Air comprimé ou 22 LR ?

Ambiance anti-chasse et hoplophobe (anti armes pour faire simple) aidant, notre interprétation de la notion d’armes « de jardin » (voir archive du 15 mars dernier) ayant titillé quelques lecteurs et les armes à air comprimé sans cesse s’améliorant, tentons de voir en quoi elles pourraient nous aider à compenser les éventuelles tares du 22 long rifle.

Notre expérience des régulations « stabus » (1) avec une air comprimé 35 joules à brisure et ressort, à comparer à la poursuite des ragondins à l’affût tirés entre 10 et 60m. (et même à bout portant quand ils sont pris dans les cages à fauves) en 22 LR nous donne un peu de recul. Mais effectuons d’abord une petite revue de ce qu’offre l’air comprimé actuellement. Nous avons tous débuté avec une antique « Diana » à brisure et piston-ressort, inférieure aux 10 joules, terreur des étourneaux, et la technologie actuelle a bien évolué en même temps que les technologies. Le CO 2 liquide détendu par valve, du fait de l’airsoft est plus connu que le PCP (Pré Charged Pneumatic) où là encore une valve relâche une partie précise d’air. On peut le solliciter via une réserve genre bouteille de plongée ou une pompe manuelle. Il existe encore des technologies plus confidentielles comme le système ressort-air RAM ou Theoben genre ressort à brisure mais sans les vibrations occasionnées par la détente du ressort, ou Brocock avec une petite pompe spéciale qui « gonfle » des petites cartouches.

Du point de vue pratique il nous faut plutôt comparer une AC milieu de gamme de plus de 20 joules (donc de catégorie C comme la 22 LR) à 50 mètres, et non pas une arme de stand hors catégorie de prix top du top en qualité « match » qui existent bien sûr à l’air comprimé. Certaines de ces PCP peuvent flirter en précision avec les meilleures 22 LR, de l’ordre de 0,5 pouce à 50m et 1 à 1,5 à 100m. Au plan balistique, le tendon d’Achille de la 22 c’est le choix de la munition où nous avons peu ou pas de contrôle : il faut tester encore et encore par arme, trouver un compromis et une fois l’oiseau rare trouvé, s’y tenir sans cesse. Ici nous l’avons expliqué maintes fois, pour nous, c’est la RWS R50 HP subsonic, compromis idéal de précision, d'efficacité en puissance de choc, et surtout, de silence...C'est, en effet une "vraie" subsonique (315m/s).

Pour l’air comprimé le plomb est plus léger (1,8 gramme en 5,5 soit 15,5 grains), tombant plus vite et bien plus sensible au vent, sa forme en diabolo étant tout sauf aérodynamique, mais ça peut être un argument de sécurité qu’on va voir plus loin. Nous sommes donc à 30-50m. dans une fourchette de concurrence avec le 22 Short ou le 22 « Z » sachant que le calibre à percussion annulaire offre derrière, une gamme énorme de balles de 30 à 60 grains, et qu’on peut jongler encore avec les vitesses. Si le bruit de la détonation n’entre pas en considération le 22 LR gagne toujours car, même en subsonique il a toujours plus de joules et d’énergie à revendre surtout au-delà de 50m.

Il faut s’y attendre, des passionnés d’airguns pourront toujours nous dire qu’aux USA des grosses carabines PCP peuvent faire du chien de prairie à plus de 100m. mais on ne les verra jamais chez nous du fait de la législation française interdisant les armes « à vent » d’une part, et du fait de leur prix. Dans le concept de « lutte antiparasitaire », et de voisinage où évoluaient anciennement les carabines dites « de jardin », l’étau se resserre bien sûr sur tous ceux qui alternaient autrefois le plinking et ce qu’on nomme pudiquement les « ennemis des cultures ». D’ailleurs, de nos jours, ces derniers ont plus que décuplé en nombre et en volume de la bestiole…mais ne vous y trompez pas, l’air comprimé les élimine aussi…avec des diabolos de calibre 50 ! Voir ci-dessous.

Assurément, même à plus de 20 joules, une carabine à air comprimé de base, nous pensons ici bien sûr à celle « à ressort » (2) sera toujours mieux tolérée et plus discrète que la détonation d’une 22 LR et sans l’inconvénient majeur d’être toujours dangereuse à plus de 1000m. L’air comprimé, et il n’est pas anodin de constater qu’il est toujours proposé aux débutants dans les stands FFT, améliore les compétences pour aborder ensuite les percussions annulaire et centrale. Acquisition en cible, gestion de l’impulsion de recul, contrôle de la détente, lecture du vent sont des paramètres universels, mais on entre dans un autre monde qui n’est plus celui d’une arme « à feu ». Il faut pas mal de recherches pour trouver ce qu’on veut, dans des looks et des technologies déroutantes, et pour la discrétion, les réducteurs de son ont eux aussi, pas mal évolué. Difficile donc de passer du stand au « jardin » voire à la « campagne », pour l’air comprimé.

1/ Le tir qui s’effectue entre 10 et 30m. au projecteur, à part coup de tête, n’est qu’à 50% mortel du premier coup, même avec une carabine 35 joules très précise avec scope préférée aux 22 LR, même à tir réduit…qui font des trous dans les toitures en fibro des fermiers ! Au ragondin, aucun tir n’est mortel même à 10m. A cette courte distance, toutes les longues 22 LR subsoniques le sont, même les « Z » en coup de tête.

2/En dessous de 50m. à compulser les sites airgun, le PCP n’apporte pas grand-chose à un bon ressort.