1941 : un drilling pour la Luftwaffe !

Il n’est pas rare que la chose militaire et la chasse se « percutent » dans les aléas de l’Histoire, et la bizarrerie dont nous avons à voir aujourd’hui doit sans doute plus aux fantaisies du Reichmarshall Hermann Goering qui était tout à la fois aviateur, et grand chasseur, qu’aux nécessités des pilotes en difficulté…

Les « armes de survie » ne sont pas une nouveauté en temps de guerre pour les aviateurs tombés en territoire ennemi, elles sont le plus souvent compactes, de petit calibre (22LR), mais là on peut penser que le dirigeant nazi craignait trouver…des lions autour de Bir-Hakeim et de Koufra quand il dota d’avril 1941 à septembre 1942, l’Afrika korps d’un drilling de fort calibre (9,3X74 R) pour les aviateurs en détresse.

Sur une base de Sauer 30-25 introduit en 1930 par la fameuse marque de Suhl en Thuringe, l’arme sous la nomenclature officielle de « M 30  schrotgewehr des Luftwaffe » (2000 exemplaires) ne fut curieusement jamais intégrée dans la production dite « de guerre », mais continua de suivre le cursus de la production commerciale et donc à ses implications d’ajustage et de finition d'armes de grande classe, qui en font donc de nos jours un « collector » de grande valeur : 12 à 20000 dollars chez les collectionneurs. L’aigle portant la croix gammée, emblème de la Luftwaffe ornant sa crosse faisant toujours son petit effet.

Ce calibre douze (chambré 65) aux canons en acier spécial Krupp laufsthal avait un verrouillage de type blitz, la détente avant déclenchait selon réglage au moyen d’un petit levier latéral le tube rayé ou le canon droit. Ce choix soulevait également  la hausse réglée à cent mètres. L’arme démontée (poids 3,4 kg) intégrait une solide boîte verte en alu contenant la bretelle, un nécessaire de nettoyage, un manuel d’utilisation de 32 pages et des munitions : 20 balles du calibre 9,3X74 R (inventé en 1900 équivalent peu ou prou les performances du 400 Nitro Express), 20 balles Brenneke et 20 cartouches classiques à plomb). Ainsi équipé le pilote de Stuka tombé en plein désert devait survivre à tout…

D’un poids total de 7,250 kg, cet ensemble était embarqué, la valise en alu étant censée, comme les « boîtes noires » de nos jours, survivre à un crash violent. Le plus étrange c’est qu’n’on ait guère pensé que le choix d’une telle munition de chasse, à balles expansives et donc contraire aux conventions internationales, empêchait ipso facto le pilote naufragé de s’en servir contre l’ennemi, sauf à être immédiatement collé au mur !

L’examen des archives montre (photo ci-contre) que l’emploi de cette arme étrange à la guerre devait plus embarrasser les pilotes qu’autre chose : on les voit embarquer ici dans un Junkers 87 pêle-mêle un classique 98k et un M 30 « en vrac », sans la fameuse mallette…à la guerre comme à la guerre !