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FCM 25.00
4 janvier 2021

Browning Auto 5 : impressions...

Nous avons lancé le bouchon voici plusieurs semaines (1), et les lecteurs utilisateurs, ont répondu parfois de fort loin (2). Le Browning Auto 5 n’est certes plus fabriqué depuis 1999, mais il garde ses fans. C’est le premier et sans doute le meilleur semi-auto du monde, pour le moins celui du XXè siècle, et sans doute des siècles à suivre…s’il était encore fabriqué ! Les impressions ci-dessous sont sans doute à tempérer un peu car ces vétérans, la plupart héritages émouvants de parents disparus sont sûrement mieux bichonnés qu’autrefois.

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Montrez à un vieux chasseur l’ancêtre et faites-lui toucher « la bosse » (ça porte chance parait-il ?) et un large sourire éclairera son visage, rappel des courses avec son père derrière les deux setters et immanquablement la remarque « ai-je été c… de le vendre pour acheter un Bergnouingoli juste avant de me marier en 1973 » ! Quand une arme fait ça à un chasseur, elle est assurément immortelle. Encore faut-il l’entretenir ! Les conseils abondent : « ne touchez pas aux vis (3), laissez ça à l’armurier », « démontez le moins possible ». Un utilisateur, 36 ans de recul : «ne pas trop tripoter le réglage des bagues, identifier ce qu’on va tirer : une bécassine n’est pas un gros colvert, bien repérer les charges, ce sera quand même plus ou moins, surtout de nos jours, un fusil dédié ».

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Certains, comme Paul en possèdent deux un de I962 et l’autre de I973 « le niveau de sale qu’ils sont capables d’encaisser dépasse de loin la production actuelle pour une seule raison qui est physique, celle du poids des pièces en mouvement, l’ensemble canon-culasse représente une masse considérable, mais bien centrée et que l’on ressent bien quand on cycle manuellement. Il ne vous laissera jamais tomber, tirera dans le pire des cas au moins une fois la cartouche chambrée, j’ai vu tirer 3000 cartouches sans ouvrir ». Assurément, sa forme distinctive son fameux « humpback » identifié au premier coup d’œil fait un peu entrer en religion, et on navigue dans ses historiques sur cent ans comme Champollion dans les hiéroglyphes, la « pierre de Rosette » étant là Shirley-Verlinden, Sauerfan sur Shotgunworld, et les vidéos d’Art Isaacson comme « son et lumière » ! « C’est une arme historique conçue comme un canon de 75, et tirer avec un ressenti inoubliable comme de monter dans une vieille locomotive avec bielles, cames, axes et renvois » dit un enthousiaste renforcé par un avis similaire : « On porte le poids de l’Histoire, et le poids du gibier prélevé par des ombres qui, de là-haut vous regardent avec empathie, et en premier lieu JMB qui vous épie sur le boitier prêt à vous rappeler à l’ordre à la moindre incartade si mal entretenu. C’est mon fusil in memoriam utilisé à l’ouverture »

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Largement en tête 59 voix sur 175 votants et plus de 30% de suffrages en 2012 de meilleur semi-auto de tous les temps pour le forum Duck Hunters refuge, il y a néanmoins quelques petites « manies » à connaître. L’action du cut-off, côté gauche peut laisser dubitatif le chasseur actuel. Pourtant c’était au départ moins une sécurité qui permet de franchir les obstacles que de changer utilement de cartouche si à un colvert succède une oie quand vous êtes à la passée. Resté engagé, il ne permettra de ne tirer que la cartouche engagée. Ce qui est bien utile aussi en battue quand il s’agit de changer de poste sans avoir à se taper toute la fastidieuse procédure de chargement rechargement.  Le speedloading ajouté en 1953 par Val Browning qui finalisa également la conception du B 25 à la mort (1926) de son père, permet de charger d’une seule main sans actionner le bouton côté droit grâce à un transporteur articulé. Mais certains de 1954 ne l’ont pas car on a continué à fourguer les anciennes pièces ad nauseam. La réputation de « tir bas » sur les anciens modèles sans bande ventilée se comprend d’une part par la mobilité du canon, l’insertion du magasin vis-à-vis du boitier qui peut varier, et surtout le point de mire très haut placé sur un petit piédestal. Viser au ras du boitier, le guidon affleurant fait tirer bas, mais en tenir compte et bien dégager tout le petit « téton » fait par contre, tirer « haut » et tomber immanquablement ce qui s’envole, donc faut en tenir compte ! Au « coup de bras » on s’habitue vite à tirer « pointe dégagée » soulignant l’oiseau montant.

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La fragilité du devant bois est relevée à chaque fois, mais il existe de la pièce (chère) de retour, les « japonais » de I987 semblent plus costauds. Le tir de l’acier est controversé, la F.N. ayant semblé exagérer les risques de « donut » au niveau des chokes, sans doute pour vendre des nouveaux canons, de nos jours aussi chers qu’une arme d’occasion ? « Les jupes plastique limitent le contact », et comme pour toutes les armes d’avant, les précautions d’usage semblent de mise : pas plus de plomb de 4, et au-dessous de demi choke. Le cuivre doux qui n’existait pas encore au moment de la transition des années 90, semblant en outre une sécurité supplémentaire dans des armes « vintage » qui, de plus, tirent moins souvent qu’autrefois. Le cycle de l’Auto 5 étant basé sur l’équilibre charge-ressort, bagues de friction, il ne faut pas oublier aussi le poids du canon à prendre en compte « si celui-ci est réduit, tactical, canon d’appoint plus long ou plus court, le choix de cartouches est à revoir en fonction ». Le serrage correct du tube magasin sur le devant est un gage de longévité bien expliqué souvent : « crosse au sol, fusil vide bien sûr, actionner plusieurs fois le cycle, dépasser un peu le chambrage complet de la cartouche factice qu’on la voie de moitié, et dévisser à la main en retenant bien l’ensemble au retour que le doigt d’armement ne vienne pas percuter le boitier. Même procédure pour resserrer fort mais à la main et surtout pas à la multiprise » !

