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2 novembre 2016

Le renard dans la ligne

C’est un exercice qui n’est jamais facile et qui peut toujours piéger le plus confirmé  des pratiquants de la battue, surtout quand on vient de tirer plusieurs fois du chevreuil, un animal relativement lent quand il se dérobe, haut sur pattes, et qui ne « prend » pas du tout le plomb. C’est aussi ce qui fait le charme de la chasse du renard, un véritable gibier à part entière et qu’on ne doit pas se contenter d’éradiquer comme « nuisible ».

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Le renard qui, nous ne devons jamais l’oublier, n’est qu’un chien sauvage, partage non seulement les mêmes qualités d’intelligence que son cousin domestique, mais il  a su les  développer  et même les décupler  à la dure école de la vie dans la nature. Très réactif à son environnement, il analyse rapidement toute nouvelle donnée : une porte qui claque, des éclats de voix, une quinte de toux, la simple odeur nouvelle d’un humain qui approche à mauvais vent déclenche des réflexes de survie sûrs et efficace. C’est, par excellence le gibier qui se forlonge loin devant les chiens, souvent dès qu’ils sont découplés. En cela, les lignes doivent se former en silence bien avant l’arrivée des piqueux, et se poster en fonction de passages connus, souvent les mêmes sur plusieurs générations de renards…et de chasseurs ! C’est là que l’expérience des « anciens » prime. « C’est là que ça passe » disent-ils sentencieusement avec l’air entendu de celui qui sait, et en remontrent régulièrement à la fougue des jeunots ou aux as du tir à la fosse quand, sans un bruit, et sans un geste ils laissent arriver le goupil « dérobard » et qui n’a pas encore pris son grand train de fuite pour l’aligner calmement avec leur vieux Robust, en « mettant ben drêt »…c’est-à-dire devant !

Les plus vieux « charbonniers » se font souvent avoir ainsi, victimes de leur assurance et de leurs habitudes. Rien ne leur fait peur, pas même l’eau : par deux fois en 5 ans sur notre société, ayant repéré un posté presque les pieds dans l’eau, on en a vu traverser à la nage le lac de Vezins, spectacle peu banal, imité par quelques chiens de la meute ! Par contre si la traque est bien fermée, une chasse passionnante peut commencer. Le renard peut tenter de contourner toute une ligne qu’il a détectée, en se servant du moindre accident de terrain : bord de talus, fossé d’irrigation, sillon de charrue, vieux chemin encaissé. La meute se rapprochant quelle musique, quelles belles menées car il randonne et amuse les chiens. Un jeune finira par se faire prendre en se calant sous un tas de branches ou un vieux terrier de lapin, mais les vieux après avoir bien analysé la situation peuvent alors prendre leur parti, et se décider à franchir la ligne.

Auparavant, on le verra prudemment passer la tête et s’avancer d’un mètre. On a tous été confrontés à cette expérience inoubliable quand on croise le regard de cet animal sauvage magnifique, où la vie et la mort vont, en une fraction de seconde, en un instant, se jouer pour lui quasiment  à pile ou face. Le plus souvent, entre deux dangers, celui des chiens ou celui de l’homme il choisira de risquer se faire prendre par ses congénères, ou,  s’il est vraiment pressé, de se faire tirer plus loin. Combien de fois, le simple geste d’épauler un peu trop vite en avance le renverra inexorablement dans la traque. Ce qui peut se comprendre pour le chasseur, montée d’adrénaline aidant, avec le crescendo rugissant et progressif de la meute, et le tir difficile qu’on sait tous à attendre derrière !

Car c’est aussi une caractéristique du renard : pressé, et s’ il se décide, il le fait franchement, à fond, complètement rasé, en suivant comme on l’a dit le moindre accident de terrain, ce qui ne facilite pas le tir, où  même des grands fusils s’y font prendre plus d’une fois…ce qui n’est pas plus mal parfois et les faire redescendre sur terre ! C’est une cible rapide, très longue, très plate et flottante comme un long ruban roussâtre, car contrairement à la dérobade qui se fait au petit trot et son bruit caractéristique dans les feuilles à l’automne, il est alors au grand galop. A la surprise, on est souvent derrière au premier coup…et encore derrière au second, car un peu comme le lièvre il sait en garder sous la semelle pour donner encore un petit coup de boost à la première détonation, surtout s’il n’a pas été trop mené. Trompé aussi par la queue ou le panache et l’envergure d’un animal qu’en fait on ne le  voit pas si souvent dans la saison de chasse devant soi, à part aux battues, on est souvent derrière et dessus, et comme il passe vite, sauf à lui casser une patte, il encaisse fort bien le « tir de cul » de surcroit souvent déjà lointain, presque hors de portée. Et c’est toujours un crève-coeur de le voir « accuser le coup »…et repartir comme si de rien n’était, sauf à finir misérablement bien plus tard. Ce magnifique animal mérite comme tous les gibiers d’être tiré à coup sûr, de lui appliquer les mêmes notions d’éthique, et de ne pas se laisser aller à considérer que son appellation de « nuisible » puisse permettre toutes les audaces. 

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