Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
13 juin 2022

Gordon McQuarrie (1900-1956) : le "vieux chasseur de canards" toujours réédité

C’est avec Nash Buckingham, Havila Babcock, Archie Rutledge, la référence « waterfowl » américaine, l’équivalent si on veut de notre Dr Christian Rocher, mais avec plus de verve et de gouaille, selon un procédé littéraire qu’il avait sans doute rôdé comme jeune journaliste avec le personnage fictif de Jack Pine Joe, et qu’il reprit ensuite avec la « Old Duck Hunters Association ».

une

Il était alors bien installé comme rédacteur-en-chef de la rubrique sports, du Milwaukee Journal (1936) et fonda cette association au nom évocateur, véritable véhicule littéraire tournant autour de « Hizzoner », (en fait son truculent beau-père Al Peck), et faisant graviter autour de lui des copains ou collègues dont la vie autour de la mare et des leurres créait un contexte pittoresque dans lequel se reconnaissent encore des générations de chasseurs de gibier d’eau. Toutes ces histoires étaient basées sur des faits réels, mais joliment contées dans un style qui date un peu, moins du fait que les ordinateurs ont remplacé sa vieille Underwood, mais parce que les rédactions actuelles, même aux USA et dans la presse « nature », sont désormais frileuses sur ce genre d’échappées folkloriques.

deux

Emporté prématurément par une crise cardiaque son œuvre fut largement posthume, même s’il se fit connaître dès 1940 par sa « couverture » du blizzard tragique du 11 novembre (1) de cette année-là avec : entretiens avec les survivants sur leur lit d’hôpital, interview du pilote du Piper Max Conrad qui largua les secours aux naufragés où le Wisconsin, son état d’origine, paya le prix fort : 13 morts sur 154. Il fut intronisé en 1998 dans le hall of fame de cet état où il avait, tout comme Jimmy Robinson (2) dans le Manitoba, son « lodge » près de Bayfield sur le Middle Eau Clair Lake. Ses trois anthologies posthumes dont les titres font tous allusion à des « histoires de vieux chasseurs de canard » furent compilées à partir de 1967 par un fan, Zack Taylor qui donne le ton de la ferveur de ses lecteurs : « ses histoires ont façonné mon adolescence, j’aspirais à la vie qu’il menait, je me délectais de ses passions…j’ai vécu la vie qu’il a vécu ».

kji

Sa biographie par l’écrivain du Wisconsin Keith Crowley est assez récente (2003) et ses anciennes chroniques du Milwaukee Journal ont commencé à être numérisées sous le titre « Right of the reel » en relation avec la Barnes Area Historical Association qui regroupe depuis quelques années le premier week-end de septembre une trentaine de passionnés. Le petit musée qui lui est consacré dans cette petite ville, à une soixantaine de km de Duluth montre ses leurres, sa pipe, sa vieille machine à écrire, et tous ses amis ont plaisir à aller, en début d’automne, sur ses trous de pêche et lieux de chasse préférés dans le triangle Bayfield, Douglas, Burnet où il campa la plupart de ses aventures.

gert

Ami d’Aldo Leopold (3) avec lequel il partageait la philosophie du Land Ethic, il réclamait une réflexion et un moratoire sur le respect des zones humides et ce n’est que justice si, depuis 2000 un marais du comté de Douglas porte son nom. Il militait pour un « bag limit » en relation avec les observations des biologistes « …bien sûr j’aurais pu déployer tous les leurres (4), et obtenir des tirs, mais ce n’était pas si urgent, et la matinée m’avait montré que les canards étaient là. Il y avait encore un jour appelé demain à savourer, et inutile de vivre tout cela d’un seul coup ». Il fit par exemple de « Gertie the duck » une cane colvert nichant dans une des piles de pont du centre-ville de Milwaukee, un personnage national.

fin article

C’était bien sûr, comme Gene Hill, un ami des chiens retrievers : « quelqu’un a dit un jour de ne jamais donner votre cœur à un chien pour qu’il le déchire. Dans la vie on s’efforce d’y obéir car un chien peut vous blesser terriblement, mais les chiens comme les gens ne peuvent vivre éternellement. Leurs vies comme les nôtres, sont un mélange de bonheur suprême et de profond désespoir ». Parti il y a bien longtemps, même non traduit chez nous, (mais le Net y pourvoit par bribes), on ne peut que se sentir proche de cette camaraderie du « blind », où le bourbon fait un efficace antigel, le labrador aux pattes sales se montre envahissant avec sa langue râpeuse, et on trompe l’attente à discuter sans cesse de ces fusils qu’on achète tout le temps… et dont on n’a pas besoin !

1/Voir archives et précédent envoi du 11 juin 2022

2/ Voir archives du 9 juin 2022

3/ Voir archives du 7 septembre 2021

4/ Il emmenait tant de leurres (minimum 50 !) qu’il fallait un canot spécial pour les remorquer.

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité