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FCM 25.00
9 janvier 2020

Légendes..."rurales" ?

Eh bien oui, on range au catalogue des légendes urbaines, des croyances étranges que l’on retrouve aussi dans le domaine de la chasse et qu’il importe de démythifier, sinon de démystifier ! Amusons-nous à consulter quelques-unes de ces légendes rurales qui se moissonnent à foison dans les libations d’après-chasse…

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On tuait plus de gibier autrefois ? Aux premières années des lois sur la chasse (1844) on comptait 125 000 permis, 500 000 en 1902, et quasi deux millions en 1949. Les archives du Chasseur français (1949) nous enseignent qu’en 1936 il se tirait en France 200 millions de cartouches par an. Ce qui à l’exclusion de certains tireurs privilégiés (1) et en tenant compte de l’exclusion de l’alouette, des grives, et même à l’époque du lapin et un taux de 50% de réussite au tir, ne ferait donc que 100 millions de pièces au tapis, et au final 50 par chasseur. Est-ce si différent de nos jours ?

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Un mythe balistique : ou du danger de tirer…en l’air ! Coup du Roi, tir au posé, on l’a tous plus ou moins à peu près fait, et on doit toujours se soucier de savoir où la gerbe de plomb va finir par tomber. A l’arme rayée où le poids du projectile est plus conséquent, le danger est tout simplement…mortel !

2003 est un peu l’année référence de ce danger : les tirs de célébrations de la mort des fils de Saddam Hussein firent 20 tués à Bagdag suite aux rafales de Kalachnikov tirées vers les étoiles, et à Porto-Rico ceux de réjouissance du Nouvel An 19 blessés par bonheur avec des armes moins létales de poing notamment ! Le cas le plus célèbre est assez récent où au Nouvel An 2017 un membre démocrate de la Chambre des représentants sorti sur le pas de sa porte, qui prit sur la tête une balle de 222 Remington. A peine remis il s’empressa de tenter de faire voter un texte de loi pour empêcher tout tir d’une arme à feu sans objectif visé…mais en vain car on est au Texas !

Cette préoccupation des suites du tir vers les nuages est aussi vieux que les armes à feu : en 1764 Benjamin Robins fit déjà l’essai avec une grosse balle de l’époque estimant qu’elle avait pu monter jusqu’à 1 km de haut pendant 30 secondes avant de retomber on ne sait où. Les études les plus sérieuses datent de 1947 où le major J.Hatcher s’y prit d’une manière scientifique avec un calibre qui nous intéresse car rétabli légal chez nous depuis 2013, le 30-06 Springfield . La balle de 9g monta à 2750 m en 9 secondes et en mit 21 à redescendre au sol.  Il en tira 500 pour n’en récupérer que 4 autour de sa cible de 3 M2 tout ça bien sûr parce que, quand sa vitesse atteint zéro à une telle altitude, elle tend à basculer, tomber de côté, ce qui augmente la résistance à l’air et elle peut tomber bien loin de son tir initial.

Une petite balle genre 22 LR ira moins haut (1179m) mais en retombant autour de 150 km/h peut encore faire pas mal de grabuge, notamment à la tête, majoritairement touchée bien sûr, tout comme les pieds (15%) et la poitrine comme aux USA en 2007 cet homme de 47 ans qui passa 9 h sur la table d’opération pour lui extraire une balle de 45 ACP qui, venue du ciel, entrée par l’épaule avait fini dans son estomac. A noter qu’en France, tirer en l’air n’est pas un délit car il n’y a pas de lien direct entre la cause de la connaissance de la nature du risque, et son effet : ce serait le cas si en tirant un pigeon de passage, un plomb allait atteindre un promeneur que vous n’auriez pas vu à 300 m de là, ce qui est à peu près la distance parcourue par un tir de fusil de chasse à 45°. Les violences volontaires ne peuvent non plus être retenues un peu pour les mêmes raisons, mais les conséquences restent bien présentes au titre de la responsabilité civile, et pour nous chasseurs sont du domaine de nos assurances spécifiques.

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Les grosses cartouches usent prématurément les fusils ? C’est comme le culte passé, à leurs débuts des « grands culots », la hauteur du laiton n’ayant rien à voir avec la quantité de poudre, la pression, les chargements. Nos armes modernes fonctionnent à des limites de pression bien inférieures à la résistance des matériaux, et de ce côté les normes CIP (15 229 psi) sont bien supérieures aux normes américaines SAAMI (12000 psi). Le meilleur exemple fut donné en 1954 quand les cartouches de 3 pouces (chambre 76) furent introduites pour le calibre 20 sans que rien ne soit fait pour empêcher l’utilisateur distrait de les introduire dans le classique « 2 » ¾ (chambre 70). Certains sertissages ne purent se déployer complètement, mais la restriction supplémentaire et la compression de la combustion ne dépassèrent pas la résistance de l’acier. On voit ci-contre à g. des « 3 » avant et après tir, et à dr. les « 2 » 3/4, dans les mêmes conditions. De nos jours, les cônes de forçage progressifs aideront encore mieux « à faire avaler la pilule » !

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Fusils légers : le Français « fashion victim » ? On ne choisit pas une arme en fonction du poids, et de sa facilité de transport mais du tir. Comme les breaks, voitures à tout faire des années 80, hormis bien sûr les chasses spéciales comme la bécasse, les fusils légers font à peu près tout, mais à moitié. Ils donnent plus de recul, difficiles à balancer et à maintenir le suivi. Sur les pas de tir on manipule les armes en permanence et on tire par saison des milliers de cartouches avec des fusils plus lourds parce qu’ils sont plus efficaces. Beaucoup de chasseurs seraient donc mieux servis à tirer avec des fusils d’un poids raisonnable et équilibré, un peu plus longs de canons, et un peu moins chokés. On tirait beaucoup autrefois, dans les grandes chasses mais avec des fusils qui n'étaient pas encore "light" et avec peut-être plus d'adresse que de nos jours...

1/ Pensons par exemple au comte Clary (1860-1933), fondateur du St-Hubert Club de France qui tirait 6800 pièces par an. Voir notre archive de mars 2015.

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