La licorne de l'ajustement parfait ?

Question assez souvent posée ici : l’ajustement des fusils de chasse ? Le « gunfitting » et les « try-guns » existent bien sûr, mais il sont hors de portée de la plupart des chasseurs, ne s’appliquant qu’à quelques célèbres marques londoniennes. Il en est comme dans le costume et des tailleurs qui font du « sur mesures », et pour le vulgus pecus, du « prêt à porter » dans les « grands magasins » ! L’ajustement parfait, tel que les armes sont vendues actuellement n’est plus réalisable.

Nous reviendrons sans doute un jour sur ce que les véritables armuriers sont de nos jours devenus, mais à l’époque d’Amazon, et de la vente par correspondance à outrance, c’est presque une chance d’être conseillé par un commis ou vague stagiaire juvénile qui vous fera viser le mur du fond, estimera grossièrement la longueur de crosse grâce à un vieux truc éculé (comme placer l'arme à la pliure du coude), sans même connaître les valeurs de pente ou de dévers d’un fusil qu’on ne peut même pas essayer en tirant. Bon, ça n’existait plus déjà en 1970 quand nous avons commencé à chasser, mais on testait encore les cartouches encore « à la planche », et surtout la campagne était encore accueillante aux tirs d’essai avec le fusil du grand-oncle dont on héritait, au fond du jardin. Preuve est d’ailleurs qu’on a plus trop besoin de tous ces conseils fumeux, toutes les boîtes recèlent de cales, pads à bricolter soi-même, pour faire l’ajustement « at home »…et puis de toute façon comme on nous dit « vous trouverez tout sur Internet », et à vous de vous « deme…der » !

Pour le débutant, la recherche de l’ajustement parfait est donc une perte de temps et d’argent, et lui donnera des excuses pour des erreurs dont il n’apprendra rien. Autrefois, on tirait avec toutes sortes d’armes (1) plus ou moins prêtées, de façon à savoir à peu près ce qui convient. Les kermesses de campagne étaient là pour,  comme les motos ou les voitures, essayer surtout ce qu’on pensait détester, et en étant parfois surpris du résultat ! Il y avait des marques « milieu de gamme » (2) comme Browning ou Beretta proposant des types d’armes évoluant peu dans le temps, sinon par des modifications cosmétiques mineures, et un peu comme pour dans l’automobile on pouvait être plutôt Renault ou Citroën.

Le ball-trap, s’il permettait, on vient de le voir, de tirer avec les fusils des copains, n’a fait qu’accentuer l’écart des impératifs de conformation entre chasse et tir. Malgré la discipline « parcours », (qui propose d’ailleurs des gammes spécifiques prouvant que ce n’est pas un fusil « comme les autres »), l’objectif compétition ne peut être atteint avec le seul fusil de chasse qui vous sert le dimanche. La crosse sera en général plus courte pour s’adapter à l’épaisseur des paletots qui évolue selon les saisons, et preuve que l’ajustement n’est pas permanent, c’est que le costume actuel n’est plus le même que celui du premier communiant, lequel a doublé de volume…

Une arme doit d’abord être fiable, c’est-à-dire fonctionner de manière parfaite et sécuritaire, puis confortable en manipulation et recul pour être en confiance. La seule mesure intangible est sans doute la longueur de crosse moyenne à définir, après il faut des années avant de savoir ce qu’on aime. Qui fabrique est secondaire, et monter un busc réglable pour le fusil d’une « pince » n’en fera pas un « sabre », pour autant. Et on connaît tous des octogénaires qui sont des chasseurs expérimentés et madrés pour trouver le gibier, mais qui tirent toujours comme des savates ! En tirant beaucoup avec plein d’armes c’est la capacité d’adaptation innée qui entre en jeu, et en général mon « bon fusil » place le tir là où je regarde.  Cest sans doute pourquoi selon certains déboires, mes yeux ne doivent donc pas sembler toujours au bon endroit, ou « en face des trous » comme on dit !

1/Dans nos régions où les combats de la Libération firent rage et les surplus militaires (ex Wehrmacht !) présents dans toutes les fermes, il n’était pas rare de tâter de 7,92X57 avant le Robust…Ce qui nous familiarisait pour tirer avec le MAS 34 modifié 56, quelques années plus tard, à Mourmelon ou la Courtine.

2/Ce « mid range », là où on dispose des statistiques convient à 90% de la clientèle US, et représente toute arme qui représente environ, à toutes les époques, un mois de salaire. Ce qui peut s'appliquer bien sûr à notre pays.