Les canons longs des gabions et des tonnes...

…Poussent nos tirs d’une longueur qui étonne… » Osons paraphraser Verlaine pour, dans la foulée d'un envoi précédent, observer pourquoi ces longues perches ont plus ou moins disparu du paysage cynégétique sauvaginier des seventies. C’était une réminiscence de l’époque poudre noire où seule la longueur du tube permettait une combustion totale et un bon compromis vitesse-charge.

Les bourres à jupe, les poudres progressives, les chokes amovibles puis spéciaux à partir de 1996 et la bille d’acier, ont eu raison de ces curiosités qui font néanmoins encore leur effet quand on les trimballe sur le terrain comme on va le voir en fin d’article. Autrefois, disons avant-guerre, période où les chokes amovibles n’existaient pas encore, la longueur du canon donnait déjà une idée du rétreint. Les 26 pouces (66 cm) étaient en lisse amélioré, les 28 (71 cm) des demi, les 30 (76 cm) des full et les 32 (81) des X-Full. En dehors du Marlin Goose, fusil spécial à verrou (1), que l'on voit ci-dessous à dr. Remington a fait des canons de 34 pouces (86 cm) pour le 870 Wingmaster et le SA 1100, et plus rares le Ithaca 51 waterfowler, et le S§W en 30 pouces.

Avec des poudres beaucoup moins progressives, cette longueur de tube donnait un avantage théorique à la vitesse qui, avec les charges relativement légères d’acier, firent encore un peu illusion malgré les travaux anciens du général Journée, et surtout plus récents (1950) de Phil Sharpe puisqu’on ne perdait que 3m/s par pouce (2,5 cm) de canon soit au final pas grand-chose. Avec le poids des charges se développant, les poudres progressives concentrèrent la poussée plus dans la chambre que dans le tube, et de nos jours dans les canons modernes de 28 pouces, la vitesse maximale est déjà atteinte à 21 pouces. Donc plus besoin de telles cannes à pêche, mais les canons longs étaient encore dans les râteliers et certaines habitudes de tir prévalaient encore, parmi ces généralités souvent entendues citons : le canon long donnait un meilleur plan de visée, un swing plus souple pour le suivi au-delà de 40 m. et même un peu plus de confort au poste. Dans l’abri il éloignait en effet, souffle et bruit du voisin (2). Après, il s’agissait aussi d’un compromis, ce qui pouvait se comprendre pour le vol long et haut de grosses oies alignées comme des bombardiers, n’ayant plus rien à voir avec de virevoltantes sarcelles à la pose ! 

L’accès généralisé aux leurres et artifices de « déception » (3) parvenus avec vingt ans de retard chez nous, a favorisé pour le marais, au moment de la généralisation des bandes ventilées donnant un swing plus fluide et reproductible, et surtout des chokes amovibles une polyvalence qui, au tournant des années 2000 a définitivement enterré un « système » qui ne survit que grâce au folklore entretenu par les rallonges que font encore certaines firmes comme Verney-Carron et surtout Baïkal. Pour épater les copains, votre serviteur met ainsi parfois en action, certains soirs d’hiver où il ne passe pas grand-chose, un MP 153 « rallongé » à 36 pouces (presque 92 cms !), ce qui donne exactement la longueur de canons du Marlin « goose » précité. Avec le choke full acier (qui n’est rappelons-le qu’un demi), impression vérifiée sur la mare, et une Tunet High Flyer dans le goulot, la gerbe est moins dense qu’un retour au canon d’origine (76 cm quand même), mais bonifié par un « Kicks » acheté lui, pour tirer (loin oh oui !) le pigeon au posé. Bien sûr, le MP 153 qui a bien sûr d’autres qualités, ayant déjà pas mal tendance à « piquer du nez » cet appendice ne facilite pas la maniabilité déjà bien moyenne, mais fait toujours, quand il pète, (Boum, dzoiiing…car le long tube vibre !) son petit effet sur la galerie…

1/ Voir notre archive du 6 mai 2017

2/Dans un canon long la pression est plus faible ayant plus de temps pour se détendre. Avec la même munition il y a 36% de décibels en moins entre un canon de 26 et 34 pouces.

3/ L’interdiction des appelants vivants a, favorisé en Amérique du Nord, tout un courant de chasse avec « matériel » (leurres ou decoys, camouflage spécifique, appels) qui a « démocratisé » en quelque sorte la chasse au gibier d’eau au moment où comme chez nous, le petit gibier naturel se raréfiait.