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7 septembre 2021

Aldo Leopold (1887-1948) : pour réconcilier chasse et ecologie ?

Disparu trop tôt (1), ce visionnaire d’une pensée globale (malheureusement non traduite en français à notre connaissance), pourrait fournir un pont entre la chasse et l’écologie non sectaire, polluée par la politique politicienne et rester très actuelle, notamment du fait des excès, particulièrement aux Etats-Unis, du réchauffement climatique.

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Forestier de formation, chasseur de tétras et de gélinottes huppées (ci-dessous), son premier livre (Game management, 1933) montrait déjà l’interaction inévitable entre la présence du gibier, la pérennité végétale, et les activités humaines. Il avait quitté quelques années plus tôt en 1928, l’US Forest Service (2) où il travaillait depuis 1913 comme superviseur en Arizona et au Nouveau-Mexique (forêt de Carson) assez critique sur cette administration, à ses débuts, plutôt facilitatrice de l’industrie du bois que conservatrice de la Nature.

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Il devint prof d’Université dans le Wisconsin, et fut, autour de sa cabane de Baraboo (3) un des fondateurs en 1935 du mouvement de la Wilderness Society qui fit de la forêt de Gila (Nouveau-Mexique) le premier espace naturel lequel, officialisé aux Etats-Unis, est à l’origine du mouvement moderne de conservation des espaces naturels dans cet immense pays. En ce qui nous intéresse, il mit la chasse au cœur de ses récits comme étant une activité non hostile à l’environnement car s’installant au cœur d’une véritable éthique de l’environnement. Il avait su percevoir, longtemps avant la « société des loisirs » que l’expansion des technologies était loin d’être en phase avec le temps long des cycles naturels.

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La chasse qui est tout sauf un « loisir » était un encouragement à comprendre les dangers de cette « récréation » moderne. Cette pensée était bien sûr de son temps, celui de l’immédiat après-guerre et avait tendance à abolir l’humain, à le « noyer » dans ces décors immenses et magnifiques difficiles à comprendre pour nous et qui, selon Jim Fergus (4), tant ils sont époustouflants, peuvent même vous distraire de la cible à atteindre ! Il fut aussi un des précurseurs aux côtés du biologiste O.Murie à tenter de comprendre la fonction des prédateurs, coyotes, loups et grizzlies « qui, tous ont une fonction, et dont, quand on les élimine, on doit assumer la responsabilité de faire leur travail, mais encore, et déjà, en réalisant quelle était leur tâche auparavant dans le cycle naturel ».

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Sa pensée est proprement américaine devant beaucoup à Henry Thoreau (5), aux voyageurs écrivains comme John Muir selon laquelle l’incitation dans la Genèse de l’Homme à dominer la Nature aurait été la source de tous les maux. Une action beaucoup plus violente et rapide, malgré leurs immensités semblant inépuisables et le véritable génocide culturel des populations autochtones qui s’y inséraient, qu’en Europe de l’Ouest. Là, malgré des modifications dirimantes (il suffit de se souvenir des grands défrichements de l’An Mil « où la France se couvrit d’un blanc manteau d’églises »), avait réussi à se mettre en place, peu à peu, un nouveau modus vivendi, d’ailleurs assez souvent autour des chasses royales.

La plénitude de ce mouvement aboutit dans les années 50 autour de son livre « Sand County Almanac » (1949) où la chasse, avec son braque allemand « Gus », ses amis éminents biologistes comme les Drs Frederick et Hamerstrom et son célèbre fusil Fox en main (6), reste au cœur de son oeuvre. Il puisait dans ces valeurs humaines, une piste à suivre : faire le pari que les relations des gens entre eux, puis à la Terre, seraient des domaines à relier, pour retrouver ces relations anciennes et éprouvées entre l’Homme et la Nature, ce qu’avaient bien su comprendre les premiers habitants Amérindiens. Comme le vent et le soleil, la vie sauvage faisaient partie du décor bien avant que la vie moderne déséquilibre cet ensemble beaucoup plus fragile qu’on l’aurait cru. L’actualité climatique, hélas, vient nous le rappeler à tous cruellement…

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1/D’une crise cardiaque à 61 ans, suite aux efforts consentis en combattant un incendie de forêt pour sauver la maison d’un voisin.

2/Créé seulement en 1905, donc bien longtemps avant la fondation du pays !

3/C’est, dans le Wisconsin, toujours le siège de sa fondation pérenisée par sa famille par le biais de programmes d’éducation et de gestion des terres.

4/ Voir archives du 22 août 2020 sur Jim Fergus, malheureusement un des seuls « nature writers » traduits dans notre langue. A lire absolument pour qui veut comprendre la chasse américaine à la plume qui ressemble le plus à ce qu’on pratique ici : « Espaces sauvages », et « Mon Amérique ». Editions du Cherche-Midi.

5/Voir archives du 14 novembre 2017.

6/Il s’agissait d’un calibre 20 à canons de 30 pouces, choké lisse amélioré et full, acheté en 1921 pour 120 $ à Colorado Spring (Nouveau-Mexique), et qu’il utilisa 27 ans. Comme beaucoup à l’époque malgré le grade XE, 3è dans les plus élevés, il n’avait pas de sécurité.

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