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4 juin 2015

L'armurerie belge en vedette au Game fair (19-21 juin)

Alors que le Game Fair s'annonce à Lamotte-Beuvron (Sologne) dans quelques semaines (19-21 juin) avec comme un des principaux thèmes l'armurerie belge et liégeoise, voici un petit tour d'horizon sur ce sujet avec, en prime, la présentation d'un de ses fleurons, un fusil artisanal Christophe-Bury, qui, pour le même poids, sera à mettre en parallèle avec l'essai récent du fusil stéphanois Didier-Drevet.

 

uuuu

Comme à St-Etienne, mais bien plus longtemps, c'est-à-dire jusque dans les années soixante, la Belgique a fait perdurer un système manufacturier d'une extrême parcellisation. Canonniers comme Jean Falla, (du niveau de Jean Breuil à St-Etienne et qui fit aussi, comme lui, des fusils complets), monteurs en bois, crossiers, marcheurs, graveurs (1) une foule d'artisans au fond d'obscures et industrieuses boutiques ont perpétué des savoir-faire de haut niveau : ils étaient 5000 en 1910, et encore 2000 en 1950, à fabriquer, quasiment « sur mesure » des fusils exceptionnels qui ont traversé le temps. Hormis la fameuse FN, popularisée par J.M. Browning, lequel y fit 62 séjours jusqu'à sa mort en 1926, les marques artisanales les plus connues sont Francotte, Lebeau-Courally (un des derniers, à faire encore des armes de prestige de 1865 à nos jours), Dufourny, Cordy, Duchâteau, Dumoulin (pour ses carabines à verrou mais aussi quelques fusils lisses), ou encore Alphonse Forgeron (1867-1932) qui a laissé son nom au fameux entaillage en accents circonflexes sur les côtés de bascules.

images (1)

 

Tous ces artisans d'un certain niveau (2) sortaient aussi des armes « en blanc » ensuite assemblées pour des armuriers de renom comme Gastinne-Renette à Paris qui profitait des prix compétitifs liégeois après-guerre, pour proposer à ses clients fortunés des armes « sur mesure » que peinait déjà à produire St-Etienne.

 

L'arme que nous allons examiner maintenant est un parfait exemple de la qualité de ce travail. Pour un poids de 2,6 kgs, canons de 67 en 12 bien sûr, éjecteurs automatiques, c'est, avec sa crosse anglaise une arme fine, mais qui sans être très ancienne (début des années soixante si l'on en croit la contremarque de Maurice Scorpion qui officia jusqu'en 1968 au banc d' épreuve de Liège) fut sans doute d'un usage extrême et fréquent : tout son quadrillage à disparu ! On le devine juste en filigrane, tant ce fusil a été manipulé. Il faut aussi une loupe pour deviner, sous la bascule, qu'il s'agit d'une commande spéciale (vu le monogramme « JG » du client sans doute motivé et fortuné frappé sur la longuesse) par l'armurerie Christophe (3), la plus ancienne de Bruxelles. Qui plus est, les canons sont frappés du « JB » couronné, marque du canonnier Jules Bury autre assembleur réputé avant-guerre avant d'être repris par Doncquier, puis Masquelier. On peut aussi penser ici à des canons stockés puis réassemblés après 1945 pour donner cette arme unique très équilibrée, à la batterie très souple (4) pas très loin du velouté d'une platine, donnant un fusil maniable et rapide à la canonnerie redoutable, ne le cédant pour le coup très choké au pigeon posé par exemple, que de quelques métres à un automatique en 76, disposant en plus, d'un choke spécial Kicks, c'est dire ! Son achat, il y a bien longtemps, à une époque où il n'y avait pas besoin de s'embarrasser de formalités administratives« au cul du camion » dans un ball-trap, ne dépassait pas un resserrage (140 euros) de la bascule devenu, au fil des ans, nécessaire !

 

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Le Net, les revues spécialisées, proposent de ces fusils belges dans des fourchettes avoisinant les 1000 euros pour les juxtaposés de base en bon état, et un peu plus bien sûr (1500-2000 euros) pour les copies de platines HH. Les grandes marques dotées de platines sont bien plus chères, mais il est toujours possible pour l'amateur averti, on l'a vu, de mettre la main sur des armes de qualité, bradées par des ignorants. Elles feront la joie des chasseurs qui s'intéressent autant à la manière de chasser qu'aux résultats. De toute façon, leurs qualités intrinsèques, ne serait-ce que de canonnerie feront aussi bien que tous les fusils industriels modernes dotés d'une multitude de chokes courts inopérants...qui peut le plus peut le moins...faut juste mettre en face !

 

1/ Parmi les grands noms des graveurs belges citons Félix Funcken, Laurent Ernst, Hyppolite et Lyson Corombelle, et plus près de nous Philippe Grifnée.

 

2/Les Etablissements Pieper (fermeture en 1956) produisaient 60000 fusils de chasse par an avant-guerre. Mais étaient-ce encore des artisans ?

 

3/ Origine en 1819 fournisseurs du Roi des Pays-Bas, puis après 1830 de la Reine d'Angleterre, cette armurerie familiale prit son essor en 1847 avec comme directeur Henri Mangeot lequel fusionna en 1861 avec la maison Montigny. Sa veuve épousa H.Christophe, puis,son fils Louis aidé du chef d'atelier Martin Fransquet développa une entreprise dont tous les fusils sortant sous sa marque étaient montés et assemblés à la main le plus souvent en relation avec des secondes signatures liégeoises comme Cordy et Bury.

 

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4/ Triple fermeture : double classique Anson en bas, verrou transversal Greener noyé et non dépassant (comme sur les Merkel par exemple) de jolies coquilles ciselées à motif vitrail. La minceur de son col de crosse et l'absence de quadrillage, par contre, impose ipso facto une protection de pontet. 

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