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20 mai 2021

Etonnants chasseurs : Mike McIntosh (1945-2010) et les juxtaposés légendaires

Trop tôt disparu à 66 ans, il fut de la seconde génération des grands « gunwriters » US avec d’ailleurs un peu la même filiation que Jack O’Connor d’enseignant et d’universitaire en langue anglaise, dans le Midwest (Iowa et Missouri) devenant vite journaliste free-lance, puis écrivain renommé lancé en 1981 par un best-seller : « Best Shotguns over made in America ».

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A ce moment les grands juxtaposés américains (Fox, LC Smith,Lefever) à part le Winchester 21 n’étaient plus qu’un souvenir, et ce livre trouva un large écho, même repris par la Presse grand public (Washington Post) pour une raison qu’il expliquait lui-même ainsi : « ce qui a tué les doubles classiques et ce qui, ironiquement, peut assurer leur survie, c’est le fait qu’étant trop chers à produire, il devient tout à coup intéressant de les conserver ». Son second ouvrage « Best Guns » (1989) réédité plusieurs fois ancra trois décennies de « fine guns revival » associé à la chasse dite « des hautes terres », proche de notre billebaude ou chasse devant soi, avec des armes authentiques et des chiens d’arrêt bien dépeinte par Eugene Hill, et pour les seuls auteurs traduits dans notre langue Jim Fergus et Rick Bass (1). Ont surfé sur ce mouvement la série Ithaca « Classic guns », T.Galazan de CSMC dans le Connecticut, et aussi un regain d’intérêt pour tous les doubles classiques européens même vintage, français et espagnols notamment.

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En 1991, il sortit une anthologie qui aida à redécouvrir Robert Ruark (2), ce qui lança un regain d’intérêt pour les grands auteurs de l’immédiat après-guerre de Jack O’Connor à Elmer Keith et à la compréhension plus pointue de ce qu’est le phénomène du « nature writing » lié à la chasse, la pêche, et les activités de plein air dans ce grand pays. Comme bien d’autres Mike McIntosh qui a écrit presque une trentaine d’ouvrages et des centaines d’articles pour tous les grands magazines d’outdoor, pouvait doubler le fruit de ses recherches en les utilisant à la fois dans ces magazines, ou des livres, voire dans certains cas en les reconfigurant légèrement dans un sens ou dans l’autre.

Ithaca hammerless

Dans ces éditions « de niche » dirait-on de nos jours, ce va-et-vient s’effectuait certes moins facilement que le « copié-collé » informatique de nos jours. Le lecteur finissait par s’apercevoir qu’il lisait et relisait la même chose en boucle, et c’est là qu’il fallait des écrivains vraiment doués pour attirer l’attention des gens, et Mike McIntosh en faisait assurément partie car influencé par Faulkner et Steinbeck il était, pipe au bec, tenant d’une écriture compulsive, « saisi » des jours durant par des « papiers » qu’il visualisait complètement à l'avance. Guitariste à ses heures, pour lui, chaque phrase possédait son rythme propre, et l’écriture était un effort, presque un combat, pouvant contraster avec le travail rendu, des textes où l’éditeur n’avait quasiment jamais rien à rajouter.

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Capable de monter au roman et d’accéder sans doute bientôt à la littérature Dogmen » 2009) s’il n’avait pas été surpris par la mort à 66 ans, il reste un peu trop cantonné aux ouvrages techniques comme une anthologie de la marque Fox (1992), ou « Shotgun Technicana » écrit avec l’armurier spécialiste des Purdey David Trevalion (2002). Instructeur en écoles de ball-trap, il tira bien sûr avec tout ce qu’un amoureux des juxtaposés peut rêver de posséder : Purdey, Aya N°2, Arrietta en 28, sidelock Wilkes, et même le superposé Remington 31 de son père dont le dernier oiseau que le vieil homme fit tomber était « un coq, seul oiseau qui jure, mécontent que vous le forciez à s’envoler ». Il reste néanmoins le chantre des juxtaposés « …seule invention humaine, à part peut-être une belle montre qui combine autant beauté et aspect pratique. Sauf que grâce au fusil vous pouvez non seulement vous nourrir, et même grâce au gibier tombé qui pèse dans le dossard, savoir quand il est l’heure d’aller à la soupe ».

outdoor

D’un comportement parfait avec ses nombreux fans, proche des armuriers et experts dont il savait clarifier les propos techniques, il était un des derniers représentants d’un marché du « nature writing » inconnu en France, et qui aura de plus en plus de mal à exister même en Amérique du Nord où les paysages déjà à eux seuls, avec leur beauté majestueuse, comme l’explique Jim Fergus « peuvent être une excuse à vous distraire et à rater en action de chasse ». Trop de gens sont, de nos jours, occupés à envoyer des SMS, tweeter dans un sabir ou un volapük incompréhensibles, et manipuler des engins dont ils sont esclaves, car beaucoup plus intelligents que ceux qui les utilisent…

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1/ Voir notre archive du 15 septembre 2020 pour un survol de la Presse cynégétique US ; 22 août 2020, Jim Harrison, Jim Fergus ; 25 septembre 2020 : Gene Hill, Rick Bass, ce dernier traduit en France. Lisez notamment son magnifique « Colter », histoire au dénouement malheureusement fort triste d’un superbe braque allemand.

2/Voir notre archive du 28 février 2020.

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