Le superposé Darne S1

C’est le fusil d’une vie de chasseur rural, acheté pas très longtemps après le « certif », au temps où il n’y avait pas encore d’examen à passer pour courir la campagne,  et qui a donc pas mal vécu avant de passer entre nos mains pour son traditionnel (et sans doute premier en quarante ans !)  « carénage » de mi saison .

Ayant défloré techniquement le sujet des superposés Darne voici quelques temps (voir archives du 10 octobre 2016) c’est l’occasion d’avoir entre les mains une arme caractéristique de l’armurerie française puisque produite jusqu’à la fermeture de la marque en 1979. Nous sommes en présence d’une version intermédiaire du S1 puisqu’il a une bande ventilée et une gravure arabesque de la bascule, juste avant le S2 (à bande ventilée entretubes) et le S3 (à éjecteurs). Darne a même fait quelques rares armes de sport S4 et S5 de trap et de skeet, et bien sûr d’autres superposés à fermeture tuile (comme le Petrik) mais d’un autre niveau de finitions et de prix en occasion (1).

Même s’il a beaucoup vécu (longuesse branlante, quadrillages quasiment disparus à force d’être « poignassés ») et sans doute…tombé de haut, capot de voiture ?  (bande ventilée enfoncée, bec de crosse et plaque de couche éclatés), le verrouillage reste ferme et net et surtout l’état intérieur des canons nickel, le chromage, dûment estampillé « finition à la pierre » sous la frette y étant sans doute pour quelque chose.

Le verrouillage à deux tenons latéraux entre les deux canons, un peu comme chez  son voisin stéphanois Verney-Carron permet de se passer de portées de recul et donne une bascule basse et élégante, une sobriété  d’ensemble encore perceptible de nos jours. La simplicité mécanique, pas de tourillons rapportés, une bascule monobloc explique aussi qu’il ait pu arriver sans jeu après manifestement beaucoup d’usage. La légéreté (2,8 kg) en 12 s’explique aussi par des canons ajourés sous un devant mince et fuyant, facilitant une montée à l’épaule rapide, et surtout une maniabilité intéressante à une époque, il y a quarante ans, où la billebaude devant soi, notamment au lapin, était la base de la chasse française.

Dans la même enveloppe de prix par exemple qu’un Falcor qui lui est contemporain (1200 francs quand le SMIG était à 750 F et le paquet de Gauloises à 5 F.), ce fusil est plus élégant proposé de plus ici avec un jaspage qui, bien sûr a maintenant totalement disparu du fait des incessantes manipulations. Chambré à 70, avec une âme de 18.4, simple épreuve à 920 bars, c’est une arme qui, bien sûr rend encore d’éminents services  à son propriétaire qui s’en sert pour un peu tout : billebaude, mais surtout grand gibier au poste. Le rétreint classique (full et demi) le contraint néanmoins à quelques précautions vu l’offre en munitions qui s’est beaucoup étoffée vers le haut en quatre décennies.

Il faudra bannir toutes les semi-magnum que l’on trouve désormais sur le marché (40 gr.), et au grand gibier tout ce qui est désormais « dopé » tant à plomb qu’à balle. Par exemple aucune « spécifique » que l’on fait actuellement pour le chevreuil en mélange de plombs , et à balle toutes les « grosses » Brenneke qui « poussent » trop dur dans un fusil ancien et léger. Elles ne seront bonnes ni pour la fermeture de ce vieux fusil qui a déjà beaucoup donné, ni pour l’épaule du tireur, même si celui-ci qui est notre voisin de poste en battue, a certes, on le sait, la stature pour étaler la charge... A balle ce sera  plutôt une ensabotée légère sous-calibrée comme la Rubin Sabot.

Avec pas mal d’huile de lin , de Shaftol et de coude …qu’il n’avait jamais autant vu…(ni bu !), ce vieux « poilu » révisé et graissé de partout, équipé, cerise sur le gâteau, d’une fibre optique de même couleur est prêt à repartir en septembre « comme en quatorze »…anniversaire qui est, en plus, d’actualité.

1/ Le Darne S1 en occasion vaut de 700 à 250 euros selon l’état, de neuf (voir ci-contre à g. ce beau S1 à finition jaspée) à moyen, ceux à fermeture tuile trois fois plus, un peu comme la différence, pour les juxtaposés, entre les séries R et P et V. Le problème des Darne c’est qu’il s’en est beaucoup fait, que c’était un fusil populaire et d’emploi. Donc la marge d’écart et d’état est immense au contraire des fusils chers et « fins » s’ajoutant à des panoplies déjà bien fournies de gens les utilisant peu ou en alternance avec d’autres, et ayant la culture (et les moyens !) d’un entretien suivi, ce qui rend plus ferme la cote de ces derniers. 

Comments

[sergez]

Bonjour

Je possède un Darne S3 Il est en excellent état Platine très travaillée Je veux m'en séparer Quel est son prix approximatif