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FCM 25.00
26 novembre 2022

22 LR : le vent n'est pas notre copain !

On en parle souvent ici, nous autres pauvres pécores qui tirons sous les averses, dans des positions parfois bizarres, et par tous les temps. La théorie nous dit que les balles lentes sont moins affectées par le vent…et c’est tant mieux puisque c’est ce qu’on utilise (1) à tour de bras par chez nous à la campagne, mais tentons de voir pourquoi.

llo

 

Ce n’est pas qu’une impression, puisque des essais sérieux le prouvent : avec un vent de travers de 30km/h une Vélocitor (434m/s), dérive de 46 cm face à une Pistol Match (280m/s), seulement 25 cm, alors qu’elles ont le même coefficient balistique de 138. On considère ainsi que les balles rapides et hyper véloces offrent en gros 37% de sensibilisation supplémentaire au vent. En raison de sa plage de vitesse basse, le 22 Long Rifle occupe une place unique (2) dans le monde du tir car sa distance de précision, disons 25-70m., est pile dans la zone critique 303-409 m/s dite « région transsonique » (transonic drag slope) dont les effets commencèrent à être analysés dans les années vingt (3) quand apparurent d’ailleurs les munitions hautes vitesses.

coeff drag

L’image est assez belle pour résumer la chose, qui est celle du pilier de rugby, dur à faire bouger quand il est en mêlée, mais qu’un simple croc-en-jambe, suffit à déséquilibrer quand il court à toute vitesse. Plus vous allez vite, plus il y a de résistance de l’air, et de pression sur le nez de la balle, et les balles de 22, du fait de leur conception ancienne à talon ne peuvent guère jouer sur le coefficient balistique qui est une mesure de trainée, qui change avec la vitesse. Voir le tableau ci-contre qui donne, en chiffres le coefficient de traînée, meilleur bien sûr pour une aile, que pour un cube.  C’est pourquoi il n’y eût que de timides tentatives de formes « spitz » (pointues aérodynamiques) et bien sûr aucune « boat tail » qui sont tant à la mode de nos jours.

bisley

Dans la région transsonique (290-375m/s) la traînée décroissante est très linéaire, et se perturbe tout à coup autour de 340m/s, à peu près là (50m.) où on attend la précision en cible. C’est la raison pour laquelle, les munitions « match » tournent toutes autour de 315m/s, pour rester toujours au-dessous de cette fatidique zone de turbulences.  Dans l’absolu, une hyper-véloce n’aurait aucune raison d’être imprécise, mais il faudrait qu’elle reste très rapide, toujours au-dessus de cette zone, à la distance requise. C’est ce que font des nouveaux calibres comme le 17 HMR ou 17M2, mais, pour ce faire, avec des projectiles plus légers, mais qui seront toujours plus sensibles au vent que les projectiles lents car elles auront toujours une plus forte traînée.

Les balles « standard » vous l’aurez remarqué, font donc bien attention à rester bien au-dessous de ce « moment » de perturbations, pour demeurer dans une faible pente ou flèche, qui reste prévisible et gérée en jonglant avec les optiques, mais sans être « secouée » par le phénomène et perdre en précision. Après,  entrent en compte les critères de « spin » où de tours par minute, et de stabilisation par rotation gyroscopique dont on parlait peu dans le petit calibre, avant que la firme Aguila, ne propose une balle très lente de 60 et non de 40 grains, comme la plupart de la concurrence (voir ci-dessous à droite, comparée avec une balle classique). Ce taux de rotation fut une des grandes affaires d’armuriers et balisticiens célèbres dans l’après-guerre sur les calibres moyens comme P.O. Ackley, Ross Seyfried, ou Bill Steigers (et ses fameuses balles Bitterrot), avant que des travaux récents (3) montrent des différences en joules infimes et sans perte de vitesse. Par contre, les petits calibres comme le 22, ont besoin de plus de tours/minute que les gros pour se stabiliser.

wb906-5255

Le taux classique de 1/16 (un tour pour 40,64 cm) pour la balle de 40 grains, baissant à 1/9 (22,86 cm) pour la balle Aguila de 60 grains, risque encore de changer avec le sans plomb nécessitant des balles en alliage plus légères, et plus longues, peut-être de 35 grains qui devront être plus rapides (600m/s ?) pour repousser plus loin que la tranche 20-70m. le « mur » du passage transsonique. Mais si vous augmentez le taux de torsion, vous réduisez la vitesse avec plus de pression, de recul, et de bruit… Sera-ce encore le 22 LR, abondant, ludique, cool, et pas cher que nous connaissons depuis des décennies ?

1/La RWS 50 subsonic HP.

2/ Pas tant que ça en fait car le populaire 38-55 sur le tir à la cible à la poudre noire rencontrait le même problème du fait de sa même vitesse (400m/s), mais avec un projectile de 255 grains !

3/ Voir les travaux de B.Litz sur la différence des taux de torsion de 1/10 et 1/12 des balles de 250 grains en 338 Lapua Mag, et une différence de joules infime (18) sans perte de vitesse. La rotation est si rapide (113 142 RPM pour 666m/s au taux de 1/14 ou 156 000 à 787m/s à 1/12) qu’elle a finalement peu d'effets sur la pénétration terminale des balles. Par contre sur les petits calibres ce qui est spectaculaire en varminting, ce sont les blessures plus larges que longues sur des nuisibles très légers.

 

 

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