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21 mars 2023

"Targo" ou "Mo-Skeet-O" ou le ball-trap à la 22 LR

Etonnant non ? Mini plateaux gros comme un biscuit, cartouches naines envoyant 175 billes de cendrée (N° 12 !), et lanceur…au bout du fusil, permettaient de s’adonner aux joies du ball-trap au fond de son jardin, voire de se débarrasser de la vermine à plus longue distance grâce à une astuce balistique et armurière, le « Routledge bore ».

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Fred Routledge fit breveter en 1937 un alésage spécial permettant d’améliorer les performances du 22 Long Rifle à courte portée contre la vermine : rats, crotales…et même guêpes maçonnes ! Une gageure, car la charge de plombs est minuscule, et l’effet dispersant des rayures réduisait l’efficacité à quelques mètres. Son système (1) laissait les rayures faire leur travail de brisure de l’opercule sur quelques pouces, puis, en alésant et rendant lisse la fin du canon, stopper la rotation de la gerbe en la canalisant. On quadruplait l’efficacité jusqu’à une quinzaine de mètres tout en modélisant mieux la charge, le but affiché par son entreprise (Routledge Manufactured Co, Monroe, Michigan) étant 80% dans 15 cm à 10 mètres.

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L’idée fut d’abord reprise par Remington à son compte avec près de 5000 modèles de la Remington à pompe 121 Wingmaster et des singles 510, puis pour Routledge presque 10 000 quand on se rendit compte que ces armes collaient parfaitement au concept de « mini-skeet » déjà populaire en 1930 pour les enfants, les camps de scouts. Ce ball-trap miniature nécessitait peu de place sinon un grand jardin d’une cinquantaine de mètres, et Mossberg, le premier, flairant le bon coup s’y était investi avec ses modèles 42 TR à verrou, canon rayé ou entièrement lisse, et surtout des kits complets « Targo » et « Mo-Skeet-O », avec mini-lanceurs fixes ou adaptables sur les armes, plateaux à la dimension.

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La notion ball-trap prit une telle importance que des armuriers spécialisés (Simmons dans le Kansas par exemple) proposèrent même dans les années 50 l’adjonction de bandes pleines ou ventilées, opération difficile sur de si petits canons avec un travail de fraisage nécessitant beaucoup de temps de la part de machinistes experts. Winchester y vint à son tour en 1940 sur la base du modèle 61 en trois alésages : le Routledge, puis le sien avec des modifications minimes de dimension (pour éviter de payer les droits), et enfin en lisse intégral.

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Toutes ces armes « Routledge bore », avec tous leurs petits accessoires font l’objet d’une véritable frénésie en collection aux Etats-Unis où un ensemble arme-lanceur-plateaux plus tous les « goodies » rigolos (affiches, boîtes de plateaux) peuvent facilement atteindre 2000 $, et bien sûr également l’objet de nombreuses contrefaçons tant il est facile à un bricoleur un peu outillé d’aléser un canon vierge. Le mouvement ne s’arrêtant que dans les années 60 (2), il reste pas mal de ces petits engins dans les greniers, disparates mais en bon état, et concernant des amateurs motivés qui les ont connus après-guerre et qui ont donc pour eux le parfum de nostalgie de leur enfance.

Pour les tireurs sportifs qui, peut-être, parfois nous lisent, voici comment ça se passait : avec les lanceurs fixes, on suivait grosso modo les règles du skeet avec les « maisons » haute et basse à 60 pieds l’une de l’autre (18-20 m.), le tir passant à 3-4 mètres au-dessus de vos têtes, et en se déplaçant en arc de cercle. Quand le dispositif était monté sur l’arme le tir était similaire à celui de la fosse, une gâchette sur la main faible faisant le « pull » avec tir immédiatement derrière à dix mètres. Allez sur You Tube, il y a pas mal de vidéos explicites. Les plateaux (parfois des biscuits quand on avait épuisé le stock !) étaient semblables aux « minis-argiles » employées de nos jours pour le rabbit, mais moins lourdes d’une dizaine de grammes pour être plus fragiles au tir de la cendrée.

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Pour y avoir été confronté tout cet hiver, en tant que chasseur responsable de société communale venant en aide aux agriculteurs, on peut se demander si on n’aurait pas là une solution pour se débarrasser des sansonnets qui assiègent les stabulations, au fond des étables, sans risquer d’éborgner nos paisibles laitières ?

1/ Il a également été utilisé par Geco et Anschutz sur carabines de jardin, conservant une douzaine de pouces de rayures, puis avant lisse.

2/ Remington eût un moment l’idée de poursuivre avec une cartouche spéciale en 310, et actuellement Henry fait des « garden guns » qui occupent ce créneau. Chez nous les carabines de jardin (voir notre archive à ce sujet du 18 mai 2017) qui auraient pourtant toujours leur utilité dans nos campagnes ne sont plus qu’un lointain souvenir, sinon dans les armoires de grand-mères. L’énorme palette des munitions 22 LR permet cependant d’y pallier, mais il faut absolument rester sous les radars, dans la discrétion, fourreau à l’épaule (car le « fusil à lunette » fait peur depuis les « films de snipers » à la télé et particulièrement tout ce qu’on voit actuellement en Ukraine), en tirant subsonique, et surtout silencer…

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