Ni désuet, ni dépassé : le 45-70 Governement

Nous en avons déjà parlé il y a quelques temps (archives du 18 janvier 2013), les armes à levier de sous-garde, « western» si on veut, arrivent dans nos battues, autrement que par l’historique 30-30, avec des calibres mieux adaptés aux sous-bois, mais qui ne sont pas des perdreaux de l’année. C’est le cas du 45-Governement dont l’offre est désormais conséquente dans notre pays, tant en armes qu’en munitions.

Cette balle militaire succéda en 1873 au vieux 50 qui tirait un peu plus gros (balle de 27,55 grammes) mais moins bien adapté, à partir de 1892 à l’arrivée des poudres sans fumée pour un tir militaire précis à 100 m. qui correspondait aux besoins de l’époque. Le calibre 45, c’est le diamétre de 11,43 chiffre qui parle à tout le monde puisque c’est celui du fameux « Colt 45 » mais avec une douille de 70 poussant une balle de 495 grains (26,24 de nos grammes). En 1881 on lui adjoint une balle de 500 grains (32,40 gr.) qui tapa dans l’œil des chasseurs car susceptible de mettre par terre tous les grands animaux, même les plus dangereux (grizzlys) du continent nord-américain. Cette balle de 500 grains vous l’aurez noté, c’est grosso modo une de nos Brenneke, poussée à peine un peu plus vite à l’époque (410 m/s) que nos bons vieux douze. Mais de nos jours la balistique et la technologie ont un peu boosté cette vieille ogive qui a plus que doublé ses performances originelles du temps de la poudre noire.

Selon la longueur de canons elle dépasse maintenant les 500m/s et la puissance à 100 m. (autour de 2000 joules) lui donne une portée utile sans correction de plus de 100 m. mais guère plus, les lois de la physique pour des balles lourdes filant à vitesse modérée étant implacables : la chute avoisine ici, selon la munition, les 2 m. à 300 mètres ! Par contre, on l’aura tous compris, en battue elle garde tout son intérêt notamment en milieu boisé, sa fiabilité, simplicité d’entretien et d’emploi  notamment sécuritaire (1) pour les armes à levier de sous-garde qu’on va examiner ensuite, en faisant l’arme de prédilection des traqueurs ou de la recherche au sang.

Ce calibre a été popularisé aux USA par la célèbre Winchester 1886, (ci-dessus) celle des westerns, des guerres indiennes, look et cinématique revus en 1972 quand Marlin sortit sa 1885 GBL. Ces deux grandes marques US font donc du 45-70, calibre également populaire dans une discipline de tir qui arrive chez nous (mais avec des charges plus légères) que l'on voit ci-dessous à dr. le « cow-boy-shooting action » (2). Elles ont été rejointes par nombre de copies de bon niveau et moins chères : Chiappa, Uberti, Rossi (Rio Grande). On trouve aussi maintenant des express : Fair, Sabatti, Pedersoli (3) et surtout à un prix défiant toute concurrence Baïkal MP 221 Artemide dont les essais en ligne montrent une précision intéressante de l’ordre de la boite d’allumettes à 50 m.

Maniable avec beaucoup d’armes à canons de 47 cm, c’est l’idéal pour les tirs courts à moins de 60 m. ce calibre « tape » beaucoup moins que les calibres à peu près de même diamètre (9,3)  que l’on rencontre chez nous, et même que du 308 : selon la munition, c'est un ressenti qui va de la cartouche de douze classique, à celui tirant une balle à sanglier. Rien de bien dépaysant donc pour celui qui veut débuter à l’arme rayée sans trop se ruiner. Effets de mode aidant, ces carabines au look western s’offrent aussi dans des calibres voisins qui n’apportent guère plus : 450 Marlin (plus puissante mais moins rapide), ou 444 Marlin plus puissante et rapide, mais bien sûr au recul plus viril. Elles sont maintenant rejointes par de (grosses !) munitions de pistolet (460 et 500 SW) dont nous parlerons dans quelques jours. 

Particulièrement populaire dans le pays qui l’a vu naître avec une bonne vingtaine d’offres dans la plupart des grandes marques, plus les « artisans » encartoucheurs qu’on ne trouve que là-bas, le 45-70 n’est pas près de disparaître tant il a mis de gibier par terre : whitetails (cerfs de Virginie), élans, bisons, et même une bonne poignée d’ « outlaws » menaçants au passage ! Dans le « Wild West » il accompagne même les paisibles pêcheurs à la ligne prévoyants en « back up »…en couverture si on veut,  d’une rencontre inopinée avec un grizzly entreprenant ! En France, Remington, Winchester, Partizan, et même…cocorico…notre tricolore Sologne en fait, tout ça à des prix accessibles autour de 40 euros les 20. Hornady avec sa Leverolution a même bien modernisé l’offre avec une balle à coiffe plastique souple qui dépasse la fameuse forme « nez plat » imposée par les magasins tubulaires (4). La balistique s’en ressent et s’améliore : 514 m/s et 2782 Joules à 100 m. le transfert d’énergie étant massif sans trop abimer la venaison, même du chevreuil. La comparaison, ci-dessous à dr. du 45-70 avec le 222 Remington se passe de tout commentaire quand à l'efficacité possible sur le petit cervidé ! 

1/Le chien apparent est assez pratique sur les armes à levier de sous garde car il permet de circuler en toute sécurité avec une cartouche chambrée. Suffit juste d’armer avec le pouce pour être prêt  à tirer.

2/C’est une discipline de tir assez spectaculaire qui se développe actuellement en France où, en costume d’époque on enchaîne le tir au pistolet « comme à O.K.Corral », à la carabine, et même au coach gun, notre bon vieux douze à chiens et canons raccourcis à 45 : bruit, poussière, couleur, fumée garantis !

3/ Ce modèle « Kodiack » bien nommé car c’est le nom des ours énormes qu’on trouve dans l’île du même nom en Alaska, modèle de grande qualité (5300 euros le bout) avec chiens extérieurs. Voir ci-contre à g.

4/ Facile à comprendre, les munitions s’empilant les unes derrières les autres (comme sur nos « automatiques » si on veut), la pointe des balles risquerait, avec le recul…de percuter celle qu’est devant…avec toutes les conséquence qu’on imagine, d’où l’obligation de passer par des balles à nez plat.