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FCM 25.00
4 janvier 2020

Mais qu'est-il donc arrivé à notre bon vieux "seize" ?

C’était le « vrai » calibre français à tout faire, quand le douze allait aux sauvaginiers, le 20 aux dames, aux vieux perclus de « rumatisses », ou aux fines gâchettes. Ce fusil « qui tirait comme un douze, et se portait comme un vingt », faisait au temps du lapin et de la perdrix grise, le fond des armureries de campagne où un vieux bonhomme en blouse grise vendait aussi des vélos, de la coutellerie et tout un tas de babioles qui nous faisaient tant rêver. Et puis, hop, dans les années soixante, il est devenu «has been»… Tentons de voir pourquoi ?

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Ce sont les années 60 qui lui ont fait du mal, avec les premières difficultés de l’armurerie stéphanoise qui fournissait bon an mal an, la majorité des armes françaises. Le calibre déjà, en neuf était majoritairement représenté par des juxtaposés qui commençaient à paraître « ringards » face à la vogue naissante du ball-trap, et l’arrivée massive de superposés italiens novateurs. Le seize, pourtant, avec sa charge classique de 28 grammes se trouvait pile-poil dans ce qui était préconisé pour le sporting avec même, dans ce grammage, une balistique (vitesse notamment) plus cohérente que le douze. Mais personne n’y pensa guère, et l’expérience Kerné (1) fut trop anecdotique en 16 magnum pour influencer un secteur déjà en crise.

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Ailleurs ce fut un peu la même chose : en 1953 le seize qui représentait encore 24% des ventes derrière le douze (54%) aux USA, et Remington  qui proposait 30 chargements au catalogue, n’en faisait plus que 3 en 2001 ! Là-bas, le mauvais tournant fut pris en 1926 quand s’organisa le sporting dont le seize fut inexplicablement absent, alors que le 28 pourtant confidentiel, fut sauvé par le skeet. L’arrivée de la législation « bille d’acier » au beau mitant des années 90 lui donna le coup de grâce car il n’y avait pas encore, pour ce calibre quand même populaire, de « magnum » homologué SAAMI, l’équivalent Outre-Atlantique de notre CIP.

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Le calibre avait pourtant ses vedettes comme le Browning A 5 « sweet sixteen » dont vnous venons récemment de parler, et que la firme vient d’ailleurs de relancer avec succès, Remington ayant embrayé derrière avec le 870 Wingmaster et le 1100…mais qui pesaient autant que les douze de la marque ! Ce fut d’ailleurs, à l’époque, en Europe aussi, une des grosses erreurs que de faire, pour les nostalgiques, des seize avec des bascules de douze, alors qu’il aurait plutôt fallu les faire sur base de vingt, comme par exemple le Winchester 24. En France, le seize souffrit aussi des conséquences de l’Occupation où les encartoucheurs repartirent au plus pressé avec ce qui était déjà le plus largement représenté, le douze, sur lequel donc on se focalisa en recherches sur les bourres et les chargements. A ce moment, et en feuilletant fiévreusement les archives par exemple celle du Chasseur Français, on se rend compte que déjà, on s’inquiétait du relatif abandon d’un calibre qui n’avait finalement rien à envier au douze avec lequel il y avait finalement peu de différences. Il tirait des charges de 25 à 40 grammes, les plus petites 26-27 en plomb de 9 idéales pour la bécasse jusqu’à 32m., la moyenne se stabilisant à 28 g pour faisan-perdrix à 35m, la 29-32 grammes filait à 400m/s et pas loin de 40m pour les lièvres et canards, et les « mini-mag » de 32-36 valaient amplement les 38-42 grammes du 12.

images (3)

Le problème c’était plutôt le parc relativement ancien de fusils rescapés de l’Occupation qui étaient encore à l’alésage 16,8 rendu nécessaire pour l’étanchéité des anciennes bourres feutre, et qui n’étaient plus adaptés pour les nouvelles bourres à jupes avec risque de surpression et de recul accru dans les armes fatiguées qui étaient celles du « Papy » ! Les Darne et Charlin de l’époque, et c’est ce qui fait qu’on en trouve encore pas mal sur le marché de l’occasion, avaient le même problème avec d’ailleurs, sur le canon de gauche, et pour les mêmes raisons, inscrit en toutes lettres l’avertissement menaçant « non pour la balle » !

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De nos jours l’alésage de 17 est le plus courant, mais le seize pâtit un peu de tout ça : image d’une chasse d’antan, pas adaptée aux pas de tir, aux chasses nécessitant du « magnum » (affût tant au canard qu’au pigeon) et bien sûr grenaille d’acier dans la foulée. Dans l’envolée de la mondialisation, du superposé, des « automatiques » le seize se retrouva peu à peu injustement « largué », et quelque part, c’est sans doute l’engouement pour les petits calibres (20-28, voire même 410) qui le ramène dans la course car quoiqu’en disent les snobs qui les utilisent, c’est moins les préoccupations balistiques et même éthiques qui les démangent que le poids à trimballer car tous tirent avec…des magnums qui avoisinent la charge d’un douze ! On se demande où est le fameux « fair-play » là-dedans non ? Le seize qui jusque-là avait un peu le « c… entre deux chaises », avec sa charge très bien équilibrée de 28 grammes a retrouvé un regain d’actualité, épaulé par l’attrait pour le « vintage » et la nostalgie puissante motivation d’achat bien comprise par les marques qui toutes s’y mettent : Browning sweet sixteen revisité, superlight, Franchi Instinct, Rizzini et Fair, etc…Mais c’est surtout en occasion que l’amateur d’armes fines et artisanales de qualité, fabriquées avant-guerre que l’amateur éclairé devra se tourner car la décote du seize y est de 15%...mais sans doute pas pour longtemps ?

1/ Voir notre dossier en trois parties sur l’armurerie versaillaise Kerné dans nos archives à partir du 5 avril 2017. On y explique de manière détaillée les tribulations sans lendemain du seize magnum.

 

 

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