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7 octobre 2023

Les munitions KJG de Lutz Möller

De 2003, date du premier brevet à juin 2020 en Hesse et le décès de leur concepteur dans un accident d’ULM, cette période a clôturé plusieurs années de polémiques entre tireurs sur ces munitions KJG (Kupferjadggeschosse) qui eurent de nombreux partisans en Alsace-Lorraine, et partout dans le monde. Il s’agissait de munitions « solides » (1) monométalliques, légères dans le calibre, à flèche tendue et vitesse élevée. L’avenir du « sans plomb » leur redonne un regain d’intérêt.

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Cette gamme, de 6,5 à 9,5 mm partait du constat que les balles conventionnelles plomb à double enveloppe se heurtaient à la fragilité de ce dernier après 550m/s, le but était de proposer des balles polyvalentes aux emplois habituels, mais d’allonger la distance sans trop de pics de pression. Elles pouvaient intéresser des tireurs de calibres moyens sur des gibiers lourds dans toutes situations et distances et une DRO dépassant 200m. L’utilisation d’abord du cuivre (plus doux), puis du laiton (plus dur et nécessitant plus de charge et de pression) donnait l’avantage d’une seule même densité de métal tourné sur des machines CNC et meilleure au plan balistique (tout enlèvement de matière s’effectuant parfaitement dans l’axe du projectile) que les balles pressées ou moulées.

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Avec moins de masse totale, on attendait plus de portée et moins de recul en résolvant la mise en rotation par un vieux procédé connu depuis les débuts de l’artillerie moderne de bandes de guidage en plomb, réduisant la friction et améliorant l’efficacité du joint de gaz. Légèrement saillantes au lieu d’être « en creux » elles généraient des mini turbulences censées également réduire la traînée arrière aux hautes vitesses attendues : 100m/s de mieux en gros sur les calibres  classiques du commerce. Etroits et nombreux, ces anneaux de guidage devaient également mieux étaler la prise de rayures.  Pour l’utilisation chasse bien sûr on évitait la formule FMJ (full metal jacket) grâce à un point de rupture prédéterminé du cuivre, et une pointe creuse protégée par une coiffe en polymère.

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Pas de déformation donc, mais une partie avant se décomposant en quatre gros éclats dits « charge de surface » poussée par le noyau restant, imperturbable avec une progression régulière. Nous ne sommes pas loin de l’effet Nosler, avec juste, devant, un aspect bien plus frangible accentué par les hautes vitesses, et qu’on retrouvera plus tard avec les GPA Sologne et Barnes TSX. C’est la thèse de projectiles légers d’une classe de poids en dessous des balles précédemment utilisées, rapides et à trajectoires plates. Sur les calibres classiques (308 W, 30-06, 9,3X62) on dépasse 950m/s, et même sur le classique germanique 8,68 S, 1100m/s et une DRO à 250m !

La controverse s’installa sur la paternité de cette technologie déjà commercialisée dix ans plus tôt en Afrique du Sud par GS Custom, firme fondée par Gérard Schultz (qui d’ailleurs existe toujours), et la gestion nébuleuse et confuse de la commercialisation qui s’effectuait exclusivement via un site web, lui-même assez déroutant. Il s’agissait d’abord de balles chères (1,40 euro l’unité) s’adressant au cercle assez restreint du rechargement, mais il s’en fit aussi des « toutes cousues » via des sociétés allemandes partenaires, avec lesquelles se brouilla le concepteur et qui volèrent ensuite de leurs propres ailes.

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Les sites allemands de chasse se partagèrent en deux camps, les thuriféraires, et les détracteurs reprochant un rechargement difficile, hors des sentiers battus, une commercialisation aussi tortueuse qu’un site web certes instructif, mais difficile à suivre quand, de plus, on ne maîtrise pas totalement la langue de Goethe. L’esprit pionnier et solitaire des travaux de L. Möller et son fort caractère, plus expérimentateur que commercial, n’ajoutèrent rien à l’affaire, avant sa mort accidentelle tragique à l’âge de 69 ans. La législation spéciale allemande particulière séparant assez nettement le droit commercial et celui de la production des armes, ne devrait pas faciliter la reprise de cette lignée de munitions qui a toujours ses adeptes, même dans notre pays, via la proximité avec la frontière de l’Est. Par ailleurs, depuis plusieurs années, de grandes marques, on pense notamment en premier lieu à Lapua avec la gamme Naturalis offrent munitions manufacturées mais aussi composants de rechargement dans de nombreux calibres classiques (8X57, 7X64, 9,3X62, etc.) dans toutes les zones, de plus en plus nombreuses où le plomb n’est plus autorisé.

1/Les munitions monométalliques en alliage cuivreux ont souvent fait l’objet de confusion avec la terminologie ancienne de balles « blindées » ou FMJ (full metal jacket) interdites à la chasse.

 

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