Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
14 janvier 2020

Elmer Keith : au-delà du simple personnage

Ce petit site de vulgarisation a, espérons-le, un peu contribué à tenter de faire connaître ce pittoresque personnage (1899-1904) qu’il ne faut pas résumer à sa polémique qui dure depuis soixante ans avec Jack O’Connor entre adeptes des balles lourdes et légères mais rapides (1). Il fut le concepteur de calibres mythiques comme les 357 et 44 Magnum popularisés à l’écran par Yves Montand et Clint Eastwood en armes de poing, mais aussi d’épaule.  

169840

Elmer Keith, outre le fait d’être un bonhomme truculent et haut en couleurs était, au pays où tout est plus facile en matière d’armes, un expérimentateur forcené qui ouvrait sa porte à tout un chacun, et au besoin vous effectuait une démonstration immédiate...en tirant de la fenêtre de sa cuisine sur les potirons du jardin ! Considérant le 38 Special (9X29R) extrapolé en 1902 du 38 Long Colt employé par les forces de l’ordre comme un peu faiblard, il s’appuya sur la forte carcasse du Smith and Wesson 38 /44 à structure N, sorti en 1930 déjà prévu pour les plus grosses charges en 38 Sp pour, en conservant l’alésage et avec des projectiles plus long, presque doubler la puissance. C’était l’époque de Bonnie and Clyde (1934) où la police faisait feu de tout bois face à des bandits parfois plus puissamment armés qu’elle, et le nouveau calibre en 1935 fut donc bien accueilli. Là, la vitesse passait pour le 38 Sp de 348 à 424m/s, mais surtout avec une grosse balle de 158 grains. De nos jours le 357 Magnum peut monter à 470m/s avec des balles de 180 grains. L’autre atout, c’était, par exemple, pour l’entraînement, de pouvoir continuer de tirer du 38 dans le 357, mais bien sûr pas l’inverse pour des raisons de sécurité qu’on imagine aisément. Le général Patton, le shérif écrivain Skeeter Skelton (2) firent beaucoup pour sa popularité.

44 M-357-38sp

Le 44 Remington Magnum, même s’il ne fut commercialisé qu’en 1955 lui trottait dans la tête depuis les années vingt dans l’option chasse à l’arme de poing qu’il affectionnait, ayant constaté que le 45 ACP (le fameux 11,43) et surtout le semi-auto qui le tirait n’étaient pas assez costauds pour les fortes charges qu’il préconisait. Au grand dam de Smith and Wesson qui craignait les accidents et les procès éventuels derrière, il mena quinze ans d’expérimentations dans son coin sur base 44 Special en tirant des balles de 210 grains qui furent un temps, les plus fortes charges proposées pour un revolver. Le 454 Casull le détrôna en 1958 (sur base 45 Long Colt), mais ne fut officiellement introduit grand public que dans les années 90 par les firmes Ruger et Taurus. Les fameux films avec l’inspecteur Harry firent bien sûr beaucoup pour la réputation de ce calibre néanmoins trop fort pour le policier moyen, trop de souffle et de recul pouvant désavantager le tireur lors d’une fusillade nécessitant des tirs rapides, répétés et précis. Ci-contre de g.à dr. 44 Magnum, 357 Magnum, 38 Special. permettant de bien jauger la différence de gabarit, et évidemment, de puissance attendue.

C’est pourquoi, avec le journaliste Bill Jordan, il réfléchit un peu plus tard (1963) avec le 41 Remington Magnum à trouver le moyen terme entre le 357 et le 44 à donner une trajectoire plus plate et avec moins de recul, là encore l’option chasse étant renforcée par le fait d’avoir réussi à atteindre précisément à 100 m. un caribou en pleine tête avec un 44. Partant de l’obsolète 41 Long Colt, il fallait contrairement aux deux précédents, pour pousser une balle de 0,410 aux mêmes vitesse, un cadre spécial qui fit un peu renâcler les fabricants. La Police elle, se satisfaisait amplement du 38 et du 357, elle fut mise à l’essai par certaines villes (Detroit, San Francisco), mais comme un peu plus tard le 10mm demandé par le FBI, souffle et recul n’étaient pas du goût de tout le monde. Assurément, inventé en premier il en aurait été tout autrement. Les chasseurs eux, se contentaient du 44 Magnum composant avec le recul et appréciant un peu plus de peps, notamment avec les balles « style Keith », reprises par Lyman dès 1926, et toujours produites (notamment par North East Industrial). Il s’agissait (voir ci-dessous) de semi-wadcutter mais à surface avant plus large et arrière convexe pour laisser plus de place aux poudres à combustion lente, offrant une meilleure pénétration à la chasse.

balle keith

En armes longues on retrouva la même volonté de booster des calibres existants dont bien sûr le 30-06 Springfield, calibre américain réglementaire bien connu par Elmer Keith puisqu’il fut, pendant la guerre, contrôleur du banc d’épreuve d’Ogden (Utah). Les armes de cette époque, portant sa contremarque, voyant bien sûr, leur cote s'envoler.  En 1945, avec deux copains (Charles O’Neil, Don Hopkins) d’où l’appellation 333 OKH il voulut faire pousser, plutôt que les balles de 180 grains courantes au vénérable ancien, des balles de 250 à 300 grains. Ce qui n’était pas idiot car depuis 1910, les Britanniques avaient réalisé plusieurs armes basées sur l’alésage 0,333 : N33 Express, Axite 303, le plus connu étant le 333 Jeffery. Aux USA il se servit des balles disponibles les plus proches, celles du 33 Winchester commercialisé en 1902 pour la carabine à levier mod. 1886. La balle de 250 grains montait à 727m/s. Deux ans plus tard sur base cette fois de 300 H/H Mag le 334 OKH les faisait même monter à 848m/s. Son enthousiasme et ses écrits pour ces « wildcats », même chose en 1960 pour son 338-378 KT (avec Bob Thomson), contribuèrent à la sortie (1958) du 338 Winchester Magnum et du 338-378 Weatherby magnum aux performances proches : 900m/s pour des balles de plus de 200 grains et autour de 5000 joules à 100m, mais au prix d’un recul conséquent.  

1/Voir notre archive du 8 janvier 2018.

2/Voir notre archive du 28 février 2018.

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité