Qui tire encore de la super-magnum ?

Cinq ans plus tard (voir archives de février 2012) c’est l’occasion de rafraîchir un peu un sujet pas trop souvent abordé lors de nos rencontres avec les copains en cours de saison. Sorti de l’effet médiatique concomitant de la généralisation des semi-autos bon marché les chambrant début des années 2000, qui tire encore des super-magnum  89 offrant une charge avec deux fois plus de plomb que lors de nos pétarades habituelles ?

Eh bien, en fait, pas grand monde ! Tous ceux que l’on connaît (hormis le gibier d’eau, on va  y revenir), et il y en a pas mal, à part quelques coups d’essai au départ, (pour se faire peur ?) qui ne s’en servent plus tout bonnement qu’avec des cartouches normales (70) voire magnum (76). Ce qui s’explique un peu. Le 12 super magnum, créé en 1987 et surtout développé aux USA est un 10 au rabais, balistiquement s’entend car, en théorie les limites de la charge de plomb en 12 sont de 46 grammes de plomb envoyés dans les airs. En « bourrant » à 60 grammes et plus, faut des poudres plus progressives et donc adieu la vitesse et on ne dépasse guère les 350 m/s. La gerbe est alors longue comme un jour sans pain, la densité de charge clairsemée, les plombs se bousculant et se déformant restant à la traîne d’où des « trous » qui bannissent le tir au vol ou à la passée. Ce tir, et c’était son objectif de départ, ne s’impose que pour du gibier lourd (oies), arrêté, typique du gabion ou de l’affût au posé en bout de mare.

C’est donc en semi-auto, et toutes les marques en font maintenant en 89, qu’on le trouve le plus souvent. C’est  l’arme typique des sauvaginiers avec l’offre massive turque, mais surtout russe (Baïkal) qui a popularisé des armes lourdes éprouvées billes d’acier dont la conception amortit un peu le fort recul aussi attendu que craint. Leur accessibilité au tournant du siècle  (350 euros le bout), leur polyvalence en fit les rois des forums, l’aubaine des armureries de bords de mer, et la bonne fortune des revendeurs de chokes spéciaux. La fièvre retombée  on s’aperçoit qu’en fait, ils sont plutôt maintenant utilisés avec des 76 rapides. Sur une chambre plus basse, il y a de fortes chances si bien réglés (1),  qu’ils « avaleront » tout, mais un simple petit calcul (89-67 dimension des « petites » cartouches) donne une différence de 22 mm…qui est presque la longueur de la bourre ! Avant de se déployer, la charge « nage » là-dedans comme elle peut, et ce n’est assurément pas le must de nouveau pour la précision.

Avec des armes classiques (si, si, vous allez le voir, il y en a !) dont nous allons sommairement faire le tour, faudra gérer le recul surtout si on tire « au cul levé ». Heureusement, chez les superposés, tous ceux qui en font (2) ont prévu un poids conséquent, jamais en dessous de 3,350 kgs. Même chose chez les juxtaposés un peu moins nombreux,( Mercurey-Mansart, Zabala et R.Baldi), les « canardiers » (3) étant hors course bien sûr pour chasser devant soi puisqu’ils font tous autour de 5,5 Kgs !

Pour les cartouches, ce qui frappe au premier abord c’est la différence de prix entre les « américaines » et le reste de la production, toute bien sûr en plombs durcis, cuivrés ou nickelés. Federal tient la palme avec ses 57 et 64 gr. à 5,08 euro la bête, suivi de près par Remington (3,76 euros), et Winchester long beard (2,99). Nous sommes quasiment là dans des tarifs de la munition d’arme rayée, et encore même pas celle au   meilleur marché ! Par bonheur pour nous autres petits français, aucun des producteurs hexagonaux (Tunet, Mary, Ediloisir, FOB) ne dépasse 1,80 euro, et la plus lourde (70 gr. derrière une bourre grasse !) la Jocker « authentique » n’est qu’à 1,30 euro. Mais le fait qu’au total, on ne compte guère plus d’une quinzaine de produits dans ce chambrage « spécial » montre bien qu’on reste bien dans l’ utilisation marginale d’une munition, somme toute de « niche » qu’elle était au départ.

1/Les semi-autos à  emprunt  de gaz mangent tout à condition d’être réglés au départ pour une munition donnée : basse (trap par exemple), moyenne chasse (32 gr.), ou haut de gamme (36 à 40  gr.). Ceux à inertie sont, en principe plus « coulants. »

2/ Bettinsoli, Fabarm « waterfoal » (ci-contre à dr.), Fair « gabion », Intégra, Renato Baldi « spécial canard ».

3/ Luger, Renato Baldi, Sabatti