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7 juin 2017

Les corvidés et la théorie de l'esprit

Nous le savons tous pour les côtoyer toute la saison, et même après la fermeture lors des régulations de printemps à destination de l’agriculture, les corvidés sont parmi les oiseaux les plus intelligents de la création. Le chasseur, notamment celui d’affût (pigeon gibier d’eau) qui est, in fine, observateur de la Nature plus que d’autres, en est certes le premier convaincu.

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Il s’y cache de manière particulièrement sophistiquée, pendant de longs laps de temps. Il connaît les habitudes d’oiseaux sauvages méfiants, d’une grande acuité visuelle qu’on peut certes leurrer, mais les corvidés y ajoutent une dimension intellectuelle autrement développée. Paradoxalement c’est à la fois cette « intelligence » qui explique leur survie et leur longévité…et qui les fait donner dans nos pièges, par curiosité la plupart du temps. Ils s’y emploient par la théorie de l’esprit que nous vous invitons, pour ceux que ça intéresse à creuser sur le Net, mais dont on va expliquer pour la chasse, quelques observations de terrain.

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Nous pratiquons bien sûr les régulations agricoles de printemps, mais également avec un matériel beaucoup plus restreint (1) des sorties hivernales qui distraient un peu (pour les heureux retraités qui peuvent sortir en semaine dès que le lièvre est fermé !) de la ronde des passées du soir au pigeon. Ne revenons pas sur les exemples pratiques d’habileté du corbeau qui utilise des outils, imite voix et bruits comme les perroquets, sait résoudre des puzzles, vous en trouverez plein d’exemple partout.

La théorie de l’esprit c’est l’interaction entre individus et groupes de congénères, la passation d’informations simples utiles au groupe et qu’on peut se transmettre. Une image simple : à l’autre bout du terrain de football, sans s’en approcher plus loin qu’à portée de voix, on peut identifier qui fait quoi, qui commande, si tout à coup tout le monde se tait, dans l’expectative. Bref, même de loin, parce que l’on possède un code d’informations apprises dans le temps, on comprend ce qui se passe. Tous ces comportements humains ces signaux et informations simples dans un monde dangereux, ont amélioré la survie de notre espèce. Il en est de même pour les corvidés dont la longévité (40 ans, ce qui est exceptionnel chez les oiseaux) permet la même pérennité de la transmission. Un pigeon qui y voit aussi bien, sinon mieux, ne transmet rien ou pas grand-chose à ses congénères, il imite des comportements basiques d’alimentation, de pose, de peur, mais qui, déjà aident pas mal à la survie de l’espèce.

Les colonies territoriales de corvidés, souvent dirigées selon la tradition, confortée par l’observation, de vieille femelles facilement interchangeables en cas « d’accidents » qui ne sont pas rares dans la saison (le coup de fusil du chasseur à  l’occasion par exemple), ne se mélangent pas, mais échangent des informations : sur la nourriture, les activités humaines plus ou moins dangereuses pour elles (2 ) mais aussi liées à l’environnement naturel : renard, chat errant approchant, rapaces. Un comportement qui explique qu’un corbeau isolé va passer sur vos formes sans y jeter un œil s’il a « mieux à faire » à rejoindre ses collègues installés ailleurs. C’est pour lui, une autre bande dont il ne fait pas partie et où il a toutes les bonnes raisons de se faire jeter. Tout au plus il jettera un petit appel, comme ça pour vérifier à qui il a affaire.

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Par contre, installez vos formes à 500 m. d’une bande qui dans la journée, est là depuis des semaines, et vous la verrez y envoyer une sentinelle qui, prudemment, va faire les cent pas (toujours à 100 m. limite portée de fusil distance fort bien intégrée par ces oiseaux) pour vérifier qui sont ces intrus…en plastique ! Il va appeler deux-trois fois, et comme vous répondrez (mal pour lui, car il ne reconnait pas le langage de sa troupe) avec votre appeau…il attaquera les formes pour les chasser, toutes ailes déployées. Fatalitas, et mauvaise surprise pour lui quand le chasseur sort alors subitement de son trou comme un diable de sa boîte…

Particulièrement social, susceptible d’empathie, du malheur qui arrive aux autres si on veut, c’est ce qui fait qu’il accourt (hélas pour lui, au coup de fusil aussi !) s’il voit un congénère désailé. C’est, en partie, (car jouent aussi les conditions de visibilité au lever du jour, de passage), à ces « bons sentiments » pour ses malheureux collègues, qu’on doit d’en tirer autant, au petit matin, lors des régulations. Plusieurs expériences ont montré qu’un corbeau a un comportement différent avec ses confrères s’il sait que l’on observe. Il changera par exemple de cachette ses trophées ou saura fort bien faire le mort pour les tromper. Ce qui arrive également souvent au tir où vous foudroyez un oiseau qui tombe écartelé, pattes en l’air sur le dos au sol. S’il est loin, il attendra un peu avant de tenter de s’éclipser pedibus. S’il tombe près, ce qui arrive assez souvent, surveillez bien son œil qui, bien sûr, l’émotion pour lui  passée,  a fini par vous voir bouger, ne serait-ce que pour vous lever et tirer encore. L’instinct de survie aidant, il attendra sans bouger une plume, malgré la blessure, que vous dépiquiez  pour tenter de filer en douce vers le talus tout proche. L’éthique bien sûr veut que, comme pour tous les animaux, on achève immédiatement les blessés.

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1/ Pour les régulations agricoles de printemps, l’effet de masse, au lever du jour est important. En plus du manège il est recommandé de mettre le plus de formes possibles, mettons une trentaine. L’hiver, ou disons en période de chasse, il est intéressant de faire des petites régulations ponctuelles, en bordure des habitudes des bandes avec seulement une demi-douzaine de formes. Par rapport au pigeon, ce qui est intéressant c’est qu’il n’y a pas d’heure de passage et on peut avoir des visites tout l’après-midi, mais faut environ une bonne heure pour pouvoir retirer. L’effet intéressant pour l’agriculture est le harcèlement à proximité de ces bandes (près de stabus notamment) qui finit par les décourager et les envoie se faire « paître » ailleurs…Attention cependant en période de chasse, à ne pas donner dans l’ambiguïté avec le manège qui est, rappelons-le, prohibé au pigeon. Donc pas de formes de ce dernier à proximité du poste.

2/ On l’a tous remarqué, les corvidés font fort bien la différence entre un agriculteur qui va dans son champ, fourche sur l’épaule et un chasseur dans la même position, mais avec un fusil cette fois. Il sait aussi compter si, sur trois chasseurs, un se cache dans un bois…qu’il se gardera bien de survoler ! 

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