Perdrix...ohé, les montagnards sont là !

Heureux chasseurs des pentes des Alpes et des Pyrénées qui ont tant d’espèces de perdrix, qui plus est totalement sauvages, sous la main. Par contre…faut aller les chercher ! Dans ce petit article où l’auteur le confesse bien volontiers, il n’a comme expérience de chasse … que celle glanée sur le Net, il s’agit plutôt de se dépayser un peu…

De fait, dans ces régions bien plus pentues que notre modeste bocage, pas question aussitôt quitté le confortable habitacle automobile, de partir, la clope au bec, une main dans la poche, et l’autre tenant le fusil « en poupon » derrière l’épagneul breton qui gambade gaiement avant sa sortie dominicale. Faut déjà tout un équipement spécial car on part quasi à la journée avec les impedimenta, un bâton,  des jumelles, un fusil léger mais groupant bien sachant qu’on va peu tirer. Rarement seul aussi pour la sécurité liée aux fortes déclivités et une chasse où le premier chasseur doit appuyer des chiens d’arrêt robustes et endurants sur du gibier qui piète énormément, le second coupant un peu plus bas et en avant. Faut donc, non seulement bien s’entendre, mais avoir une forte condition physique et si possible du même niveau.

Voyons maintenant un peu à quelles perdrix nos montagnards ont affaire. Comme nous, ils ont jusqu’à 2300 m, de la rouge, mais aussi de la grise et de souches sauvages indemnes. Elles voisinent avec la perdrix grise de montagne, (ci contre à dr.) la plus petite des huit espèces au plumage plus sombre, tête plus large et bec plus long que la nôtre. Les épaules sont rousses, les ailes et le fer à cheval plus foncé.

La bartavelle,  (ci-contre à g.) qui est la plus grande des perdrix peut être confondue avec la rouge. Elle piète beaucoup et ne s’envole que contrainte et forcée par le prédateur…ou le chasseur, plongeant systématiquement en contrebas et à grande vitesse. C’est là que le placement et le coup d’épaule, sans parler bien sûr du travail préliminaire du chien jouent un grand rôle. Mon grand-père Chamonaz, ancien de Verdun, rappelé en 1939 à 45 ans, à Barcelonnette sur le front des Alpes face aux Italiens arrivait à en régaler sa section, je ne sais avec quel fusil…sûrement pas son Lebel !

Toutes ces perdrix voisinent avec la gélinotte des bois (ci contre à dr.) qui n’est plus chassée en France que sur 6 des 21 départements où elle est  présente  dans les bois de sapins. Encore un oiseau discret qui piète beaucoup. La perdrix nivale ou perdreau blanc des Pyrénées est un lagopède un peu semblable à la grouse qu’on trouve en Irlande et surtout fameuse en Ecosse. Là encore faut de bonnes jambes pour aller débusquer un oiseau qui se chasse fort difficilement à vue du fait de son camouflage dans les cirques et pierriers à plus de 2200m.

Enfin, même s’il est classé ailleurs que chez les perdrix, citons le tétras ou « coq de bruyère », plus victime de la perte de son habitat naturel du fait du ski, de la randonnée et autres loisirs « verts » que des chasseurs. Ces derniers, triés sur le volet, ne tirent plus que les poules, guère plus d’une vingtaine par an, tous les arrêtés étant systématiquement attaqués par les écologistes.

Toutes ces chasses dont nous n’avons qu’une faible idée de la difficulté sinon par les superbes reportages de la fameuse chaîne « des chasseurs et des pêcheurs », sont par nature peu prégnantes sur le milieu. Elles mobilisent  des spécialistes motivés et passionnés qui participent aux comptages des scientifiques, effectuent des prélèvements prudents et limités, sur des plans de chasses draconiens. La bartavelle par exemple est toujours interdite de chasse dans la Drôme, et n’a rouvert  en Haute-Savoie qu’en 2008. De toute façon, les exigences du terrain limitent l’exercice de ces chasses éthiques qui  sont à l’opposé des « chasses à la journée » sur du gibier lâché. Prions le Bon Dieu qu’elles perdurent…

Ci-dessus à g. le lagopède, à dr. le tétras ou "Coq de bruyère".