant, bien adapté à nos territoires, le plus petit de nos grands gibiers a un bel avenir devant lui.

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Ceux qui ont derrière eux plusieurs décennies de permis validés vous le diront, il y a quarante ans, hormis en bordure des grands massifs forestiers, il était fort rare. Le capridé, opportuniste a su s’adapter à la seconde (1) modernisation de l’agriculture des années 70 qui a profondément modifié notre paysage. En une décennie, sur certaines communes, le nombre d’exploitations est passé d’une cinquantaine à une dizaine. La déprise agricole a offert des friches et des strates arbustives, la forte mécanisation et l’accroissement des parcelles, une moindre présence humaine sur le terrain une tranquillité bienvenue pour toutes les espèces sauvages. Cette mosaïque diversifiée à l’éventail végétal très large, profite à cet animal de petite taille qui, contrairement au sanglier a moins besoin de quantité que de diversité (2), et surtout un accès facile à la nourriture.

Son faible appareil digestif l’oblige à manger huit fois par jour, mais de la haute valeur nutritive car, encore face au sanglier, il fait peu de réserves. Selon le climat au printemps, le taux de survie des faons dépasse souvent les 50%, et il est plus élevé (90%) chez les femelles qui se déplacent moins devant s’adapter aux capacités des plus faibles, les chevrillards. C’est la raison pour laquelle les petites surfaces de délaissés agricoles sont prisées de mai à septembre, période de plus grande dépendance des faons. Et à l’automne, les « mers » de maïs offrent du couvert.

D Vierzon sté

Ces dernières années, la sécheresse estivale épargne relativement mieux les régions de bocage comme les nôtres. Le chevreuil est en effet réputé ne pas boire, ou plutôt être moins dépendant des plans d’eau, se contentant de la rosée condensation liée aux différences de températures diurnes et nocturnes. Les études de l’ONCFS (forêt des Trois Fontaines) ont montré qu’en plaine, le poids des chevrillards augmente avec la pluviométrie. Or, ces derniers donneront des petites chevrettes, et ces dernières des faons plus petits, phénomène non encore constaté du fait, de nouveau des modes de cultures développés ces trente dernières années. L’ensilage précoce du maïs en plaine envoie les chevreuils dans les bois, mais pas chez nous où il y a encore suffisamment d’herbages, soit prairies naturelles, soit luzerne qui a de profondes racines et reste verte plus longtemps. C’est ce qui explique, contrairement à des départements voisins où, sur la côte, tout est grillé, et on voit les chevreuils s’approcher des pelouses des résidences secondaires, et des premières plaintes pour abroutissements sur des plantations récentes.

Même si la spécialisation de prédation de renards sur les faons n’est pas avérée ici, la raréfaction de ce dernier du fait de la gale, confirmée par tous les piégeurs est un autre atout de la bonne santé d’un cheptel local que l’on peut constater de diverses manières. La plus classique, mais elle demande investissement et motivation de la part des sociétés est l’indice kilométrique d’abondance, comptage qui se pratique à la fermeture, période de visibilité maxi avant le départ de la végétation, quand les animaux commencent à se cantonner, que la reconnaissance des sexes est plus facile et dans des périodes qui correspondent aux pics d’activité de l’animal dans les trois heures qui suivent l’aurore ou précèdent le coucher de soleil. Si, par manque de temps ou de personnel on ne peut effectuer ces parcours en boucle d’une demi-douzaine de kilomètres, il suffit d’observer, en mars-avril la taille des groupes hivernaux qui dépassent la stricte cellule familiale de base. Un « bon » signe de permanence du chevreuil sur un territoire c’est quand on observe des jeunes chevrettes qui restent avec leur mère, bien que celle-ci soit suitée de jeunes chevrillards de l’année.

images (2)

1/La première modernisation dans notre région a été analysée par plusieurs ouvrages relatifs au canton de St-Hilaire-du-Harcouët où en 1955 on comptait sur les doigts d’une main, le nombre de tracteurs agricoles, alors qu’en 1962 il n’y avait plus un cheval ! La seconde dans la décennie 70-80 où les remembrements ont diminué de moitié le nombre des exploitations.

2/Le chevreuil aime tout sauf le colza qui peut néanmoins lui offrir du couvert.

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