Les balles "basiques" sont-elles dépassées ?

L’arme rayée, il faut bien se le dire, arrive peu à peu dans notre horizon. Les jeunes permis s’y sont frottés lors de l’examen, et vu l’actualité sanglier, là où un jeune autrefois (snif, c’était notre cas en 1968…) ne rêvait que d’un bon « douze », nos successeurs demandent désormais dans la hotte du Père Noël du 30-06 ou du « magnum » qui n’est pas que du champagne !

La belle carabine et le (bon ?) calibre choisis, comme dans le temps, vient aussi derrière, le choix des munitions. Les catalogues nous donnent le tournis, on a du mal à s’y retrouver dans les caractéristiques, qui plus est en langue anglaise de pieds-seconde, d’inches et de yards, et au final, c’est notre …portefeuille qui décide un peu de l’option finale non ? Là, au gré des soldes dans certains grands magasins grand air dont le nom rime avec pantalon, on achète des balles « basiques » coûtant, au bas mot, deux fois moins cher que les munitions « premium » dites aussi techniques. Ces vieilles (la Remington Core-lokt fête ses 75 ans !) balles (on peut glisser dans cette catégorie les Winchester Power Point et Hornady Interlock par exemple) sont-elles obsolètes pour autant ? Faut pas rêver, il en est des munitions comme pour tout le reste, dès que la marge commerciale est plus élevée on vous vantera toujours les dernières nouveautés techniques dont une, le fameux « coefficient balistique » semble relever du mystère voire de la magie car chargées à la poudre –le mot vient d’être remis à la mode au plus haut niveau politique dans notre pays- de …perlinpinpin !

Pour (beaucoup) résumer c’est le rapport densité et coefficient de forme du projectile, bref sa capacité à traverser l’air, avec le moins de « trainée » comme on dit pour les avions, possible. On entre là dans une caractéristique consistant  à « allonger » un peu le tir. Les USA dictent certes la loi du marché, mais on y vient aussi un peu chez nous avec le tir d’été affût-approche, la montagne, la généralisation des carabines légères en composite qui obligent un peu à réduire le calibre, et le recul. Bon, OK, mais aux distances habituelles de notre bonne vieille battue, on s’en fout un peu non ? C’est aller un peu vite en besogne car il faut admettre que, toutes choses égales par ailleurs, on peut s’attendre, si vitesse plus élevée, niveau d’énergie boosté, à une efficacité terminale accrue tant en pénétration qu’en transmission d’impact.

Si on regarde les dix meilleures ventes (en 2015) aux USA, on est assez étonné de constater qu’il y a peu de « gros » calibres en lice : 1, 223 Remington ; 2, 308 Winchester ; 3, l’universel 30-06 ; 4, étonnamment le bon vieux 30-30 ; 5, le 270 Winchester ; 6, le 243 Winchester ; 7, le 7 mm Remington magnum ; 8, le 300 Winchester magnum (pour les semi-autos dont la fameuse BAR) ; 9, le 7,62X39 (qui sort de notre étude, c’est le calibre de la Kalache !) ; 10, le 22-250 idéal pour le renard et le coyote. Même en Alaska, là où on rencontre les plus grandes opportunités de tirer des grands animaux (grizzlys, élans), c’est le moyen et polyvalent 30-06 qui emporte la palme ! Eh-eh, où sont les « monstres » 458 Winchester  et 460 Weatherby magnum, 444 Marlin et même le bon vieux 45-70 ?

Dans cet inventaire vous constaterez qu’il y a pas mal de calibres légers, dits « varmint »  là-bas (223 R, 22-250, et même à la limite 243 W) pour lesquels « doper » le coefficient balistique de balles petites et légères, qui plus est, sur des tirs lointains, peut se comprendre. Pour les calibres moyens (30-30, 270) l’amélioration de la puissance, même moyenne, à leur distance d’utilisation habituelle de 100 m semble toujours bonne à prendre. Mais, pour les plus gros (ici 30-06, ou les 7 mm) ils sont assez puissants sans qu’il soit besoin de leur ajouter quoi que ce soit. Et là, ce n’est pas simplement le coût (lequel soit dit en passant file du simple au double qu’on utilise des munitions standard ou premium ! ) qui entre en ligne de compte. Les charges standard offrent un produit uniformisé en performances qui sera à la limite plus précis aux distances habituelles de la battue que tous les raisonnements sophistiqués des fabricants. L’argument même des atteintes à la venaison avec ces « vieilles » balles qui expansent soi-disant un peu trop, est balayé si la balle est bien placée dans la zone vitale cœur poumons laquelle, demeure la plus vaste et la plus facile à toucher. Après tout, il n’y a pas grand monde qui se régale de ces organes internes non ?  Et c’est pourquoi nos bonnes vieilles charges standard ont encore un bel avenir devant elles…