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6 avril 2015

Gardes...et braconniers !

« Il n'y a pas de meilleurs braconniers...que les gardes » disait-on autrefois où certains vieux auteurs (E.Blaze entre autres) n'étaient pas tendres pour ces représentants de la Loi qui, aux alentours de 1900, étaient surtout ceux de riches propriétaires terriens, châtelains ou agriculteurs, une situation assez différente de celle que l'on connaît de nos jours.

 

ooo

A cette époque le gibier non seulement abondait, et même pullulait car avant la fameuse épidémie de 1952, le lapin commettait d'extraordinaires dégâts, mais il y avait foison de lièvres, de faisans (sauvages), de perdrix. Les sociétés communales n'existant pas encore, le garde était au service souvent de plusieurs propriétaires dont, en sus de son travail, le plus souvent de simple journalier, il surveillait les terres. Il prêtait serment devant le juge de paix qu'il pouvait alimenter ensuite en procès verbaux sur les infractions commises seulement sur l'espace de ses commettants...c'est-à-dire dans la situation de nos gardes particuliers de sociétés communales de nos jours.

Un travail qui rapportait peu, sinon de pouvoir chasser de temps en temps, et de casser la croûte un dimanche par ci par là avec ces propriétaires qui étaient tous agriculteurs-chasseurs. Il fallait conduire les battues, piéger, aider au repeuplement et à l'élevage (notamment des faisans...avec des oeufs de fourmi !), sortir trois ou quatre nuits par semaine, en connaissant bien sûr toutes les « ficelles » des bracos du cru dont nous vous parlerons dans un prochain article à suivre. Ce n'était jamais facile de « piquer » des pauvres bougres dont les collets n'avaient pour but que de faire bouillir la marmite...et qu'il pouvait saluer chaque jour à l'estaminet. Par contre il se motivait sur ceux qui faisaient ça...par vice, ou qui avaient ça « dans le sang », personnages magnifiquement campés par Maurice Genevoix dans son fameux « Raboliot » ! Ci dessous à dr. le garde particulier,  reconnaissable seulement à sa grosse plaque "la Loi", accompagné de son épouse, inspecte un campement de forestiers. 

 

lllll

Le top, c' était d'arriver à passer garde sur les terres d'un châtelain, avec des avantages certains, mais aussi beaucoup plus de contraintes. Ce garde habitait dans un pavillon au confort sommaire, éclairé au pétrole et l'eau au puits voisin, mais parvenait souvent à faire embaucher son épouse au château comme domestique où cuisinière où régnait en maître un régisseur en col blanc à qui tourte la maisonnée devait rendre des comptes. Le garde était ainsi chargé, en sus de toutes ses tâches cynégétiques ici démulitipliées car il s'agissait de « grandes » chasses, avec invités souvent prestigieux, renouvelées toutes les semaines, de travaux de surveillance, des bois, de l'abattage, et même du personnel. Il améliorait son ordinaire sur le gibier, mais toujours sous la surveillance du régisseur, les primes aux nuisibles, les peaux qu'il récupérait et préparait à la vente pour des grossistes approvisionnant les fourreurs et chapeliers parisiens.

 

Les autres gardes, selon un schéma qui l'on retrouve un peu de nos jours mais sous d'autres noms étaient les « St-Hubert », qui circulaient (à vélo !) par deux sur les domaines des propriétaires cotisant aux Fédérations naissantes. Ces derniers avaient une réputation d'extrême sévérité, et travaillaient en étroite relation avec les « brigades mobiles » qui, au-dessus (un peu à l'image de notre ONCF de nos jours) intervenaient sur les actes de braconnage de grande envergure. Les lieutenants de louveterie, étaient encore pleinements actifs sous l'autorité des préfets, sur leur charge originelle de destruction des loups, en extinction néanmoins, nous en reparlerons bientôt. Dans tous les cas, toutes ces "autorités", (gendarmes, bien sûr y compris), étaient beaucoup plus répressives que de nos jours. Il ne faut pas oublier qu'avant la Grande Guerre, la société de nos pères était d'une grande sévérité pour tout un tas de petits délits (vagabondage, mendicité) dont le braconnage faisait partie, et où pour le moindre collet on pouvait écoper d'un an de prison ferme ! Au moindre crime de sang c'était la menace de la guillotine...exécutée le plus souvent !

 

braco nn

Prochain article : les ruses des braconniers...et même une de leurs plus fameuse recette...de cuisine ! Car on ne veut pas que ce blog vous incite, comme nos aïeux...à mal faire !  

Ci-contre à g. un "Saint-Hubert" en plein contrôle du permis. Il porte l'uniforme, et même un sabre ! Ils se déplaçaient par deux en vélo, sur l'équivalent d'une circonscription. 

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