Sangliers : quelles balles en 30-06 ?

« J’en avais marre de ma vieille barre (comprenez Browning BAR bien sûr !) trop lourde en 300 WM et je l’ai échangée contre une Vulcan, mais en 30-06, que dois-je tirer avec ? ». Ah, « voilà bien une question qu’elle est bonne » aurait dit le regretté Coluche. Pas trop facile de répondre à cette interrogation d’un copain quand on tire tout et depuis des années au 270, et il faut donc se replonger dans les tables pour un calibre qui est le plus fourni du monde avec près de 300 chargements !

De deux choses l’une : soit on ne veut pas trop se casser la nénette et on applique la bonne vieille règle appliquée par Elmer Keith et tant d’autres et se dire que « le Bon Dieu est du côté des grosses balles », et tirer lourd et lent genre Sako Hammerhead ou Remington Corelokt et le tour est joué avec un peu plus de 14 grammes et autour de 720m/s. A 50m. distance habituelle du tir en battue, si le placement se tient, pas de souci à se faire. Mais si, comme sur ce site, nous sommes intéressés à la balistique et ses effets, il faut tenter de mieux tirer parti du choix bien plus étendu qui nous est offert depuis le temps du vieux ronchon (1).

Le choix, entre 8 et 14,3 grammes est assez simple : tirer lourd et lent comme on l’a vu ou léger et rapide, en profitant des progrès actuels. De ce côté à notre avis et surtout à notre époque, le choix est bien plus facile : vitesse sans aller au-dessus de 10 grammes et surtout profiter des architectures de balles nouvelles et de leur bon compromis expansion-pénétration. Le choix est assez large de balles dépassant les 850m/s autour de ce poids : Norma Tipstrike (11 g), Norma Alaskan (11,7 g), Brenneke TOG et Hornady GMX (10 g), qui offrent à 100m plus de 2500 joules.

Depuis 1967 et la balle AVC (Avcin Bullet Cartridges), les balles dites monométalliques ont révolutionné le tir du gros gibier jusqu’à 150m. Après le timide essai de la balle germanique Men SFS, c’est la firme américaine Barnes (2), qui a véritablement popularisé ces balles en alliages non ferreux, le plus souvent de cuivre, marquées d’amorces d’expansion. La Barnes X en 1989 entama ce processus vite suivi par Federal, Sako, Norma, de balles très précises car nécessitant un usinage très strict du fait des technologies CNC, (et donc chères), avec un excellent compromis expansion du fait d’une pétalisation en 4 éléments, puis pénétration du noyau poussant derrière. Le seul inconvénient, avec la moindre densité que celle du plomb (8,5 contre 10,5) étant la perte de vitesse rapide, et la limitation d’utilisation autour de 150m.

Ce concept fut bien sûr fignolé au fil du temps avec la Triple Shok (2003) avec un arrière « boat tail » pour améliorer le coefficient balistique, et l’usinage de gorges diminuant le frottement pour plus de vitesse, la MRX (2006) à pointe polymère et insert de tungstène et portée à plus de 200m, la TST Triple shok Tipped (2008) reprenant la base de la X de 2003 pour gibiers légers. Les Barnes TTSX BT se répartissent avec trois chargements entre 150 et 181 grains (9,7 et 11,7 grammes) en 30-06. Pour nous autres, la balle Sauvestre FIP ou flèche interne portée depuis 2017 reste la quintessence en battue de ce concept avec en 30-06 une balle de 11,9 grammes qui file à 800m/s, et permet de rester franco-français dans l’exercice parfaitement tricolore qu’est, chez nous, la battue. Ci-contre le 30-06, encadré de ses proches parents, de g. à dr. 25-06 Remington, 270 Winchester, 30-06 280 Remington, 35 Whelen.

1/ Voir archives du 7 mai 2020 concernant Elmer Keith.

2/La firme fut fondée en 1932 autour de balles classiques à noyau de plomb et alliage de cuivre qui existent toujours sous la forme « Original » pour les vieux calibres américains comme le 45-70 ou le 348 Winchester.

Reprise du rythme habituel du site... (eh oui les gars, après l'Ouverture en Bretagne !) vers le 15-20 septembre.