Armes de chasse du futur : rêvons un peu...

La chasse qui s’engage dans un environnement de plus en plus incertain, peut-elle dessiner les armes du futur ? La technologie depuis les décennies 1870-1900 a produit des armes fines assez proches d’entrée de leur sommet (Purdey, Boss, etc.), puis des complications-simplifications (voir J.M. Browning) qui ont abouti à un système de compromis : coût, qualité, besoins, capacités et effets de « niches » qui ont en quelque sorte gelé la situation.

Les armes fines les plus abouties vont au bout d’axes bien définis maîtrisés depuis un siècle, le ball-trap a épuisé la plupart de ses voies, (sauf peut-être les aides à la visée si les règlements en admettent de nouvelles), les pistes à creuser semblant aller vers la compétition tactique aux trois armes, où l’utilisation « hard » trouve des solutions nouvelles de rechargement rapide, et le militaire et son corollaire, le « tactical ». Même si les applications au combat du fusil de chasse sont bien identifiées (1) et limitées à l’ouverture de portes, la moindre létalité, la signalisation, la home defense (là où c’est permis), il y a de ce côté des nouvelles perspectives, notamment en matière de matériaux initiés par les carabines : configurations « bull-pup », (voir-ci-dessous High Standard 1960, Mossberg 500 1980) fibre remplacée par le carbone, utilisation du titane pour les boitiers et pièces mobiles, amortisseurs de recul encore simplistes (en caoutchouc) remplacés par des ressorts ou l’hydraulique.

Comme il n’y a rien de positif dans le recul quoi qu’en pensent les utilisateurs de l’inertiel, (en fait contemporain de l’Auto 5 avec le système Sjoegren ce qui ne date pas d’hier), et fausse bonne réponse, surtout avec des armes allégées, il faudra sans doute se pencher en priorité sur les cartouches en revoyant leur forme archaïque à rebord, aller vers des ogives (2), des chargeurs à empilement et double pile, éjection par le bas, modifiant l’équilibre et l’encombrement, et la possibilité de calibres modulables, sans doute plus bas que le sempiternel 12. Moins d’encombrement et de recul donnent en effet plus de capacité d’emport, des tirs de suivi plus rapides, avec des étuis descendus à 1,8-2 ou 2 ½ pouces proches du 20 ou du 410, parallèles aux « 45 » ou 50 Beowulf par exemple.

Toutes ces innovations tiendront compte du poids des armes, facteur important dans l’air du temps de la vogue 20-28, du niveau sonore des coups de feu de cartouches enfin « écologiques » puisqu’elles seront combustibles, déclenchées par impulsions électriques, peut-être même auto-propulsées, le système Gyrojet (3) ayant ouvert il y a cinquante ans, une piste de réflexion pouvant être boostée par les usinages CNC, les imprimantes 3D, des comburants nouveaux. Pas d’étuis à éjecter, moins de pièces mécaniques en mouvement, nous aurions des armes légères à chargement ambidextre où l’on pourrait soigner, l’ergonomie, la gestion électronique des coups tirés, voire des limitateurs dans l’esprit Fair Gun né de la lutte contre les tueries de masse.

Des chokes réglables moins disgracieux que les anciens polychokes, offriraient moins la polyvalence réclamée autrefois, que la satisfaction immédiate et bien actuelle de pouvoir tirer immédiatement vite et loin, bien dans l’esprit de la génération des jeux vidéo. On pourrait même, cela fut fait après-guerre aux USA (voir photo ci-dessous), retrouver des chokes à réglage automatique avec un premier coup présélectionné, par exemple en demi-choke, les gaz au passage tendant un ressort serrant le rétreint pour un second coup en full !

1/ Voir notre archive du 4 février 2015

2/ L’idéal serait une charge à jupe ou capsule accélérée boostant à plus de 600 m/s une charge plus légère mais à la dispersion non aléatoire dictée par d’autres matériaux que le plomb bientôt banni par l’Europe : acier, autres substituts, céramique, silice, polymères.

3/ Famille d’armes conçues dans la décennie 60-70 par Robert Mainhardt et Art Biehl, qui furent essayées au Vietnam comme des petites roquettes à orifices diagonaux devant, comme les balles, leur donner un effet gyroscopique. Contrairement aux balles classiques qui atteignent leur vitesse maxi dans le canon puis ralentissent sur la trajectoire, partant d’un tube et non d’un canon usiné, le projectile de 180 grains avait épuisé son carburant à 18m puis filait à 378m/s avec deux fois la puissance du 45 ACP, mais en moins précis.