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11 juin 2022

1940 : "Armistice Day Blizzard" 85 chasseurs tués par le froid !

Sans portables, ni gore-tex à une époque où la météo n’était pas encore une science à peu près exacte, mais l’interprétation de signes et de présages, la journée du 11 novembre 1940, prit subitement au piège des milliers de chasseurs de gibier d’eau. La pression atmosphérique chuta en 24 heures de 24 millibars, et les températures de 28° (de +21° à moins 7° !), sur une bande de 1000 km, en gros du Kansas au Michigan.

 

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En plein « été indien », dans une atmosphère d’insécurité mondiale, et dans la foulée de la grande dépression où la chasse permettait d’améliorer l’ordinaire, les sauvaginiers attendaient impatiemment le « grand passage », terme documenté depuis 1938 par le biologiste Frank Bellrose et basé sur trois facteurs : l’avancée du temps hivernal, les disponibilités en nourriture, et l’état physiologique des oiseaux. Le dimanche 10 novembre 1940 annonçant des nuages et un temps plus froid, les chasseurs, dans la prévision du lendemain férié commencèrent à préparer les leurres, armes et munitions, mais aussi les sandwiches et double ration pour le retriever sans doute sûrement sollicité, car commençaient à arriver les premiers vols de canards en rangs serrés, volant anormalement bas, au-dessous des lignes électriques…

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Lundi 11 novembre 1940, ce fut donc le branle-bas-de-combat, il faisait encore chaud au point d’enlever les cirés dans les canots, malgré les premières gouttes de pluie qui commençaient à tomber, et des oiseaux se posant et volant partout ! La température baissa subitement, et un vent violent se leva, la pluie se transformant en grésil, incitant les becs plats à chercher l’abri des criques aux côtés sous le vent des îles, que les chasseurs expérimentés bien sûr suivirent immédiatement. Occupés à tirer, le bag-limit étant à l’époque de 10 oiseaux par jour, à 16 h la tempête se leva, et des vagues de plus d’un mètre de haut empêchèrent le retour des fragiles esquifs à fond plat, et ils se réfugièrent alors comme ils purent sur des points hauts ou derrière les coques renversées des bateaux. Dans l’obscurité naissante, la neige s’amoncela à près d’un mètre de haut par endroits, la température tombant à moins 6 degrés ! Tout le long du Mississipi, des petits groupes se rassemblèrent, trouvèrent la mort en s’entraidant dans l’eau jusqu’au hanches, en essayant d’allumer des feux à l’aides les leurres Mason (1), débités en copeaux se relayant en abattant du bois allumé avec la poudre des cartouches !

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Les pouvoirs publics, débordés, en pleine nuit, dans la tempête ne purent secourir à temps les chasseurs isolés, seulement vêtus de chemisettes de drap ou de toile. Des familles entières furent décimées, le cas le plus connu étant celui de Gérald Tarras, 17 ans, qui, près de Minneapolis, fut l’unique survivant d’un groupe de quatre dont son père et son frère, et qui fut sauvé par les deux labradors fidèles au poste et qui se blottirent contre lui cherchant la chaleur. Sur 146 morts car il y eut aussi des victimes parmi les marins et trois navires coulés sur le lac Michigan, les chasseurs de gibier d’eau payèrent le plus lourd tribut : 85 selon John Madsen sur les trois états du Minnesota (59 morts), Wisconsin, Illinois et rien qu’une vingtaine autour de la petite île de Winona sur le Mississipi.

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Dès le 13 novembre, pour le Milwaukee journal, sous le titre « Icy death rides gales on duck hunt trail », le grand écrivain « waterfowl » Gordon Mc Quarrie y lança sa grande carrière (2) et fit connaître cette tragédie du point de vue des chasseurs. Elle amena également les pouvoirs publics à mieux centraliser les prévisions météo, ici en l’occurrence il s’agissait d’une vaste dépression d’air chaud venant du golfe du Mexique, ce qui expliquait le phénomène d’été indien observé les jours précédant la tempête, rencontrant brusquement un front froid venant du pôle, et l’arrivée massive des canards annonçait en fait cette catastrophe que les chasseurs virent simplement comme une aubaine saisonnière. Comme l’expliquait justement Gordon Mac Quarrie « …les vieux chasseurs aiment ces jours amers et orageux de novembre où la sauvagine qui est à l’étranger nous est amenée par la tempête ».

Cet anniversaire est toujours commémoré par le courant « vintage » des chasseurs de gibier d’eau américains qui apprécient les vieux appeaux, leurres, bateaux, et armes d’époque qui nous donnent le sourire à nous autres qui tirons encore et toujours avec le vieil Auto 5 de 1951 qui a presque notre âge et qui figure en tête de gondole de ce site…

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1/Imaginés et faits à la main en 1880 par l’immigrant irlandais de Detroit William J.Mason, il les tourna à partir de 1903 dans du cèdre du Michigan. A sa mort, son fils Herbert donna une dimension supérieure aux produits alors vendus dans les grands magasins genre Sears-Roebuck. La peinture dont il avait besoin pour les décors le fit insensiblement glisser vers l’industrie automobile naissante, et fermer en 1924. La qualité de ces leurres est telle qu’ils se collectionnent à des prix faramineux : 690 000 $ la bête lors d’une vente aux enchères en 2014.

2/Soixante-dix ans après sa disparition (1899-1956) il inspire encore des générations de sauvaginiers, ses histoires publiées dans diverses publciations de son état d’origine ayant été regroupées à titre posthume en 1967 en six volumes (Stories of the old duck hunters), sur lesquelles nous aurons bientôt l’occasion de revenir.

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