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FCM 25.00
27 février 2021

Le juxtaposé est-il "has been" ?

On a tous débuté et grandi avec ces armes désuètes qui reflètent des moments tendres de notre jeunesse, les crosses anglaises qui permettent de les tenir d’une main, le poids bien réparti, les jolis bois qui entretiennent la nostalgie de la même manière qu’on préfère le tweed au polaire, et le loden au thinsulate, et les boutons nacrés à la fermeture éclair.

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Le juxtaposé possède un lien fort avec la tradition, et la chasse pour nous tous un rapport au passé, et une authenticité que n’aura jamais un semi-auto en plastique. Mais il y a bien longtemps que personne n’a remporté un championnat avec un juxtaposé, et qu’on n’en voit plus guère même dans les kermesses de nos dianes communales. Le tir de ces fusils « vintage » qui rôdent pourtant encore pas mal dans nos campagnes obéit à une règle bien oubliée de nos jours de fusils « plats » ou neutres, issus du sporting (1), celle des fusils dits « pentés ».

trois chiens d'arret

Ils nous renvoient à l’époque du petit gibier sauvage et abondant, des compagnies de perdrix qu’on levait et relevait, où les chiens d’arrêt avaient, peu à peu, pris le relais des courants, même au lièvre. Pas de superposés, ni d’automatiques à part quelques originaux ou sauvaginiers trimballant l’Auto 5. La meilleure façon d’apprendre à tirer était de beaucoup chasser, et non d’aller sur les pas de tir, et les innombrables manufacturiers et artisans stéphanois et liégeois l’avaient bien compris. On partait, à la billebaude de canons portés bas, sous le bras « en poupon » ou non, souvent en basse lumière voire en contre-jour, sur des arrière-plans sombres, dans les fourrés et un tir précipité « en dessous » pour voir, les deux yeux ouverts, les oiseaux en vol : perdrix ou faisans lancés.

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Pas de bande ventilée, on « alignait » sans vrai repères cible claire et canons brumeux en vision secondaire ou périphérique, la « visière » étant juste à peu près là pour caser le guidon, faible et quasi inexistant par rapport aux critères des « fluos » actuels. Qu’il s’agisse d’une bécasse ou d’un coq montant en chandelle on tirait « à travers » avec l’illusion d’optique que vous tiriez « à mort », plein fer, mais en fait, la crosse très pentée mettait votre regard très au-dessus des canons amenant une déflexion mécanique une sorte d’avance automatique, l’impression un peu vague qu’il y avait du « jour » entre le croupion du faisan et votre tir quand partait le coup de feu. Le cerveau peu à peu, s’habituait à cette gymnastique, de la même manière qu’au tennis vous n’avez pas besoin de regarder la balle pour la placer au milieu de votre raquette et, déjà, d’un coup droit, penser l’envoyer à l’autre bout du court. L’autre facteur à prendre en compte, un peu oublié de nos jours étant celui du recul lié à la forme de cette crosse plaçant certes le visage haut par-dessus la ligne des canons, mais aussi plus bas dans la « poche » d’épaulement, et l’arme susceptible à plus remonter vers le haut qu’en ligne et par voie de conséquence à plus ébranler l’ensemble épaule-joue-tête.

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Sur les coups « traversiers » ces fusils souvent plus courts (62 à 66 cm) étaient plus faciles à balancer car mieux équilibrés, avec leurs canons légers (sans même parler des « Plume » que tout le monde faisait avant-guerre) pour suivre le « poil » tout en tirant moins lourd du fait des chambres encore en 65 jusque dans l’après-guerre. On restait dans l’utile et le confortable 28-32 grammes, l’ouverture plus facile et moins profonde que les premiers superposés vous donnant, quand vous préleviez deux cartouches du gilet, la sensation de faire le geste juste. Les yeux en face des trous, et les étuis en face des chambres, l’ajustement parfait et naturel de la main et de l’arme.

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C’est la raison pour laquelle il faut, tout en connaissant parfaitement leur limites, continuer de vouer un culte à ces armes inusables qui vous ouvriront les portes de plaisirs immatériels et subtils comme la construction d’une salle de rechargement, collectionner les vieux leurres en bois, chercher dans les greniers les vieilles boites de cartouches, dénicher chez les copains le carton aux étuis vides, trouver des nouveaux acolytes à qui montrer ses dernières trouvailles armurières…même si, en fait on tire toujours plus ou moins avec les mêmes pétoires…Bref, comme disait Gene Hill « aller en dehors du courant dominant, là où se trouvent vraiment les bonnes choses »

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1/Si vous regardez bien, aucun plateau ne vole vraiment comme un véritable oiseau. On achète actuellement des fusils neutres qui tirent « où on regarde », et c’est le premier geste que vous fera effectuer le vendeur en l’alignant le canon (vide bien sûr) face à vous, après avoir sommairement mesuré la longueur de crosse dans la saignée du coude. La première kermesse venue doit permettre de se familiariser avec le nouvel engin et de valider l’achat, avec souvent comme conseil, et comme c’est curieux…de donner de la bande ! Et donc de tirer avec déflexion, et la boucle est bouclée. L’apprentissage se faisait autrefois là où il devait l’être…sur le terrain.

 

 

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