Cartouches (III, suite et fin) : belles et bonnes...comme de vieilles bouteilles !

Au moment de choisir, la rationalité n’explique pas tout. Restent l’émotion du moment et la nostalgie

De  même  que dans les occasions solennelles (ouverture) ou officielles, (ces invitations voire battues où, sous le regard des autres il vous faudra être à peu près efficace) et choisir l'arme d'usage qui vous va le mieux, pour les cartouches il faudra, même si on « butine » ici ou là, miser lors de ces grandes sorties, sur du sûr, du solide, de l'efficace. Comme on l'a dit plus haut, c'est toujours un plaisir quand on flâne dans le magasin du Père Noël qu'est pour nous tous l'échoppe de l'armurier, de choisir une ou deux boîtes avenantes et colorées. Comme les bonnes bouteilles, il y en a des renommées, dont on se chuchote à l'oreille dans les réunions d'après-chasse les performances. Il y a celles qui « viennent de sortir » annoncées à grand renfort de publicité, et dont il nous tarde de vérifier séance tenante, sur le terrain, les qualités toutes phénoménales établies...sur papier glacé ! Et à feuilleter souvent les vieux catalogue de la Manu qui ont bercé notre enfance on se rend contre que la « réclame » ne date pas d’aujourd’hui n’est-ce-pas ?

 Malgré tout, à l'usage, la part de subjectivité passée, celle de la réussite chanceuse ou non des premiers tirs, l'attachement aux couleurs rutilantes de l'emballage, il se dégagera toujours une tendance, une cartouche qui fait mouche (presque !) à tout coup, adaptée à votre arme de chasse de base. C'est elle qui fera le fond de votre saison dans le « coup long », c'est-à-dire le coup le plus serré ou choké, celui de la distance optimum, celui qui assure sur tout gibier de plaine, la surprise du « coup de bras » passée, en 6 ou 4, ce diamètre de plomb standard à peu près pour tous gibiers moyens. Ce sera aussi celle de la dernière chance, et d'une confiance au tir devenu, la surprise de l'envol de la compagnie de perdreaux passée, tout à coup plus difficile. Celle-ci vient aussi de solutions éprouvées, de chiffres abscons pour le néophyte, mais qui nous parlent à tous : nombres pairs ou impairs, choix venant souvent de loin, liés aux conseils d'un père ou d'un ancien, et de proverbes tant de fois entendus : « le gros plomb passe, le petit ramasse », etc.

 Après rien n'empêche, au fil de la saison, d'engranger des munitions nouvelles, comme autant de bonnes bouteilles, s'échanger entre copains et essayer à loisir avec émotion quand , au hasard d'une poche oubliée on retrouvera une couleur inhabituelle renvoyant immédiatement au  visage ami et connu parti « ad patres », qui vous l'avait glissée dans la main au pot d'après-battue. Mais toujours on se rassurera  en tâtant du bout des doigts, dans la cartouchière judicieusement garnie, la présence familière de  la  cartouche « qui va bien », prête à affronter les aléas de la ronce ou du layon, celle dont on est sûr, celle de la « dernière chance » avant que le gibier ne vous tire sa révérence. Alors, conseil d'ami, si on peut encore batifoler et s'offrir quelques fantaisies avec le premier coup, celui du canon droit (ou du dessous sur un superposé), il faut assurer avec le second. La sagesse voudrait donc qu’avant de mettre l’arme à la bretelle on ait résolu pour la saison, cette quadrature du cercle d’une cartouche de base, sûre, et surtout régulière pour au moins tout ce qui vole ou est en mouvement.

 A noter encore  que toutes ces notions sont sûrement au premier plan des préoccupations de ceux qui continuent, même s’ils sont de moins en moins nombreux, et comme dans le temps de faire eux-mêmes leurs cartouches. Adeptes du bien nommé sertisseur Nemrod (4) ce sont plutôt des partisans de la bourre grasse et du sertissage demi rond, plus facile à « rouler »…comme le « gris » de nos anciens. Ah, nostalgie, quand tu nous tiens…

 4/ Citons encore comme matériel de référence en ce domaine pour ceux que ça intéresse : MEC, GAEP, Lee, Samson, tout ça sur le Net pour quelques dizaines d’euros. Les Italiens sont encore bien présents dans ce secteur voici quelques sites à consulter : Siarm, Armeria Aceccoli,Aarmeria Giudici, et en France, Armurerie Municentre. Ces fabricants vous expliqueront la marche à suivre d’un loisir qui, paradoxalement ne fera pas de cette « fait main » une moins chère ou meilleure cartouche. Faudra maîtriser la manip, faire des essais. Mais un peu comme les pêcheurs qui font leurs mouches, vous entretiendrez une culture, une ambiance et la fièvre d’autrefois quand, rien qu’en bricolant ainsi dans son coin, on commençait déjà à penser la saison à venir, et par l’esprit… déjà à chasser !