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FCM 25.00
28 mars 2014

Loup y es-tu ?

En septembre 2013, un loup était photographié, après de nombreuses attaques de troupeaux en Hte-Marne, et un adulte vient d'être abattu par balle, à une cinquantaine de kms à l'ouest, tout à côté de Mailly-le-Camp, là où s'entraînent nos chars Leclerc ! Le loup est donc maintenant à deux pas des grandes forêts d'Epernay au dessus de Reims et d'Orient près de Troyes ou des grands camps militaires de Mourmelon et Suippes...on est à 140 kms des grandes forêt (Sénart, Fontainebleau) qui entourent Paris ! A raison d'une cinquantaine de kms par an, seront-ils chez nous dans dix ans ? 

loup entree

A quoi aurons nous affaire ? Faut pas se leurrer, le loup est dans le Mercantour depuis 1930, et son grand retour est, depuis 1992, partout annoncé. Il en avait déjà été tués avant dans des lieux aussi improbables que la Hte-Savoie en 1952, et les Landes (un mâle de 30 kgs) en 1968. Il faut donc se plonger dans la littérature ancienne où ce qui se passe à l'étranger pour imaginer ce que serait le retour du loup dans notre paisible bocage d'où il a disparu il y a bien longtemps. C'est certes de nos jours un animal officiellement protégé, mais le baron Le Coulteux de Canteleu l'affirmait bien fort "...c'est la plus belle de toute les chasses, la chasse française par excellence, la chasse de vieille vénerie". Raison de plus donc pour nous de s'y intéresser non ? 

Où les trouverait-on ? Oberthur signalait qu'en Bretagne, donc chez nous, ils ne séjournaient jamais dans les grandes forêts : "lorsque la faim les tient, ils sont sans cesse sur pied" confirmant si besoin est le vieil adage selon lequel "la faim fait sortir le loup du bois". Robert Hainart signale lui aussi qu'ils vont peu au bois, sinon lors des hivers très froids au fond de bruyères épaisses. C'était, autrefois le prédateur des landes et des genêts...il sera donc demain dans les maïs, les délaissés d'autoroutes et de banlieues qui "mitent" les campagnes. Hormis les pièges et les charniers où ils donnaient peu (sauf les jeunes) car c'est un animal encore plus rusé et circonspect que le renard, sa chasse est des plus difficile avec des chiens courants car son "sentiment" est fort ténu (guère plus de 2-3 heures) et les chiens ont sur lui peu d'ardeur, ce qui se comprend puisque c'est un congénère ! Il était chassé autrefois avec des courants classiques auxquels on adjoignait (prudemment on va voir pourquoi) une demi douzaine de "lévriers" chargés, une fois le loup lançé, de le serrer au plus près : chiens "d'estric", au débûché, "compagnons" pour suivre, puis chiens "pour faîre tête", tout ça deux par deux, en relais accompagnés de chevaux. Mais ces "lévriers" n'avaient rien des grâciles bestioles qu'on voit déambuler aux mains des élégantes, c'étaient des lévriers-doguins "mâtinés" c'est vraiment le cas de le dire, en fait, un croisement de chiens rapides au train équipés en gueule comme des pit-bulls ! Les fins et le ferme étaient "chauds" car il fallait pour les piqueux tout à la fois aider à coiffer l'animal de chasse...et empêcher les fameux "lévriers" de s'en prendre à la meute de courants arrivant un peu derrière en s'approchant doucement de la mêlée, une main fortement gantée couvrant la dague de peur de percer les chiens en furie et sans se faire pincer par les uns et les autres, animal de chasse, meute, molosses... du grand sport quoi ! 

animaux_loup019

Les "grands vieux loups" (autour de 50 kgs) n'étaient jamais chassés car imprenables ! Capables de faire 160 kms d'un trait la meute aux fesses, la plus célèbre prise fut faite avant la Révolution par le Grand Dauphin au bout de ...quatre jours de chasse commencée à Fontainebleau pour se terminer près de Rennes avec relais de meutes et de chevaux, de châteaux en châteaux ! Un grand loup était ainsi capable de porter un mouton entier, et de s'enfuir plus vite que des bergers lançés à sa poursuite !

Verrait-t-on ça par chez nous ? Sûrement pas des bêtes de cette taille, ni des grandes meutes constituées comme autrefois mais assurément une "super-prédation" qui nous fera regretter comme bien bénigne, celle actuelle et pourtant bien prégnante des renards. En pianotant sur le Net on s'aperçoit que la Suède qui l'a réintroduit récemment et sur un territoire beaucoup plus sauvage et adapté que le nôtre, s'en mord les doigts. Toute la qualité de vie en zone rurale est perturbée : le gouvernement est bombardé de demandes de subventions, on n'ose plus se promener en fôret ni lâcher chiens et chats. En effet, une étude sur l'alimentation du loup en Mercantour est de 15% d'animaux domestiques alors qu'il a en haute montagne un gros parc d'animaux sauvages à se mettre sous la dent. Bon, vous me direz, il s 'attaquera au renard, et certains écologistes y voient même la solution à opposer...à la prolifération du sanglier ! Un faux argument car l'animal qu'on pourrait voir dans nos campagne sera isolé, de faible taille, furtif et mobile du fait des nombreux dangers qui s'opposeront à lui, pression de chasses, réseau routier. Il n'aura plus à disposition comme autrefois vaches et chevaux làchés en "vaine pâture", mais des stabus et des gros tracteurs, et il lui faudra donc se rabattre sur des animaux de petite taille : chiens, chats, moutons (6000 brebis tuées quand même en 2013 dans la dizaine de départements où le loup est présent), éventuellement un marcassin au passage, mais sans pouvoir décimer comme autrefois en meutes, des compagnies constituées. 

Pourquoi revient-il ? Parce que le rapport de force a changé en sa faveur comme l'expliquent certains auteurs (J.L.Moriceau entre autres) qui signalent qu'il pourrait bien de nouveau tout recoloniser en France où il n'y a pas seulement 300 loups officiellement rencensés, mais sans doute le double ! Il y a plus de gibier sauvage, mais moins de chasseurs et d'agriculteurs, tandis que les pouvoirs publics qui n'ont déjà plus de sous pour payer techniciens et gardes, baisseront certainement les bras comme ils l'ont déjà fait face à la prolifération du sanglier. Tout dernièrement le préfet du Var voulait même faire intervenir des spécialistes étrangers du loup face aux dégâts. Les chasseurs français devront-ils relever le gant, et nos belles futaies résonner du fameux "Harlou, chiens, velleci, allez" ! 

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