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3 juillet 2021

Browning Cynergy : les limites du "concept gun" : épisode 1 un secret trop bien gardé ?

Concept gun ? Voilà un mot qui échappe au vocabulaire de la tradition armurière, mais bien de notre époque mondialisée, connectée où le monde de l’art, du design influent autant  sur la production industrielle que sur la technologie pure. De la même manière qu’il existe pour les automobiles, des « concept cars », il existe ainsi des armes où l’innovation, les techniques avancées côtoient des lignes audacieuses. Citons tout dernièrement chez Benelli  le semi-auto Vinci, ou le superposé 828 U, et chez Beretta un peu avant, le semi-auto sportif UGX. Ils eurent comme précurseur le Browning Cynergy en espérant toutefois pour tous ceux que nous venons de citer, un meilleur destin…

dssc dans A

Pour les grandes firmes mondialisées qui font certes des armes, mais aussi des lignes de vêtements et tant d’autres « produits dérivés », ce n’est pas sur un claquement de doigts ou une idée de génie que peuvent se décider les grandes orientations. Pour Browning qui a tant connu de succès dans l’arme militaire ou de poing et bien sûr de chasse, à commencer par le génial Auto 5, il était difficile de penser donner, sans trop y réfléchir, un successeur à la fantastique lignée issue du B25. Ce dernier était d’ailleurs, si on y regarde à deux fois, quelque peu déjà un « concept gun » avant l’heure puisqu’il s’agissait, pour le fameux ingénieur U.S. momentanément exilé en Belgique à la F.N. Herstal, de définir un savoir-faire totalement nouveau, capable de battre en brèche chez les superposés, la suprématie britannique (Boss, Woodward, etc.) établie depuis plus d’une vingtaine d’années. On sait ce qu’il en advint avec le B.25 qui devint « the superposed »…le superposé d’excellence, dont la carrière se poursuit d’ailleurs toujours de nos jours.

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C’est en 1994 que les dirigeants de la prestigieuse compagnie eurent l’idée de tenter de donner un successeur au glorieux ancien, tout en continuant, sage précaution on va le voir, de continuer de le produire, voire de l’améliorer. Le projet prit corps deux ans plus tard, porté par deux ingénieurs d’Herstal (Joseph Rousseau et Joseph Mardaga), rejoints ensuite aux USA par Dwight Potter à l’usine de Morgan (Utah) où il fut finalisé. En 1997 il était déjà bien avancé, et dans le plus grand secret, au point de bénéficier d’un code spécial (« Sheik ») comme dans les meilleurs films d’espionnage…L’idée de base était, sur un plan technique, à l’opposé de ce qui avait fait le charme de la lignée B25 : sur un concept mécanique novateur, et un design disons « moderne » bien dans la tendance du XXe siècle finissant. Il s’agissait de subjuguer, particulièrement aux USA, des gens qui n’étaient pas, de prime abord, utilisateurs de superposés. De les frapper par tant d’audace et de les gagner à la marque par ce modèle dont on n’aurait jamais fini, pour toutes ces bonnes raisons que l’on va voir, de parler.

Le premier prototype fut finalisé à Morgan en 1999, et Miroku, du fait de ses accords de partenariat de longue date avec Browning, sortit dès 2001 les premières versions en interne pour valider le bienfondé de ses audaces de conception et de ligne, lesquelles étaient, en fait assez intimement liées. Tout était revu dans la bascule particulièrement basse dite Monolock en acier coulé et non forgé comme la dynastie B25, et à charnière inversée. Plus de tourillons protubérants ni de broche transversale, les canons pivotant dans des évidents internes en forme de haricots, permettant une énorme surface de contact (+ 300% !), un grand rayon d’ouverture : plus de 30 000 essais furent effectués sans usure discernable. La percussion devenait mécanique et non plus par inertie : pas de marteaux conventionnels mais des percuteurs à ressorts et action directe pour un tir à la fois plus rapide, sans doute dans l’option sport, importante on va le voir plus loin, et bien sûr chasse. Le constructeur annonçait en effet une percussion presque deux fois plus rapide (1,9 millionième de seconde contre 3,1) que les meilleurs représentants de la concurrence.  L’inertie, de fait ayant besoin du recul pour l’armé ce qui est imperceptible pour le commun des mortels, (mais qui a ses défenseurs en compétition), et surtout risquant de vous laisser totalement désarmé à la billebaude en cas, par exemple, d’une cartouche défectueuse.

flodman dans A

Cette bascule très basse (peut-être influencée par le concept du fusil tout inox suédois Flodman ?), ci-contre à dr.  privilégiait aussi l’option sport, où on tire beaucoup et longtemps, mettant les deux canons plus bas en prolongement direct de l’épaule occasionnant moins de saut et de recul, ce dernier étant annoncé à 25% de moins grâce à la technique Inflex développée avec la firme bien connue des tireurs à l’arme de poing, Pachmayr. Ce point avait été particulièrement peaufiné, le système offrant différents inserts où on pouvait également jouer sur le niveau d’élasticité de la matière (Sorbothane) employée…mais au prix d’un look particulièrement disgracieux qui joua aussitôt quand, au bout de dix ans de recherches, l’arme fut présentée en 2004 au Shot Show de Las Vegas. Le secret peut-être finalement trop bien gardé, tout autant que l’apparence inédite, prirent un peu tout le monde par surprise dans le milieu des armes et de la chasse, que l’on sait par essence plutôt conservateur. Une tendance sans doute encore plus accentuée d’ailleurs dans notre pays que partout ailleurs…

A suivre  : épisode II, soucis mineurs, mais à l'heure d'Internet ? 

 

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