La saison approche...un coup d'oeil au râtelier !

Les validations sont de retour, il est temps de retourner au râtelier, de se replonger et de faire le tri dans la réserve de vieilles cartouches, de « fourbir » ses armes comme on disait autrefois.

Un fusil n'est pas qu'un assemblage harmonieux d'acier et de bois, et c'est autre chose qu'un outil car il est surtout vivant de la richesse des souvenirs qui lui sont attachés. C'est plus qu'un objet car il est capable de transmettre à distance la volonté du chasseur, et s'en occuper dans les règles de l'art est tout sauf une corvée, c'est un plaisir. « Pour le coureur des bois – disait S.Tesson- le couteau et le fusil sont aussi précieux qu'un compagnon de chair. Un objet qui nous a accompagné dans les péripéties de la vie se charge de substance et émet un rayonnement particulier. Le temps le patine. Les années le cuirassent. Il faudra longtemps côtoyer son patrimoine d'objets pour apprendre à aimer chacun d'eux. Le regard aimant posé dessus se transmet aux substances et aux éléments, la nature des objets se révèle et on semble percevoir les mystères de leur essence ».

Voilà tout est dit (et bien dit !) pour nous inciter à prendre soin avec plaisir de ces compagnions d'une passion exigeante au gré de quelques opérations sommaires à la portée de tout un chacun. Retour de chasse, ne jamais laisser une arme humide dans sa housse, accessoire désormais inséparable de nos déplacements du fait des nouvelles règles de sécurité. C'est la garantie assurée, au bout de quelques jours, de la voir couverte d'une fleur de rouille qu'il sera difficile de reprendre sans risquer d'altérer les bronzages. Sopalin ou papier journal pour enlever le gros, laisser sécher et s'attaquer dès le lendemain matin, aux manipulations de base : écouvillonner pour ôter les traces de poudre, toujours corrosives, et lubrifier en gardant présent à l'esprit que graisser et huiler ne sont pas la même chose !

Tout d'abord éliminer de son établi deux de nos grands ennemis que sont des produits « miracle » comme le WD 40 ou le « trois en un ». Passe encore pour le vélo du petit ou la serrure du jardin car s'ils chassent l'humidité et contiennent des solvants, ils ont la fâcheuse manie de « gommer » à la longue. Pour le chasseur trois lubrifiants sont à retenir : l'huile fine pour les mécanismes, l'huile de lin (ou le Schaftol) pour les crosses et bois, la graisse armurière (Armistol par exemple) pour les canons. Même côté mécanismes et métal, il n'est pas bon de trop huiler car, à la longue ça noircit les bois. Attention donc aux bombes ou sprays, pratiques cependant avec leur long bec pour aller dans les recoins. A la limite vaut mieux passer un peu plus de temps à tout désolidariser : canons, crosse, longuesse, et procéder soigneusement avec un petit pinceau.

Pour ceux qui ont plusieurs armes, une observation importante est celle de la longueur de crosse à harmoniser facilement. Plutôt que l'empirique et approximative méthode qui consiste à placer la crosse au creux du coude et de voir si l'index accroche la première détente, prendre la mesure moyenne et standard sur l'arme qui vous va le mieux. Celle que vous emmenez prioritairement quand il faut être efficace quand on est sous le regard des autres, aux battues par exemple. Après point besoin de sortir de l'école de Liège pour dévisser la plaque de couche et d'intercaler ce qu'il faut de néoprène dont vous trouverez de quoi faire une dizaine de crosses, à 4 euros la feuille chez Bricomachin ! Les plus motivés, s'ils ont le prolongateur permettant d'aller chercher l'écrou de tirant de crosse auront alors ensuite accès à la batterie où ils pourront alors jouer du petit pinceau et de l'huile fine dont on a parlé plus haut...mais jamais de graisse là dedans, et surtout ne pas se lancer sans connaissances précises dans des démontages hasardeux. Sans pinces spéciales, les ressorts de percuteurs vont filer sous la commode et autres joyeusetés ! Laisser tout ça aux armuriers.

Un autre aspect fort accessible au commun des chasseurs, fort intéressant au demeurant, est celui désormais très large des aides à la visée. Sans même parler des lunettes et points rouges, de leurs dispositifs d'ancrage, il existe une large palette de guidons et points de mire lumineux et de toutes formes qui, du jour au lendemain, peuvent tout changer dans une saison, et transformer le rossignol hérité du grand oncle, en un redoutable ramasseur de perdreaux ! Faut juste y réfléchir un peu, et penser à l'avance sa saison : comment j'irai en battue, à la billebaude sur le terrain, à l'affût au pigeon ? Rien que d'y penser...on chasse déjà un peu n'est-ce-pas !