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9 juin 2016

Une nuit au gabion, en Baie, en 1976 !

Toujours dans notre gamme « vécu », ici il y a bien longtemps…juste quarante ans…et de l’intérêt de conserver ses carnets de chasse où tout est consigné : une nuit de gabion mémorable bien que dans des conditions difficiles, froid glacial, mais surtout  de nuit noire.

baie 001

 

Nous sommes le vendredi soir 29 janvier 1976, gabion dit « du champ de courses » à Genêts, deux fusils, avec une bonne marée du soir à nuit bien tombée (19h30), petit coefficient (82), mais un coup de froid très vif en tout début d’après-midi qui nous a décidés à tenter le coup. Grosse averse de grésil en piquant les formes, et fort passage de vanneaux : un doublé par ici, un doublé par là…on doit restreindre le tir car le stock de cartouches file vite. Notre photo à dr. : prise le soir même, ce qu'on voyait aux guichettes le soir du 29 janvier 1976. 

La nuit tombe rapidement nous sommes en janvier. On se précipite aux guichettes excités comme des puces par ce préambule déjà exceptionnel, deux poses immédiates de sarcelles, deux tués, puis de colverts : encore deux tués. Obscurité totale, pas de lune, grand vent, passages incessants, le raffut des canes empêche de toute façon qu’ on s’allonge, pour se reposer ou tromper l’attente. Nous sommes deux copains qui chassent toute la semaine, qui font du sport (foot et hand) ensemble, on a les mêmes copines, on a autre chose à faire que de taper la belote. On reste dans la chambre de tir en chuchotant, à tenter d’aligner les ombres furtives qui se promènent sur la mare. On n’ose même pas aller casser une croûte dans la chambre de repos, sinon à tâtons, pour conserver une vision nocturne au top, car dehors, on n’y voit goutte. Les jumelles arrivent à peine à dégrossir la zone, mais dès qu’on monte les fusils pourtant équipés de lunettes spéciales gabion et donc à forte luminosité…pas moyen de tirer dans cette nuit d’encre. Dix fois dans la nuit, on se concerte, on monte les fusils à l’épaule…pour rien ! On le devine au tintamarre, le plan d’eau est encombré d’arrivées de toutes sortes de becs plats : ça pose dans de grands tourbillons, et ça repart aussi vite. Les appelants sont fous, n’arrêtent pas de rappeler, et ça commence à tirer un peu partout en face, sur Huisnes, Ardevon.  On se rabat comme on peut  au lever du jour que sur ce qu’on voit le mieux à gauche où la lumière commence à  se lever sur Avranches, un volier de sarcelles : un-deux-pan…3 morts ! Au fur et à mesure on y voit bien plus clair, les poses s’enchaînent : 2 colverts, 4 siffleurs, des sarcelles à ne plus savoir où tirer, une vingtaine au total…

001

Vannés et fourbus, on dépique au grand jour alors que ça tire partout en baie avec un total de 38 pièces dont 31 becs plats (22 sarcelles, 5 colverts, 4 siffleurs, 7 vanneaux)…battant si l’on en croit le carnet de chasse de ce gabion, un record qui datait de 1962 avec seulement 14 pièces ! Peut-être d’ailleurs tient-il toujours ? Avec un fusil de plus et des conditions nocturnes  meilleures (27 pièces furent tuées seulement entre 6 h et 7 h 30 au matin), ce chiffre aurait aisément pu être doublé. On était comme on dit « dans le passage », puisque les passées suivantes du matin totalisèrent encore dans ce week-end béni de janvier 1976 : 8 et 3 colverts si l’on suit mes notes de l’époque.

Insouciants, jeunes et inlassables, le samedi soir même, juste après ce coup fameux, après une passée aux pigeons dans le bois d’Ardennes à Ducey, on partait pour le sport (handball à haut niveau national pour mon compagnon de tir, la plupart du temps sur Rouen-le Havre, voire Paris)), trois quatre heures de sommeil puis…chasse à la bécasse le dimanche matin sur les pentes de la Godefroy-St-Ovin…et foot le dimanche après-midi sur le stade Jean Bouin de Genêts…où la quasi-totalité des joueurs étaient chasseurs. Ce qui vous donne une idée de l’ambiance où on parlait plus de perdreaux que de  «  4-2-4 » ou de « défense en ligne » la grande mode de l’époque que les « footeux » reconnaîtront sans peine (1). Le jour de l’ouverture, les « visiteurs » étaient parfois fort surpris de voir les « locaux » arriver ainsi au compte-goutte, et au dernier moment tout équipés en bottes et en treillis, parfois le fusil encore en bandoulière, et les pattes du capucin dépassant du dossard ! Le match fini, deux -trois bières avalées vite fait à la buvette, il était encore temps de faire la passée…il y avait un marais et un gabion juste derrière le stade où commençait l’herbue vers le Mont Manet. On y allait à la bécassine…on y tuait du faisan ! Temps bénis où sur la côte, tout le monde chassait et, surtout…on avait vingt ans !   

colvert vol

           

 

1/ Clin d’œil ici à notre ami Claude M., de Genêts, grand acteur et témoin de cette époque où foot et chasse autour de l’USG faisaient bon ménage. C’est toujours, un des grands personnages incontournables de la chasse dans la Manche, notamment au gibier d’eau.     

                                                                                                                                                 Guy Morais

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