Chasseurs comme la peste...évitez la bredouille !
Ah, la bredouille ! Voilà bien la hantise du chasseur, traduite ci-dessous avec humour par le Journal des chasseurs...en 1841 !
Il est pour le chasseur, mille termes divers
Qui peignent ses plaisirs, ses succès, ses revers.
Dans ce dictionnaire aussitôt que je fouille,
Je suis sûr en l'ouvrant, de tomber à ...bredouille !
Combien m'a-t-il coûté de pièces de cent sous,
Ce mot, à mon avis, le plus affreux de tous.
Combien de fois ayant vidé ma poudrière,
Sans avoir même vidé ma carnassière
Ce mot m'a-t-il forcé d'acheter à tout prix
Chez le garde en passant, lièvre, lapin, perdrix
Un beau jour en rentrant, tout fier et plein d'audace
J'étale mon gibier...je suis le roi de la chasse !
Mais un noir marmiton, plumant chaque perdreau
Déclare qu'ils ont tous donné dans le panneau.
Que vierge de mon plomb, le lièvre qu'il dépouille
Avait été pris au collet, et que j'étais bredouille.
Et je vis mon royaume encore au mot bredouille
M'échapper tout à coup pour tomber en quenouille.
Croirait-t-on que souvent, au sein de mon ménage
La syllabe ronflante a fait naître un orage ?
Ma femme me voyant rien sortir du carnier
Demande à quelle sauce on mettra le gibier ?
Le jour où j'en rapporte aussitôt ma vestale
Me demande le cours des perdreaux à la halle.
Elle dit que la poudre et le plomb tout compris
En comptant les accrocs de culottes et d'habits
Le permis payé, et les pourboires aux gardes
Chaque perdreau revient à six francs dans sa barde.
C'est là que la discorde agitant son brandon
Vient métamorphoser mon ange en démon.
Pour la paix du ménage, et par crainte des brouilles
Chasseurs comme la peste évitez...les bredouilles !