Chevrotines à la sauce "américaine" : là-bas aussi le sujet fait débat

En France, c’est plus ou moins entériné, il n’y a plus que deux départements à pouvoir légalement les utiliser, même si les fameuses munitions sont toujours en vente libre un peu partout. Mais l’ouverture d’esprit US, et les différences de législation entre états ont grandement permis, tout comme les « balles franches » d’ailleurs d’améliorer ces munitions particulières.

Beaucoup plus pragmatiques les chasseurs américains étendent leur champ à des notions inédites chez nous comme la « home defense », mais aussi de bien plus grands animaux, le cerf de Virginie bien sûr, mais aussi le caribou, l’orignal et même les animaux dangereux. Les chasseurs de loups l’emploient en complément de l’arme rayée (un peu comme certains « professionnal hunters » africains sur le léopard), et en Alaska face au grizzly car dévastateurs, de près, sur gibiers à peau fine. Certains états (Montana, Idaho, Wyoming, Washington) autorisent les tenants des activités de plein air non chasseurs (campeurs, randonneurs, pêcheurs à la ligne) à se balader armés là où rôdent les fauves même protégés (ours, pumas), le calibre douze étant plus facile à manier par le néophyte qu’un 500 SW Magnum ! Vous n’aurez toutes les administrations aux fesses que si vous leur poivrez l’arrière-train…Allez expliquer ça à nos bergers face au loup !

Aux Etats-Unis, ce sont les états à tornades (et au chablis qui suit !) à végétation touffue voire marécageuse (Floride) où du Sud-Est qui permettent (1) l’emploi des « buckshots ». Ce sont aussi ceux (New Jersey, Caroline Nord et Sud, Alabama) où il y a des meutes de chiens courants et où les « slugs » (balles franches) sont estimées trop dangereuses pour leurs conducteurs ou qui interdisent l’arme rayée. En vingt ans cette alternative a permis aux fabricants comme pour les balles d’ailleurs, de travailler intensément sur les alliages de plomb et les bourres. Il y a un large choix entre le plus petit N° de ballettes soit « 4 » (0,240 pouces), et quadruple zéro (0,380), le plus courant étant double zéro (0,33) qui va de 8 à 12 grains de normal à magnum, voire 18 dans une supermagnum. La technologie particulière des chokes née bien avant nous du fait de l’interdiction du plomb en zone humide et des tirs plus lointains au gibier d’eau (2) s’applique aussi avec l’emploi d’ajouts spéciaux (Boar Blaster, Buck Master, etc.) qui concentrent la gerbe.

La puissance d’arrêt à 30m est comparée au 45-70 Gvt le tir étant préconisé à l’épaule si gibier immobile, et à la rencontre cou-épaule en mouvement, mais il y a aussi beaucoup de détracteurs : choc insuffisant passé le tir de près ou très près, absence de canal lésionnel et de sang, gerbe plus vite arrêtée dans le « sale » qu’une (grosse) balle, manque d’éthique de chasseurs qui engagent le tir de trop loin…on voit ça aussi chez nous.

L’analyse des chiffres moyens donnés par les fabricants éclaire un peu notre lanterne. Une charge de neuf ballettes de chacune 54 grains, fait 486 grains (743 grammes) filant à 393m/s donne 2448 joules à la bouche, et 1632 à 30 m. mais attention hein, si seulement les 9 billes atteignent ensemble la cible, c’est-à-dire un cercle de 9 pouces (presque 23 cm) où on « coffre » à peu près la jointure cou-épaules, à 25 m. C’est à peu près la gerbe d’un « Modified » ou demi-choke chez nous, donc un rétreint encore raisonnable avec le fusil de monsieur-tout-le-monde, mais un full fera mieux encore, bien sûr à cette distance impérative de 25 m. Toutes les grandes marques font donc de la « buckshot » technique : Remington Ultimate Defense (… le terme, pas besoin de traduire, à lui seul illustrant bien la polyvalence, interdit même seulement d’y penser chez nous), Winchester XX, Federal Vital Shok, Hornady Gunner, et il existe même en Floride une firme spécialisée (Dixie Tri-ball) dans le sujet. Elle propose un chargement qui n’est plus vraiment une chevrotine, mais un chargement « multi-balles » (trois en fait) semblable à nos anciens « postes à loup » d’autrefois, mais avec les technologies de bourres et la métallurgie moderne permettant aux trois projectiles de rester groupés dans la zone mortelle jusqu’à 40m.

1/Chaque Etat possède sa législation propre, et en Virginie par exemple, les comtés qui correspondent si on veut à nos départements, ont des lois particulières régissant tout ce qui peut être tiré à certaines distances des routes et des maisons. Derrière, les propriétaires de terrains peuvent aussi imposer leurs choix surtout s’ils ont entendu certains projectiles siffler à leurs oreilles.

2/ L’emploi d’appelants vivants est généralement interdit en Amérique du Nord, c’est ce qui explique qu’on tire de plus loin, et qu’y sont poussées au maximum les stratégies de « calls » (appels) et « decoys » (formes ou blettes certaines étant de véritables œuvres d’art vendues un bras l’unité !). Tapez « waterfowl » sur internet pour voir le nombre de sites superbes, vous en resterez baba !