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FCM 25.00
16 janvier 2021

16 contre 12 : soyons franc !

Chanter les louanges du calibre seize comme arme ultime pour chasser devant soi, et sa disparition cent fois annoncée, ont été des aliments réguliers pour fournir de la copie aux auteurs et journalistes ces cinquante dernières années. Et le mérite des calibres et alésages hors-norme, un sujet fréquent de « marronniers » permettant de sortir la chronique des sentiers battus de l’actualité.

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Existe-t-il d’ailleurs une « mystique » du seize qui ferait subitement de vous un chasseur de bon goût et de jugement sûr en baladant un beau Darne (série P ou V bien sûr), à qui on parlera avec révérence, où les jeunes vous laisseront le dernier mot dans les discussions armurières, les chasseresses succomber à votre sens du raffinement, les chiens eux-mêmes, arbitres ultimes de toutes les élégances cynégétiques, de se mettre subitement à votre service en frétillant de la queue ? C’est aussi simple que ça, comme on n’est pas nombreux à l’utiliser encore, c’est la pénurie qui crée sans doute le désir, mais faut pas rêver.

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L’offre en neuf étant limitée, souvent sur des bases de 12, le charme du sortilège de la fameuse formule (1) s’estompe…il frappe maintenant comme un 20, mais avec le poids du 12 ! L’emploi du seize, celui que l’on voit le plus souvent autour de nous, n’est pas souvent un choix délibéré pour un calibre fétiche, mais de « seconde monte » sur des armes anciennes disponibles en nombre et en bon état (Darne, artisans stéphanois, fermetures « Hélice », Auto 5…l’auteur connait un peu la « poloche » car il possède ces deux derniers) qu’il faut replacer dans leur contexte de la chasse devant soi d’après-guerre…d’ailleurs des deux guerres, la « Grande » et l’autre !

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La fameuse « charge carrée », aussi haute que large est un mythe qui date d’avant l’invention des bourres à jupe et qui n’est plus vrai actuellement : les fusils à âme serrée et très chokés de l’époque n’étaient pas faits pour tirer loin, mais pallier à ces bourrages de cartouches (sinon de crâne !) : en liège, feutre, carton bouilli, leur longueur et leur étanchéité étaient variables et le fort rétreint veillait au grain. Et puis, pour les débutants ou tireurs encore mal assurés, restait le « plomb fouinard » et autres « croisillons »…Les fabricants, il faut bien se le dire ne se sont jamais vraiment cassés la nénette sur ce calibre devenu vite désuet (2).

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Ajustées et finies à la main par des maîtres-armuriers ces armes sont d’une suprême élégance en juxtaposés, car leur géométrie affine doubles canons et bascules, sur des bois le plus souvent magnifiques en noyer ancien du Périgord à grain serré. Ce sont des bijoux, gravés à la main qui peuvent durer éternellement, avec un niveau d’équilibre rarement atteint par les armes actuelles, et c’est presque un investissement, pour une poignée de cerises, car la popularité de la qualité ne cessera jamais sur les armes classiques.

Mais il faut les replacer dans leur contexte technique. De la même manière que, par effet de mode, c’est une fable que de faire croire qu’on peut tout faire avec un 20 magnum, le seize gérera plus difficilement les charges lourdes de gros plomb, phénomène encore accentué si on n’est chambré qu’en 65 comme c’était souvent encore le cas dans les années 50, où on écoulait les stocks de canons finis d’avant-guerre. Le seize des années soixante c’était l’arme du tandem lapin-faisan tiré dans l’aire 25-30 mètres, pas celle d’un compromis entre 12 et 20, mais l’outil parfait et abouti jamais inventé pour cette chasse devant soi. L’acier qui nous pend au bout du nez ne lui facilitera pas les choses de ce côté, les problèmes de ductilité s’ajoutant au dilemme de faire passer plus de masse de gros « granulés », par un tuyau plus petit.

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Que faire donc avec un seize ancien, sinon le caresser et le couver des yeux au nom de la belle tradition armurière stéphanoise passée dont nous sommes tous encore bien sûr, surtout ici, les fébriles dévots ? L’utiliser à bon escient, et ne pas se leurrer sur leur aspect « à tout faire » qui était certes celui de nos pères, mais dans un autre temps. Sur toutes les chasses d’affût où les « coups de longueur » sont à prévoir, sauvagine, palombe, le douze prendra l’avantage avec des charges plus lourdes et rapides, avec du gros plomb. Quand on recharge, c’est un bonheur, en se limitant à tourner autour de 28 grammes, de jongler entre bourres grasses et à jupe à chasser entre soi, sans pression ni obligation de résultat (il existe d’autres armes au râtelier pour ça) avec des merveilles à porter qu’on apprécie encore plus avec le recul de l’âge, dont il faut méditer la légende de l’affiche ci-contre et qui se passe de traduction…. Et quand arrivé devant St-Hubert et face au goût immodéré des armes il faudra dire avec contrition « pardonnez-moi mon père parce que j’ai péché » répondez avec le livre saint (Romains 3 : 23)…  « que tous les chasseurs ont péché en ce domaine parce que la tentation était trop grande ». Trois ave, deux pater, et le tir d’une boîte de Tunet « Tradition », tirée dans le ciel étoilé des vertes prairies du Père céleste, dont l'âcre fumet lui chatouillera les narines, et vous serez pardonné…

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1/ Il frappe comme un douze et se porte comme un vingt.

2/Les USA qui, dès 1920 donnaient le tempo, attendirent sept ans avant de sortir en 1929, la charge Winchester Super X qui se faisait déjà en 12 et 20. Remington fit en chambre 70 la Sportsman pour le modèle 11 clone de l’Auto 5 seulement en 1931. Winchester-Western réagit mollement baptisant un moment une Super X dite « magnum » qui n’était qu’une 28 grammes chambrée 70, remplacée en 1963 par la Mk V.

 

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