Un "drôle d'oiseau"...le corbeau !

Les semailles se préparent...et les chasseurs itou, pour une campagne de régulation de plus en plus nécessaire. Les corvidés nuisent à l'agriculture, aux couvaisons, et sont dotés dans le monde animal d'une image sombre et brillante à la fois car ce sont les plus intelligents des oiseaux.

L'épouvantail était autrefois la seule arme des agriculteurs son nom anglo saxon (scarecrow ou « effraie corbeaux ») montrant sa destination, et on l'investissait d'une force quasi magique. On le confectionnait avec les dernières gerbes, le bouquet de la moisson, sorte de poupée que l'on promenait à travers champs. On disait qu'il était plus efficace si revêtu des vieilles nippes d'un chasseur de corbeaux, moyen semblant rendre hommage à la fabuleuse mémoire de ces oiseaux. D'une nature sinistre, c'était l'oiseau de mauvais augure et des gibets, en arpentant les champs frais semés, ne mettant guère plus d'une semaine ou deux à se rendre compte que le bonhomme de chiffons était inoffensif, arrivant en bandes nourries comme les pillards, il semblait toujours se moquer du labeur des hommes tout autant que des ruses des chasseurs.

Dans la littérature médiévale il était curieusement associé tout à la fois au bien et au mal. Il apporta chaque jour à St-Paul, caché dans une caverne une miche de pain, protégea après son martyre le corps de St-Vincent. Chez les Scandinaves il était avec les deux corbeaux Hugin et Mugin perchés sur les épaules d'Odin, le conseiller des dieux, et les Vikings lors des longues traversées en emmenaient en cage qu'ils ouvraient pour retrouver la route de la terre la plus proche. En terre d'Islam il faisait partie (avec le chien, le serpent, le rat, le vautour) des cinq scélérats du monde animal pour avoir voulu dénoncer à ses poursuivants, le Prophète caché dans une grotte, et qui, de blanc qu'il était auparavant, l'aurait peint en noir !

Associé à la mort ou avatar de cette dernière dans le nombreuses légendes, il suivait les armées devant livrer bataille, rôdait autour des gibets et s'associait au destin des criminel qu'on décapitait en Angleterre sur la « ravenstone » ou pierre du corbeau.

Tous les chasseurs le savent, c'est un adversaire redoutable : portez sur votre épaule une faux ou un fusil, il fera bien la différence, de la même manière qu'il saura bien compter combien de fusils sont entrés et ressortis du bois. S'il en manque un, il se gardera bien de le survoler. Aux leurres, il est imprévisible, surtout en pleine journée. Immobilité et camouflages extrêmes sont bien sûr de mise, mais il peut venir de partout et à toute heure. Se poser loin et observer, rameuter des congénères...mais très haut, en tournoyant hors de portée, et (un peu comme les rats avec les appâts) on peut penser que le volier finit par envoyer (ou plutôt sacrifier) un oiseau qui vient à la pose...et encore, jamais longtemps ! Son vol lent et régulier est trompeur, le chasseur aperçu, il se laisse tomber sur l'aile...et c'est au-dessus ! Et si on le voit trop tard...oiseau passé...oiseau manqué !