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10 mars 2018

Les armes de Jim Corbett, chasseur de tigres

Peu connu dans notre pays, ayant éliminé entre 1907 et 1938 33 tigres  et 14 léopards mangeurs d’homme ayant fait au total 836 victimes, Jim Corbett (1875-1955), fut aussi un naturaliste, protecteur de l’environnement très en avance sur son temps. Un des plus importants parc naturel en Inde où on peut encore observer des tigres du Bengale en liberté (Uttarkhand) porte son nom.

Corbett-02-300x282

 

Né en Inde, travaillant pour les chemins de fer, tout jeune il apprit à lire les pistes du « livre de la jungle », et tua son premier léopard, encore adolescent avec un vieux Martini-Henry en 577-450 à poudre noire dont il avait bien du mal à maîtriser le recul. Il se fit connaître en 1907 en éliminant une tigresse qui avait déjà 200 morts à son actif et délogée par des battues de l’Armée au Népal, vint dévaster l’état de Champawat où elle fit encore 236 victimes supplémentaires. Il refusa la prime mais accepta en récompense une carabine en 275 Rigby qui vient d’être acquise en 2015 (1) par cette marque célèbre et a même retourné en Inde pour une tournée qui a permis de constater combien la mémoire de Jim Corbett reste vivante dans ce pays.

jim_corbett

En Inde les grands félins font encore une trentaine de victimes par an, mais avant la grande guerre il s’agissait de calamités frappant des régions entières où toute vie s’arrêtait pendant des mois : plus de récoltes, bétail abandonné à son sort, plus d’écoles ni de courrier. Jim Corbett, le premier, grâce à sa fine observation des pistes montra qu’il s’agissait d’animaux diminués (par les épines de porc-épic notamment) ou blessés par des chasseurs manquant d’éthique : snobs ou militaires soucieux de gloriole dans les battues à dos d’éléphant. Son approche était totalement différente, il excluait les battues, se lançait en petit équipage avec son chien Robin, quelques pisteurs locaux et sur renseignements après une première attaque. Il n’hésitait pas à faire trente kms par jour, veiller  par nuit noire une semaine entière près de cadavres mutilés. Il côtoyait les fauves de tellement près qu’il en tira certains…au son de l’animal dévorant, faisant fuir ceux qui approchaient trop près de son affût d’épines…en craquant des allumettes !

275 Rigby

Pour le tir de près il utilisait de gros express, un Jeffery en 450-400 Nitro Express (2) ou un Westley-Richards en 500 NE (3), armes au fort pouvoir d’arrêt. Pour les tirs lointains ou plus précis ayant tâté du 275 Rigby ou 7X57 Mauser après son succès de 1907, il acheta une seconde arme de ce calibre en 1926 de chez Westley-Richards à Calcutta. C’est avec ce calibre (ci-dessus à g.) qu’il tua la même année un redoutable léopard particulièrement rusé qui avait pris goût à la chair humaine en 1918 après une épidémie de grippe frappant le chemin des pèlerins des grands sites hindous, laissés aussi il est vrai, le plus souvent à l’abandon en pleine nature. Il terrorisait toute la région depuis huit bonnes années avec déjà 125 victimes à son actif quand il arriva à l’éliminer, et non sans mal, après dix semaines de traque. Le félin négligea l’appât pour tenter de le surprendre en haut du manguier où il était juché, mais par précaution utile, entouré d’épineux.

Mobilisé pendant la guerre, il fut officier de l’Armée des Indes où sa connaissance de la jungle fut précieuse, son premier livre (mangeurs d’hommes de Kumaon) parut en 1944 ouvrit la voie à des suites très réussies tant du fait de son style alerte que de son esprit naturaliste très en avance sur son temps. Très vite il troqua la carabine contre l’appareil-photo et la caméra, contribua dès 1957 à la création des premiers parcs naturels pour préserver et défendre les grands félins. Célibataire, il quitta en compagnie de sa sœur à l’indépendance de l’Inde pour rejoindre le Kenya où il s’éteint en 1955. Quelques années plus tôt en février 1952 il avait accueilli pour l’observation des éléphants du haut d’un grand arbre, la princesse Elisabeth qui, lorsqu’elle en descendit quelques heures plus tard, apprit, suite à la mort de son père Georges V, qu’elle était devenue reine !

jeffery corb 450-400

1/Cette carabine qui avait été offerte à l’Université d’Oxford avait été fabriquée en 1905, et la firme Rigby qui escompte faire une petite série l’a ramenée pour une tournée triomphale en Inde où il existe encore de nombreux descendants de familles ayant été sauvées des griffes de ces félins anthropophages par les tirs adroits de Jim Corbett. Rappel des caractéristiques du 7X57 : balles de 165 grains (10,79g) 750m/s et 2500 Joules à 100 m. C’est loin d’être un « gros » calibre, mais tout est affaire de placement de la balle. C’est avec ça que Karamojo Bell, en Afrique prenait la plupart de ses éléphants, à une cinquantaine de mètres et approche à bon vent pour un tir derrière l’oreille là où la boîte crânienne du pachyderme est la plus faible.

2/ Cette arme (ci-dessus) fit partie de la collection d’Elmer Keith, vendue aux enchères 264 000 dollars en 2015. Grosses balles de 400 grains (26 g), 604m/s et 4700 Joules à 100 m.

3/ Encore plus puissant : balles de 569 grains (presque 40g), 550m/s et 6000 Joules.

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