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15 janvier 2023

Quelles limites pour les balles de fusil de chasse

D’abord, quelle balle ? La prolifération des battues sanglier, pour peu qu’on s’ y intéresse, passée la cérémonie du tableau, à la balistique lésionnelle, nous donne bien plus d’éléments d’appréciation qu’avant. Les carabines ont eu le vent en poupe c’est vrai, mais le « deux coups » est toujours là et bien là et ce qui permet à ce dernier de se maintenir au niveau, ce sont les balles, désormais projectiles sophistiqués de haute technologie.

un

 

Même la bonne vieille Brenneke, au concept plus que centenaire a considérablement élargi sa gamme de charges. Sa plus forte balle est la « Crush » (ci-contre à g.) une 12 Magnum de 656 grains (45,52 grammes) qui fait 5168 joules à la bouche ! Plus qu’en France où il n’y a pas vraiment de notion d’animaux « dangereux », c’est aux Etats-Unis que le « 12 gauge » se frotte quotidiennement à ce problème. Comme il n’est pas possible de transporter deux armes d’épaule à la fois, il est rarement sauf certains fusils dédiés (1) l’arme principale, loin derrière la carabine, mais il est quand même partout du fait de sa polyvalence. Arme de camp pour aller « au pot » ou approvisionner la cantine, voire de défense dans les régions isolées, c’est une arme souple, de compromis qu’on conseille même aux béotiens ignorants des choses de la chasse et qui doivent opérer en pleine nature : cantonniers, forestiers…tout le monde n’ayant pas forcément les épaules pour tirer du 460 Weatherby magnum ni le poignet solide pour encaisser le 500 Smith and Wesson !

deux

Le dilemme n’est plus de prélever net, mais d’arrêter la charge. Or, paradoxalement on entre là dans un exercice de sang-froid et de précision qui pourrait rebuter le meilleur chasseur, même le plus endurci. Pour stopper, en quelques secondes, en plein stress la mort atroce qui vous fonce dessus, il faut une adresse au tir exceptionnelle : tir de tête ou d’épaule qui n’est pas à la portée de tout le monde. Mais justement, le fusil de chasse, arme de compromis, permet d’y pallier. Les séminaires « survie » pour trekkers néophytes devant traverser les bois ne vous donnent que quelques secondes pour tirer trois fois « dans le masse » en espérant être dedans, et encore sans sans que ce soit une balle de panse ou de poumon ! Les vieux auteurs, de J.O’Connor à Peter Capstick, rapportent tous, en Afrique, l’emploi de l’Auto 5 (comme on le voit ci-dessous avec sa "bosse" caractéristique), ou du Winchester 12 à pompe aux mains des guides pour le tir de suivi des félins blessés sauf le lion (2) à la chevrotine double zéro (3).

auto 5 afrique

Bon, c’est sûr, dans ce vaste continent sauvage, tout est possible (4), mais en Alaska où il y a plus d’un siècle de retour d’expérience sur les plus gros ours, le tir à balles reprend du service car nous ne sommes plus en 1950, au temps des vieilles balles Foster, ni même des « sluggers » qui servent à l’entraînement ou au plinking, et qui ne sont même pas à conseiller chez nous pour tirer les bêtes de compagnie. La révolution en matière des balles pour armes lisses eut lieu en 1986 quand Robert Sowash qui, en 1980 avait acheté le brevet BRI (5) d’une balle de calibre 50 (voir ci-dessous) en forme de diabolo ensaboté réussit à atteindre la précision d’un pouce (25,4 mm) à 100 mètres avec un SA Benelli, surmonté d’une lunette et dans un canon entièrement rayé personnalisé. Ce qui déclencha un intense mouvement de recherche-développement : dès 1987, Hastings put fournir des canons, et Mossberg sortit le pompe Trophy entièrement rayé.

dernier

Winchester ayant racheté BRI en 1990, la technologie sabot fut immédiatement suivie par Federal, et tout un tas de balles (Barnes Expander, Copper solid Remington, Lightfield Hybryd, Winchester Supreme) qui firent passer au second plan les antiques balles Foster, même si ces dernières se mirent à progresser elles aussi par la force des choses : cotes plus près de l’alésage, et contrôles qualité plus sérieux. Ce phénomène profita également de l’explosion de la chasse aux cerfs dans les états restrictifs pour les armes rayées. Ce furent aussi les débuts des fusils de chasse rayés dédiés : Savage 220, Ithaca Deerslayer ou (en 1992) Tar Hunt RSG 12 qui, à 100m. titillent les carabines en précision. Cette dernière arme conçue à partir de 1987 par Randy Fritz un armurier de Pennsylvanie, n’est pas donnée certes (autour de 5-6000 $), mais bénéficie de déclencheurs au top (Jewell), de canons rayés au taux de torsion de 1/23, et la firme propose aussi des conversions (1000 $) à partir d’un Remington 870 fourni par le client. La recherche en ce domaine semble se stabiliser car c’est la longueur des projectiles qui limite le développement sauf à laisser dépasser le « nez » des balles comme l’a fait Ed Hubel (6), ou employer de nouveaux composants comme l’acier massif, ce qu’a fait DDuplex avec sa Monolith 32 (545 grains, 454m/s). Des sabots plus longs entraîneraient aussi ipso facto des taux de torsion plus rapides. Certains imaginent également pour contourner le problème, se servir de coques de calibre 20 comme plates-formes de lancement des projectiles de .338 à l’alésage plus petit et moins long dans le calibre, mais poussées plus vite…

monolit_32_500x500_1_

En France, nos balles dites « techniques » (BFS Sauvestre, Fier, etc.) qui dament désormais le pion à la traditionnelle Brenneke au poste, découlent de cette même approche, mais sans aller à de telles extrémités qui s’appliquent au tir de cervidés dérobards à de plus longues distances que la battue hexagonale. Les points rouges, qui se démocratisent et se généralisent pourraient, en sacrifiant certains semi-automatiques d’entrée de gamme, disposant des fraisages « gabion » entraîner, du fait de la prolifération du sanglier et du plus sécuritaire, une pente en ce sens, au détriment des carabines.

6317843

1/ Ithaca Deerslayer, Savage 220, etc.

2/Par rapport à l’ours, c’est la vitesse du lion qui est stupéfiante, et sa masse tout en muscles qui est trois fois celle du léopard, élimine la chevrotine, donc tir obligatoire à balle et à la tête sinon c’est la mort assurée.

3/Le double zéro c’est une balle de calibre 32 (0.330 pouce), de 53 grains et 390m/s et faible densité de section. C’est un peu plus petit que le 9mm (0.335) de nos gendarmes et la moitié de sa masse…mais il y en a neuf qui tambourinent ensemble et secouent suffisamment pour laisser à peu près tout par terre à dix mètres !

4/Ross Seyfried tua un buffle du Cap au 45 Colt, les braconniers arrivent aussi à en prendre même avec du petit plomb de 12, coulé en lingots approximatifs, tiré au plus près…et bien sûr n’oublions pas les Masaïs qui se frottent aussi le lion à la sagaie et c’est encore une autre paire de manches…

5/ Le brevet Kelly- Mc Alvain BRI de 1968, prévoyait deux coques en plastique protégeant de la déformation une balle de calibre 50 et 443 grains, qui peu précise, fut un peu oubliée avant qu’elle n’intéresse, tout comme notre BFS, les forces de l’ordre pour éventuellement arrêter les véhicules forçant les barrages. Bob Sowash en reprit les droits pour l’améliorer.

6/Voir archives du 10 avril 2020 sur ces « cartouches d’enfer » !

 

 

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