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9 mars 2020

Les "Annies" : la kermesse du ball-trap à l'américaine

Aux Etats-Unis, plus qu’en France où elles sont l’apanage des tireurs ou des chasseurs, les armes font partie de la vie quotidienne, magnifiées par les grandes figures que nous évoquons souvent ici. Le précédent envoi parlait d’Annie Oakley, et son nom est synonyme de séances de tir entre amis qui se font dans une ambiance de kermesse, moins strictes que nos ball-trap annuels avec bien plus, comme simples jeux que la passée, la perdrix, le rabbit ou la grande fosse.

ooiuuy

 

Les « Annie » varient aussi selon les états : « custer » dans l’Idaho, « killer » dans l’Indiana, « shoot pot » en Californie, mais aussi freeride, bushwackers où on met quelques piécettes dans le pot et selon des règles très extensibles. On tire aussi souvent par convention, avec ce qu’on veut en matière de calibre ou de munitions, ce qui peut engendrer des stratégies particulières selon sa place sur le plateau. Une « Annie » basique démarre à 27 yards et trois tireurs en ligne : le premier appelle et s’il casse il est en sécurité et personne ne peut plus tirer. S’il rate, plateau en vol, le second peut tenter de le reprendre et s’il casse, il élimine le premier tireur. On peut ainsi former des lignes d’une douzaine de fusils qui tirent trois par trois, et on procède donc par élimination, ce qui va assez vite, le pulleur ayant en charge de suivre toute la ligne, d'arbitrer, d'éliminer les exclus un par un, et désigner celui qui va appeler le plateau. Au final il ne reste plus qu’un seul tireur qui a gagné le pot. Un petit dessin…ou plutôt une vidéo valant mieux qu’un long discours, tapez « Annie Oakley wolf chase with explanation » pour bien appréhender le système.

annie-oakley-in-her-20s

annie-oakley-shooting

Il y a des variantes à deux tireurs comme le « blue bird » voire « shot the miss » où on se présente à deux sur le pas de tir : si le premier tireur manque, le copain d’à côté peut tirer son plateau, voire sur un morceau du plateau cassé derrière, et en additionnant les points on peut ainsi atteindre 12 ou 13 sur 10. L’arbitrage est souvent ardu, et on imagine assez bien les contestations bon enfant qui peuvent s’ensuivre.  Le « crazy eight » met huit tireurs en lice qui, chacun à son tour choisit un endroit et donc un angle de tir différent imposé à tous ses partenaires. A lui donc de choisir la situation qui lui convient le mieux. Ci-contre, Annie Oakley jeune, et  en action dans les années vingt, une attraction qui mobilisait les foules. 

Annie-Oakley

On le voit, toutes ces opérations sont assez conviviales, où on n’est plus seul face à la cible et il y a des stratégies pour éliminer les collègues : on peut écarter un bon tireur qui fait peur à tout le monde, dont c’est le tour d’appeler en tentant, au bluff, et avec un peu de chance de tirer plus vite que lui. D’autres attendent que les autres aient tiré…et raté pour récupérer le plateau très loin, juste avant qu’il ne touche le sol…ce qui est rarement bien vu ! Quand il y a des handicaps et qu’on recule assez loin car il n'y a que des fines gâchettes, (on a vu finir à 60 m.), quatre tireurs qui ont raté peuvent être éliminés d’un seul coup dans l’ambiance qu’on imagine car il y a un rôti, un poulet, ou un pot de quelques dollars en jeu qui va sans doute immédiatement faire marcher la buvette derrière, et couler quelques pintes de  Bud’ !

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Comme on tire avec ce qu’on veut selon les règlements souvent souples et au cas par cas selon les manifestations, en première position il faut tirer tôt, petit plomb et pas trop choké comme au skeet. En troisième position, où on risque de tirer bien après les autres qui ont raté et loin, on est X full et au 6 voire au 4. Une autre vidéo (world record longest shot) nous montre ainsi le champion du monde Georges Digweed reculer fort loin dans le public pour casser un plateau à 130 yards !

poiqq

Et la sécurité me direz-vous ? Dans un pays où les armes sont partout, tout ça se passe sans trop de formalités. Les tireurs « encartés » sont beaucoup plus nombreux avec des compétitions de retraités, de comités d’entreprise, et ce n’est absolument pas la même « culture » que chez nous où tout amateur d’armes, de tir, et de chasse est regardé de travers. L’ATA (Amateur Trapshooting Association fondée en 1915) qui organise le « Grand American » dans le Minnesota aligne 5000 participants sur un week-end, et accorde des bourses aux étudiants, aboutissement d’une politique de formation des jeunes au tir qui concerne rien que dans cet état du Midwest 450 écoles et 12000 élèves en compétition et le Scolastic Clay Target Program axé sécurité en mobilise 15 000. En 2016 on estimait que 27 millions de personnes s’étaient présentées sur le pas de tir d’un ball-trap aux USA ! Sur ce cliché, à g. on voit bien que les enfants sont de la fête et même avec un fusil à pompe. ! Nous sommes dans une "Annie" typique : les fusils au premier plan ont tiré, les trois autres (dont deux jeunes et un adulte) sont épaulés prêts à faire feu, le fond de ligne se prépare. Pour sûr, ça doit pétarader...

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