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FCM 25.00
7 décembre 2020

Chasser derrière le rideau de fer

Une fois n’est pas coutume, au lieu de nous tourner sempiternellement vers l’Ouest, regardons ce qui s’est passé à l’Est où la Révolution a toujours été fort loin d’être une ouverture démocratique sur la chasse pour les populations ainsi « libérées » de l’oppression tsariste, pour passer sous une autre, celle de la « nomenklatura ».

248px-Bundesarchiv_Bild_183-W0910-327,_Erich_Honecker,_Leonid_Breshnew

 

Ce fut en effet une des caractéristiques de tous les caciques des démocraties populaires de Tito à Honecker en passant par Ceaucescu, et même Trotski quand il fut relégué en Mongolie en 1928, de reproduire les rites du passé. S’il faut passer bien sûr par la grande phobie de tous ces autocrates de voir la population posséder des armes, l’étendue de vastes territoires enneigés rendit quand même la chasse incontournable pour de nombreux fonctionnaires, scientifiques, gestionnaires de territoires, et bien sûr, ce qu’on nomme de nos jours pudiquement les « minorités » ou tribus nomades du Grand Nord. De nos jours, il faut être titulaire de 5 ans de pratique à l’arme lisse pour escompter faire l’usage d’une arme rayée, et la chasse est toujours pratiquée par les petites couches de la nomenklatura de niveau régional.

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Par rapport à ce qu’on vit à l’Ouest à partir de 1900, le niveau a toujours été assez pauvre de recherche et développement pour les raisons d’exercice démocratique énoncées plus haut, point bien sûr de « wildcatters » là-bas, où tout est inféodé aux groupes militaro-industriels particulièrement lourd en matière de bureaucratie et d’innovation. Les chasseurs, éleveurs de rennes, se contentèrent longtemps des surplus et du calibre 7,62X54 R Mosin-Nagant (datant de 1891 !), par chance assez rapide (830m/s) avec une balle relativement lourde pour le calibre (147 grains) 3600 joules à la bouche, utilisable en de bonnes mains (voir les exploits des snipers de la grande guerre patriotique) autour de 500 m. Il y eût bien sûr des versions raccourcies (mod. 38 puis 44 jusqu’en 1948 à Izhevsk), l’emploi également d’armes capturées (Mauser, Arisaka) mais vite touchées par le manque de munitions disponibles dans un pays fermé.

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Fort heureusement la sortie de la carabine SKS en 7,62X39, anticipant de deux ans (1945) la célèbre Kalachnikov, mit sur le marché nombre de surplus de cette petite carabine rustique qui aux mains des tribus sibériennes, opéra un peu dans le même esprit que la Winchester 73, une centaine d’années plus tôt de l’autre côté du Pacifique. Ci-contre à g. et à dr.  Ce « petit » calibre avec à peu près les mêmes données balistiques que le 30-30, outre sa rusticité, permettant aussi un polycriblage sur les plus gros animaux même dangereux comme l’ours, dans des tirs de près et de stricte subsistance que l’on retrouve chez tous les peuples dits « premiers ». Tributaires de la Nature, ils n’en abusent pas et vont à l’essentiel sans notions de « sport » ou de fair-play. Faut que ça tombe, pour que tout le monde mange dans la yourte…

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Le second calibre notable de l’après-guerre fut, en 1961, sans trop se casser la nénette d’ailleurs, le 9,3X53 R (1) en gardant la cartouche précédente juste en ouvrant le collet pour y fourrer une ogive de 9,3 et deux balles une expansive pour les gros animaux, et une FMJ pour ceux de moins de 250 kg. C’est dans ce calibre qu’apparut la carabine semi-automatique « Medved » dont le développement fut parallèle dans les années 1958-1961 du fusil de sniper SVD, et la parenté évidente et son look d’arme réglementaire.Voir ci-contre à g. le fusil de chasse est en haut. Œuvre de l’ingénieur Zorin, de l’arsenal d’Izmash (qui fait la fameuse Kalach et les armes Baïkal) elle fut présentée en Europe pour la première fois en 1965 à la foire de Leipzig, et connut un certain succès à l’export, malgré une production assez faible car en 1990 son cousin germain, le fusil de tireur d’élite SVD Dragunov passa au 9,3X64. 

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Il n’y avait à l’époque en semi-auto sur le marché que la Remington « Woodmaster » (1960), la Browning BAR ne sortant qu’en 1966, et l’arme russe était légère (3,3 kg), des masses bien réparties, un recul faible amorti par le mécanisme à emprunt de gaz et bien sûr l’attrait exotique de son nom voulant dire « ours »…tout un programme ! La balistique était cependant quelconque, vitesse faible de 700 m/s, grosse flèche de 25 cm à 20m, seulement 2000 joules à la bouche, simplement la relativement grosse (230 grains : 15 grammes) balle était chargée de faire le boulot de près notamment pour l’ours à la tanière, les phoques et morses sur la banquise, ou tout bonnement en battue si on veut chez nous, mais sans être au niveau et même bien loin de là, du 9,3X62. La version I était à magasin fixe de 3 coups, la version II magasin amovible et en 1970 une « luxe » intégrant une version soviétique du 308 Winchester (2) seulement pour ce marché (à la demande parait-il de Brejnev en personne ?), étendue pour le modèle III (1975) à l’export. Le modèle IV (1982-2001) œuvre de l’ingénieur Voznezenski, s’était affranchi enfin de son look militaire.

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La seule carabine véritablement « civile » à verrou de facture classique (alimentation contrôlée notamment, 5 coups en deux piles) fut la « Los » (Elan), conçue dans la même période (1960) par le tandem Blum-Shesterikov, (production en série 1965) dans les deux calibres habituels précités. Il est à noter que le Mosin 91/30  est, du fait de son classement en catégorie C ainsi que sa munition se trouve facilement en surplus à un prix attractif autour de 350 euros, sans lunette. Il est, de plus éligible pour les licenciés FFT à la compétition TAR (tir à l’arme réglementaire).

1/Réalisé en 1957 par l’ingénieur Blum de l’arsenal de Novossibirsk, mais il existe également un 9,3X53 suisse et même un finlandais dont la balle est plus grande (9,30mm au lieu de 9,27) et surtout pressions plus élevées : 3400 bars contre 2900.

2/ Il s’agit du 7,62X51 mais non interchangeable avec la munition OTAN, ses performances étant très en deça des exigences du marché occidental.

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