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16 avril 2020

Rocky Gibbs (1915-1973) et les "magnums" du pauvre

On s’en doutait un peu, l’article sur notre plaidoyer pro domo sur le 270 Winchester a fait suggérer à certains lecteurs d’approfondir le sujet des « wildcatters » géniaux, voire oubliés de l’après-guerre autour de ce calibre. Le cas de Rocky Gibbs n’est pas très connu chez nous, mais il n’est pas oublié aux USA où son ouvrage « Front ignition loading techniques » est toujours disponible en CD (chez Midway USA).

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Une biographie passionnante, à l’américaine où cet enfant d’immigrant grec, transforma son prénom un peu trop connoté (Manolis) en « Rocky »…lors d’une traversée en train des montagnes Rocheuses du Texas son état d’origine vers la Californie. Borgne à cause de la typhoïde, devenu gaucher, tireur néanmoins adroit, membre du Richmond gun and rod club il établit en 1953 un record avec un calibre de son cru à base de 270 Winchester, laissant sur place son calibre d’origine, mais aussi le 270 Ackley Improved contemporain (1). Sur base de carabine Remington 721 il raccourcissait le col de l’étui vide, lui donnait un plus fort épaulement selon la méthode du « fireforming » expliqué plus bas, qu’il étendit avec plus de succès ensuite au 30-06 quand il déménagea en 1955 pour s’installer à Viola (Idaho), se construire un champ de tir de 500m et mener des tas d’expérimentations.

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Pour le 270, il faisait monter la balle de 130 grains à 1039m/s (contre 850 à l’origine), mais comme Ackley le reconnaissait lui-même dans son fameux manuel (handbook for shooters and reloaders) « le calibre se dressant d’office au-dessus de la capacité d’alésage » était difficile à améliorer…c’est ce qui fait d’ailleurs encore son succès actuel ! Ce furent sans doute aussi les grosses pressions pour un peu plus de vitesse qui rebutèrent les rechargeurs.

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Pour le 30-06 sa méthode rencontra un peu plus de succès avec la forte offre d’étuis réformés et de surplus, tant en Springfield que Mausers allemands à 30 dollars la bête après la guerre, sans avoir à changer de canon pour se faire des « magnums du pauvre », en maximisant l’espace disponible. Voir ci-contre à g. un bel exemple de « customisation » sur base Springfield 1903 avec une crosse « aftermarket ». Pour le 30-06 il suffisait d’élargir le col d’un étui tiré avec une matrice 38-06 ou 35 Whelen de les passer dans un de ses outils, et de tirer quelques grains de poudre coiffés d’un « buffer » de semoule de blé, pour « souffler » le col s’adaptant à sa nouvelle chambre. Ne restait visible qu’un petit anneau de l’épaulement d’origine. Voir ci-dessus les différentes étapes du processus de d. à g. l’étui d’origine, puis agrandi, soufflé, puis définitivement abouti avec épaulement de agrandi offrant plus d’espace de poudre.

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Avec le 30-06, la balle de 180 grains (ci-contre à g.) montait à 909m/s, au prix de toutes les manips compliquées expliquées plus haut sur un coin d’établi dans le garage, qui seraient certes un peu simplifiées de nos jours avec les étuis vides disponibles de 35 Whelen. Il déclina toute une gamme de 6 cartouches, dont un 240 à base de 25-06 faisant monter une balle de 75 grains à 1090m/s, et un 338, malheureusement concomitant de la sortie (1958) du 338 Winchester Magnum.

Arrivant dix ans après Roy Weatherby, en pleine vague des magnums rapides, son 270 ne put éclipser ni le calibre originel, ni le 270 Weatherby magnum qu’il titillait, même si son travail fut reconnu, tant par Jack O’Connor que dix ans plus tard, (1964) par  Francis Sell dans son ouvrage faisant référence sur la chasse au whitetail. Il tomba aussi dans une période où la presse écrite armurière US était en plein boom et prenait assez facilement position pour des munitions « poussées » par ses plumes (2), aussi célèbres que de nos jours les animateurs TV et faisant autorité. Il souffrit aussi des contestations sur ses mesures, et du secret entourant ses travaux, au point que la légende dit qu’à l’article de la mort (leucémie) en 1973, il fit tout brûler, tests, essais, dossiers…

1/ Voir notre archive du 29 mai 2019.

2 /Par exemple Warren Page, rédacteur-en-chef de Field and Stream qui lui, ne jurait que par le 7mm Mashburn, un armurier de l’Oklahoma lui aussi adepte, en 1950 des étuis ainsi « soufflés » et reformés.

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