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17 septembre 2021

Tir et méthode : le "Chrchill style"...tu le vois...tires dessus !

Comme M. Jourdain qui faisait de la prose, peut-être êtes-vous, sans le savoir,  tireur dans ce style qui, rassurez-vous, n’a rien à voir avec le fameux homme politique britannique prénommé lui Winston et non Robert, mais un de ses homonymes armurier, et créateur d’une manière originale de tirer autrement que le fameux « tête-queue-pan » !

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Ce Robert Churchill (1896-1958) avait succédé à son oncle Edwin, tireur renommé de pigeons vivants et qui avait fondé en 1891 un atelier déjà bien coté. Les deux furent des experts renommés de médecine légale des armes à feu liés à Scotland Yard et au Tribunal d’Old Bailey et d’une morphologie plutôt ramassée ce qui inspira sans doute toute, par la suite, une arme prototype, le modèle XXV (ci-dessous à dr.) concoctée en pleine guerre, mais qui ne prit son essor qu’en 1920. Une période difficile pour l’industrie armurière britannique où la grande époque était déjà du passé : la clientèle avait fondu, le marché de l’occasion inondé d’armes de qualité à canons de 28 à 30 pouces.

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La principale caractéristique de cette nouvelle arme était son canon de 25 pouces (63,5 cm) idée plutôt révolutionnaire à l’époque où le tir, un peu partout commençait à « s’allonger ». On ne sait trop d’où elle vint : canons bouchés par la neige lors d’une compétition et qu’il fallut couper à la va-vite, ou client pour lequel on n’eût pas le temps, en début de saison de refaire les canons, et qui s’accommoda très bien de l’incident après un coup rapide de scie à métaux ? Qu’importe, Robert Churchill avait le sens du marketing, habile dans la polémique dont la presse spécialisée et le fameux « The Field » se faisait l’écho, et il se vendit plus de 750 modèles XXV entre 1923 et 1928, l’entreprise contrairement à la concurrence embauchant les meilleurs travailleurs qualifiés du marché. Ses livres « How to shoot » (1938) et « Game shooting » (1955) enfonçant le clou pour entretenir la légende et surtout la « méthode » allant de pair avec une arme si particulière.

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Les canons très courts n’étaient pas véritablement une idée nouvelle car Greener déjà en 1875 proposait à son catalogue des canons de 24 pouces, tout comme Hellis en 1900. Mais ils étaient coiffés d’une bande spéciale en V inversé surélevé évitant les reflets et donnant l’illusion qu’ils étaient plus longs que dans la réalité. La crosse était beaucoup moins pentée pour être, selon ses desiderata, « naturelle » et tirer tête bien droite les deux yeux ouverts, sans se coucher sur la crosse. Le tir en mouvement sur le gibier avait en effet beaucoup évolué avec le passage (1807) du silex à la percussion. Le coup de feu était devenu instantané, on ne tirait plus loin devant, mais « en passant », et le tir des battues de haut vol au faisan avec chargeurs au poste dictait un tir avec déflexion qui fut théorisé dans les premières écoles (Lancaster, 1890) par Percy Stanbury. C’est le fameux tir à avance soutenue que l’on peut résumer chez nous au fameux « queue-tête-pan ».

Robert Churchill balayait tout ça d’un revers de main, plus aucune référence au canon ou au guidon, il recommandait d’être détendu et fluide, les pieds au carré à 10 h 10 pour pouvoir facilement porter le poids du corps d’un côté ou de l’autre, la crosse sous l’aisselle, canon légèrement incliné vers le haut du côté où ça doit partir. Comme le « kata » des arts martiaux, il s’agissait d’un geste répété et instinctif où, non épaulé, « gardez l’œil sur l’oiseau et oubliez tout le reste » on évitait que l’arme ne cache la cible avec une visée panoramique et un conseil « tu le vois, tire dessus ! », où c’est inconsciemment, en « jetant » l’arme qu’on compense un peu l’avance. Plus de « swing », d’avance soutenue, le bras gauche étendu loin sur le devant « à toucher le bec de l’oiseau » servant de guide dans un mouvement qui « démarre vite, s’arrête et change de direction en un clin d’œil ». Nous avons schématisé par des couleurs les deux écoles différentes ci-dessous. En bleu l’avance soutenue classique (queue-tête-pan), en vert le pointage rapide, puis en rouge le « jeté » au bec de l’oiseau où le coup de bras donne l’avance nécessaire pour que la gerbe de plomb coupe sa route.

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Il eût bien sûr beaucoup de détracteurs, les canons courts avec les poudres rapides du moment faisaient un boucan de tous les diables, les « coups de longueur » étaient par force balistiquement un peu plus limités, la vitesse d’épaulement et de tir « instinctif », ayant ses limites, à part peut-être pour des débutants plutôt trapus, partant de rien, avec une seule arme et dans des conditions spéciales de tir de près : lapin, bécasse. On lui reprocha aussi d’être plus un homme d’affaire avisé (1) qu’un armurier-concepteur et d’avoir plutôt inventé le fil à couper le beurre avec cet emploi radical de la scie à métaux, cautionné ensuite par cette « méthode » controversée. Il est vrai que ce n’était certes pas John Moses Browning, mais qui peut dire qu’on n’a pas tous, au détour d’un bosquet tiré ainsi un jour ou l’autre et fait notre plus beau coup…« à la Robert Churchill »  ?

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1/Il se fournissait chez A.A. Brown, Webley-Scott et bien d’autres, et stockait des armes prêtes pour les spécifications des clients finalisées ensuite par ses artisans avec un design de gravure particulier pour les armes fines, mais aussi des hammerless classiques.  

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