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FCM 25.00
2 février 2015

Vive le son..vive le son...du canon !

Quand on achète un fusil, qu'il soit neuf ou d'occasion, on se laisse le plus souvent séduire par le look, ou les effets de mode que par d'obscures qualités techniques. Bien sûr, en théorie l'armurier est là pour la mise en conformité, mais en cas d'occasion ou de particulier à particulier, sur un fusil ancien, hormis les habituelles vérifications de verrouillage, il faut, une fois sommairement démonté, savoir lire certaines choses sur le canon.

panoplie

La longueur tout d'abord. Autrefois l'usage était de 68 cms, maintenant à 71 cms ce qui est meilleur pour l'alignement car il y a plus de longueur entre l'extrémité du canon et l'oeil du tireur, ce qui est un plus pour le gibier haut et loin...ce qui explique également la longueur des fusils de sport : 76-81-86. Autre avantage, plus de poids sur l'avant et swing plus large et régulier surtout si on est grand et lourd, tendance récurrente de la population masculine dans notre pays, plus on avance dans le temps. Du moins sur les fusils « classiques » en poids, car il y a de plus en plus de fusils « light » ou allégés. Par contre ces canons qui se sont allongés dans le temps sont un désavantage si on veut tirer vite et près. Ce qui explique le créneau des fusils « bécassiers » ou courts, spéciaux battue.

Poids des canons. De nos jours, il ne faut plus trop s'en occuper sinon sur des fusils fins et chers. Autrefois le poids des deux tubes finis, et prêts à être utilisés, était relevé avant le passage au banc d'épreuve, l'intérêt étant de savoir si ils avaient été réalésés, voire combien de fois, sur des fusils d'exception genre Purdey, destinés à être conservés sur plusieurs générations et à des prix donnant le tournis : plusieurs dizaines de milliers d'euros ! Valait mieux être sûr qu'ils allaient pas, en plus, à force d'être ainsi amincis, vous « p... » à la gueule ! Photo ci-dessous : sur ce "Christophe" (la plus grosse armurerie de Bruxelles), on voit de dr. à g. le fameux poinçon liégeois (ELG dans un ovale), le 12 C (calibre 12), le "perron" liégeois en forme de clou, et dessous, le poids du canon. Le chokage se lit au début des tubes : 18,5 à droite, et 17,3 à gauche, ce qui peut se traduire par lisse et plein choke, ce qui est assez peu courant, peut-être une demande spéciale. On aurait plutôt attendu 17,3 (plein choke) et 17,8 (entre 3/4 et demi). 

christophe louis hall ant-13

L'alésage. Plus important car dans le passé il était fort variable. Il faut au minimum bien repérer l'alésage à 70 qui s'est généralisé à partir de 1950 à St-Etienne. Ce qui sera plus facile pour se procurer des cartouches, même si pas mal de marques font (ou refont) du 65, justement pour ces fusils anciens.

Les chokes. Tout le monde n'a pas forcément chez lui une carotte d'armurier, ils sont souvent marqués sur les chambres, encore faut-il connaître les codes qui peuvent varier selon les marques (1), ou ceux des anglo saxons, de « C » pour cylinder ou lisse à « Full » ou plein choke. Plus sûrement, il faut lire la valeur de l'alésage du retreint qui pour un 12 est normalisé autour de 18,5 (lisse), et varie ensuite de 0,25mm par niveau de choke, ce qui donne 18,25 (quart), 18 (demi), 17,55 (¾), 17,50 (full). Il est souvent marqué après la bascule sur le début des tubes (2).

L'alésage des canons depuis la standardisation de la CIP (Commission internationale permanente) qui établit les mesures en matière d'armes et de munitions préconise une valeur entre 18,2 et 18,9, soit donc le plus souvent 18,4 ou 18,5. Mais beaucoup de vieux juxtaposés genre Darne et Charlin avaient un alésage plus étroit de 18, ce qui poussait plus vite la gerbe (3) de plomb et de meilleurs groupements d'où leur réputation bien établie et non usurpée, de fusils « qui piquent ». Par contre ça donnait plus de recul, d'autant qu'il s'agissait de fusils bien plus légers que de nos jours, autour de 2,7 kgs contre 3,100 kgs , maintenant, pour un superposé standard.

Les gros alésages (jusqu'à 18,9) se sont imposés d'abord dans les fusils de sport des seventies, tirant des foules de cartouches à jupe s'adaptant en se déformant au « jour » existant, et par souci de standardisation ensuite aux armes industrielles. Par contre et c'est bien compréhensible, ce fort alésage est moins bon pour les cartouches à bourre grasse qui ne peuvent se déformer, mais il est vrai aussi qu'on en voit moins qu'avant-guerre où c'était le gros de  la cartouchière du chasseur.

marquages

Les poinçons d'origine peuvent aussi guider dans la compréhension de l'historique des canons : celui de St-Etienne écrit en toutes lettres est assez évident, celui de Liège (ELG dans un ovale) peut réserver de bonnes surprises tant il a été fait d'armes artisanales de tous niveaux de qualité sous cette marque. Internet bien sûr permet de s'y retrouver assez facilement pour identifier tout fusil ancien. Photo ci-contre : les marquages de St-Etienne, faciles à suivre c'est noté en toutes lettres (à dr.) sur ce Petrik dont on a parlé voici peu. Remarquez qu'il est seulement chambré en 65 (en bas à dr. ) ce dont il faudra tenir compte par la suite si on se laisse séduire par cette belle arme française. 

 

1 : ces codes sont, par exemple pour Miroku-Browning, + = full ; ++- = 3 quart ; +- = demi ; ++ = lisse amélioré ; cyl. = lisse ; ss = skeet (tromblonné en fait). Voir aussi la table ci-dessous

2 : on parle de « tubes » pour le canon, environ en son milieu, à l'exclusion de la chambre, du cône de raccordement de cette dernière avec les tubes et des chokes, à l'autre extrémité.

3 : on considère que, pour un « calibre » 12 (lequel n'est d'ailleurs pas un calibre en tant que tel, mais le fait qu'autrefois on pouvait mettre dans ce tube 12 balles à la livre qui, au XIXè siècle en France était de 48,95g), la gerbe optimale s'obtient avec 32 grammes de plomb. L'efficacité n'étant pas, bien sûr, proportionnelle au poids de plomb, mais à la bonne répartition de ces plombs dans l'espace de la gerbe (3-4 mètres de long) généralement. Ci-dessous table des différents marquages et correspondances. Intéressant, dernière colonne de droite, la concentration de plombs dans la gerbe à 35 mètres, et au milieu sous la colonne USA, la correspondance des chokes anglo-saxons...qui sont maintenant, vu la mondialisation, généralisés partout. C'est la mode, on dit plus un plein choke comme du temps de mon papy...mais un "foulle" ou un "improveude modifieude"...faut s'y faire ! 

 

chokes

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