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1 janvier 2021

22 LR : les carabines Gevarm

Ayant déjà abordé le sujet dans notre archive du 1er novembre 2019, creusons l’affaire sur les carabines populaires des années 70,  qui,  comme la gamme Gevarm, filiale de Gévelot fabricant célèbre de munitions, n’ont pas survécu aux décrets des années 93 à 98. Ce fut une des conséquences de la tentative d’unifier les réglementations européennes en la matière.

action 1988

 

Les Unique et RAF, les Gevarm, de 1960 à 1995, (ci-contre à g. un bel article de la revue « Action » en 1988 pouvait encore vanter ce beau produit « français ») ont fait la joie de millier de jeunes qui, pour la plupart, allaient obtenir le permis de chasse derrière, et sans besoin d’examen, considérant sans doute qu’ayant tiraillé avec, puis passé le « conseil de révision », on était alors « bon » d’abord pour…les filles, puis le « service » militaire…et bientôt (ouf, enfin…) cynégétique !

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La gamme Gevarm a ceci d’intéressant qu’elle a employé pour ses semi-automatiques (1) de la série A1-A2-A3, puis les trois modèles E, un système particulier de tir, verrou ouvert déjà fort connu sur nombre de pistolets mitrailleurs : un mécanisme simplifié, sans percuteur ni extracteur, malheureusement trop facile à transformer en « full auto ». C’est la culasse mobile, terminée par une longue barre faisant saillie, et marquant de manière caractéristique les étuis d’un long trait qui faisait office de percuteur. Les A 4 puis A 7 revenant pour des raisons qu’on va expliquer bientôt à une percussion classique fermée, percuteur coulissant à part, et détente différente.

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Le A1 ne se faisait qu’en 22 short, le A2 en Short et Long, le A3 seulement en 22 LR, et les A5-A6 étant des A3 spécialement pour l’export, notamment nord-américain où ces petites carabines valent maintenant des fortunes en collection, du fait de la « culbute » faite sur des armes souvent inutilisables car découvertes pour six sous en occasion, lors de déménagements, mais sans chargeurs qui peuvent s’égarer facilement. Mais là-bas, où la législation est plus souple selon les états, tout est possible…

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Les modèles E, grande innovation par rapport aux A1 (5 coups, mais 10-15 sur commande) où était jouable à la demande (rail de lunette, filetage de modérateur), ou A2-A3 (8 coups en 22 LR, voire 10 à 15 en 22 Short), proposèrent un 20 coups célèbre (ci-contre à g.) , théoriquement non interchangeable avec les A…mais pas par un bon bricoleur ! A cette époque où tout le monde (Voere, Beretta, Anschütz) faisait des 22 LR en mode semi-automatique, tous ces petits chargeurs partaient d’une même ébauche de tube, pressé avec précision en évitant toute soudure superflue ou ébavurage, et ne se différenciaient que par des modifications mineures des lèvres.

Bien évidemment, il fut vite question de passer à des chargeurs « banane » de plus grande capacité, et même de tambours 50 coups, technologie qui ne fut jamais grand public, mais émigra sans toute en Italie via les modèles Bingham PPS50, et Pietta 22. Aux USA une loi de 1981, interdisant le tir culasse ouverte sur les SA, tarit immédiatement le robinet de l’export, notamment des modèles E, totalement différents des A avec des pièces moulées en zamak, alliage d’alu et de zinc, donc moins chers à produire que les A tout acier, et qui étaient démontables en deux pièces. De nos jours, ça fait plus chic, on dit « take down »…

C’est ce qui explique le retour avec les modèles A4-A7 de la percussion classique, et de la culasse non calée que l’on rencontre le plus souvent dans notre pays où précisons-le bien, il s’agit d’une arme de catégorie B donc soumise à autorisation, licence FFT et tout le toutim. Il est rare néanmoins qu’elle ait conservé son chargeur 8 coups, sa boite en carton fort avec poignée originale en forme de fusil à lunette, pack complet qui, avec la lunette Gévelot (une 4X20 « made in Japan ») vaut au bas mot 1000 dollars au pays de l’Oncle SAM !

gevarm

 Il s’agit d’une arme à canon lourd 6 rayures, crosse élégante, et très typée « tir » car disposant dans sa poignée pistolet d’une petite cavité recelant 5 inserts de guidon interchangeables (ci-contre à dr.) associés à une hausse compétition réglable dans tous les sens. Par conception, elle est bien plus précise que les séries A1-2-3 et E, dont le déplacement et l’inertie de la culasse modifient le centre de gravité de l’arme et la ligne de mire, et qui plus est, quand on accélère la cadence…ce qui faisait d’ailleurs tout le sel de ces petites pétoires !

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Tout se jouant dans le recul, et le gros ressort de la culasse flottante, le choix des munitions est primordial dans ce type d’armes qui va mieux « digérer » que d’autres certaines puissances, et il faut garder à l’esprit ce qui prévalait à une époque, non encore atteinte par les « hypervéloces » et autres « Stinger » (1975). C’est la loi de 1995 qui, pour se mettre en concordance avec ce qui se passait ailleurs en Europe, durcit la législation pour toutes ces petites carabines qui étaient alors en vente libre, et qu’on se faisait offrir par un bon tonton pour sa première communion, ou par Papy pour un succès éclatant au BEPC. Le rapport Cances en 1997 ayant établi que, sur les 2000 armes saisies en région parisienne 13% étaient de ce type, eut un rôle direct dans le décret de 1998 qui les envoya directement en enfer, et au pilon.

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Limitées à 2 coups plus un, le chargeur devant être inamovible, elles étaient vraiment tout à coup à côté de la plaque, même si, à l’évidence elles n’étaient pas vraiment l’outil rêvé pour commettre un hold-up. Plus pragmatiques que l’administration (2), les malfrats se tournèrent alors vers les pays de l’Est, offrant un boulevard à la star actuelle de nos banlieues, vous l’avez deviné, la Kalachnikov et ses clones. Autre paradoxe des pouvoirs publics, c’est la complexité des procédures de dessaisissement, en cas de succession par exemple (3)…qui fait qu’on en trouve encore pas mal tant à traîner dans nos campagnes, sans trop savoir quoi en faire, sur le toit des buffets, ou dans les greniers, neuf fois sur dix d’ailleurs, sans le satané chargeur, oublié et perdu au diable bouilli, au gré des pérégrinations d’un propriétaire largement désormais oublié de toute la famille ! N’empêche, même ainsi réduites à un coup (et encore, si ça marche ?), en réalité inutilisables, elles restent en catégorie B…et donc strictement verboten ! Qu’on se le dise…

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1/Gévelot sis au 50 rue Ampère Paris XVIIè, fit aussi France-Jouets, et surtout pour nous autres chasseurs nostalgiques, la gamme des cartouches bien connues des seventies « Supervix ».(ci-contre à g.)

2/ Qui conserva un moment les Reina du même genre, pour la garde des miradors dans la pénitentiaire où quelques évasions célèbres par hélicoptère montrèrent vite leurs limites. Comme pour les CRS, le mousqueton 1916  y fut remplacé par l’AMD 5,56 (copie de la Ruger Mini 14), puis en 2009 par le HK G 36.

3/Sujet récurrent des demandes des internautes et que nous finirons bien par aborder ici un de ces jours, patience....

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