Les chokes "skeet" et la chasse

Autrefois, on ne s’embarrassait pas trop de ces artifices dont la terminologie sentait un peu trop la technologie armurière anglo-saxonne. Le « deux coups » était demi ou plein choke, et c’est en coulant le doigt dedans qu’on s’extasiait devant le « bécassier » du copain.

Maintenant, quand on achète un superposé basique dans sa belle boite en plastique thermoformé, il y a au bas mot cinq chokes et il faut consulter le manuel pour se dépatouiller entre les petits traits, les étoiles, les astérisques, sans même parler des termes barbares que sont les « improved » et autre « modifiés » (1). Et quand il y a un choke « skeet » seuls les habitués des pas de tir savent qu’il s’agit d’une discipline particulière qui vous fait tirer des traversards partant de petites cabanes…

Or, il faut s’entendre sur ce qu’il veut dire. Pour Beretta par exemple, c’est plutôt un « negative » ou tromblonné si on veut, alors que chez les anglo-saxons, il se situe entre le lisse et le lisse amélioré si l’on s’en tient à l’historique de la discipline avant-guerre. Aux USA il y avait même deux catégories skeet 1 (in) et skeet 2 (out) également nommés sporting I et II. Il s’agissait pour le second d’une légère constriction non pas destinée à resserrer la gerbe, mais à la rendre plus cohérente. Le S1 ou standard donnait 0,005 de constriction, un rétreint idéal pour le tir de toute la gerbe de 9 à 21 m, mesurant encore 45% des plombs dans un cercle de 30 pouces (76,2 cm) à 40 mètres. Le S2, situé si on veut entre le lisse amélioré et le demi choke donnait 55% des plombs dans les mêmes conditions, mais surtout offrait une combinaison parfaite de 90% des plombs à 22 mètres, distance donnée comme idéale pour « servir » un chien à l’arrêt.

On le voit donc, les chokes skeet ont donc tout à fait leur place à la chasse devant soi, et sont même proposés maintenant assez souvent en chokes spéciaux, d’aftermarket ou de seconde monte pour certains puristes qui estiment que ceux « d’usine » ne sont pas suffisants. Plus longs, plus faciles à identifier et à démonter sans clef, leur dimension joue sur une diminution progressive plus lente du rétreint, ce qui améliore la cohérence et la densité de la gerbe, et atténue le recul. Bien sûr, aucun choke ne remplacera un bon tir, mais peut l’améliorer, ce dont ne se privent pas d’exposer des marques dont les atouts sont un diamètre et un usinage plus uniforme que les tubes d’origine car ces entreprises spécialisées, non seulement ne font que ça, mais leur existence même dépend de ces mesures de qualité très strictes. Sur les pas de tir où on multiplie les réglages fins selon la discipline, ces chokes spéciaux font désormais partir du paysage et permettent d’approcher au plus près, selon une cartouche donnée, la reproduction des performances balistiques.

Dans notre prochain envoi on va affiner le sujet en tentant d’imiter le champion « Big Georges » Digweed…disons tout de suite que c’est pas gagné !

1/Rétreint des chokes pour mémoire : SK (skeet) : 0,759 ; C (cylinder ou lisse) : 0,732 ; IC (improved cylinder, lisse amélioré ou quart) : 0,724 ; M (modified, demi-choke) : 0,716 ; IM (Improved modified, trois quart) : 0,706 ; Full (plein choke) : 0,694.