Souvent opposé au « Gold » ou A5 qui lui a succédé, même silhouette bossue, mais mécanisme entièrement différent bien résumé par André qui possède les deux « le second est plus polyvalent, mais le vieux plus facile à entretenir. Même s’il est plus lourd, avec son devant plus fin, il a un meilleur équilibre et on s’habitue à son feeling si particulier : ligne de visée allongée et bien dégagée par la bosse, recul long genre coup de polochon qu’on apprend à gérer et vous remet en ligne pour les coups suivants ».

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Un bon tiers de nos intervenants possède (4) des séries X qui ont précédé en I953 l’arrivée du speedloading et la possibilité de recharger rapidement à la volée, et assez peu, malgré la meilleure finition les Auto 5 fabriqués au Japon par Miroku « malgré les chokes amovibles et la meilleure finition, ils sont boudés par les collectionneurs car plus lourds de 8 à I0 onces, autour de 250 grammes ». Ceux produits pendant la guerre possèdent une valeur ajoutée importante du fait de leur histoire compliquée (5). La durée de vie de l’ Auto 5 est considérée comme « indéfinie » par Randy Wakeman, les bagues de friction (qui sont toujours disponibles) étant données pour 30 000 coups. Le set détente, verrouillage interne est à ouvrir par un armurier tous les 25 ans où rien n’est censé se casser, tout étant en acier forgé ! Rien à voir avec la fabrication de nos jours en alliages au « merdonium »…Hormis les intempéries c’est une arme propre car la cartouche est solidaire du canon jusqu’à son retour vers l’avant, toutes les saletés (imbrûlés, bouts de plastique etc.) s’en vont par la bouche. Par contre, même cinquante ans après, laissez pas le doigt traîner dans le trou quand vous chambrez, ou si une cartouche un peu plus longue que les autres, fait des siennes, le bruit de guillotine, déjà, vous en dissuadera ! Après, fatalitas, direction les urgences et, au pire, fracture du bout de l’index car la cinématique mécanique de l’engin est impitoyable…

Restauration ? A notre avis, un Auto 5 comme un grand vieillard doit porter les rides de son âge. Le sortir quand le vent de « nordêt » se lève brusquement ridant les bords de mare qui se festonnent de glace, et qu’au loin, au ras des « criches » quelques passages d’oiseaux migrateurs contournent le Mont St-Michel, et filent à tire d’aile vers le Groin du Sud, près de Saint-Léonard. Comme ça les lecteurs qui nous questionnent souvent à ce sujet, sauront de quelle région de France nous sommes…

1/Voir archives du 1 janvier 2020.

2/Deux intervenants du Canada, pays francophone, principal entrant dans ce site avec 26% d’entrées.

3/ Leur taille nécessite un jeu de tournevis appropriés, que l’on trouve par exemple à pas cher chez Brownells, pour ne pas les mater. La légende dit que justement, la F.N. avait choisi d’aussi petites fentes pour dissuader les utilisateurs de se mêler d’aller visiter trop souvent les entrailles de la bête et d’y mettre le bazar.

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4/C’est le cas de l’auteur (second semestre 1951) et photo en exergue. L’historique de ce fusil est connu : utilisé que pour la chasse, peut-être 5000 coups tirés une fissure comme tout le monde dans le devant bois, avec un peu de trap, activité sur laquelle il y a un peu de controverse (à part l’envoi des douilles sur les copains !), vite balayée par l’Histoire. Le Grand prix de Monte Carlo fut gagné en 1921 avec un Auto 5, tous comme les J.O. de 1924, le prix US de skeet 1930 avec un Remington mod 11, clone de l’ Auto 5 par Robert Stack que nous connaissons tous, c’est l’acteur qui a joué Elliott Ness dans la fameuse série de notre enfance « les Incorruptibles » !  Les données du site officiel Browning sont soit erronées soit lacunaires, voir Shirley-Vanderlinden (ouvrage malheureusement en anglais) qui font autorité ou Damascus pour les marquages. Pour le 16 par exemple il n’y a avant 1947 aucune distinction entre le Sweet Siwteen et le Standard sinon les trous d’allégement de l’anneau de canon, et le script côté gauche.

5/ En 1940-42, la F.N. occupée ne put produire l’Auto 5, c’est donc Remington qui le fit avec son modèle 11…mais cette fois muni d’une coupure de magasin que l’original n’avait pas ! L’entrée des USA en guerre fin 1941 après Pearl Harbour mit fin à cette production. En 1945, Remington reprit jusqu’à l’arrêt du modèle 11, remplacé par le 11-48, la F.N. relançant l’Auto 5 en 1946.  

 

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