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29 mai 2021

"Tula" : les chauds chokes...de la guerre froide !

C’est un terme qui ne peut concerner les chasseurs que via l’occasion sur certaines armes anciennes bien ciblées, et en lisière du monde du ball-trap où il fit un moment florès dans les années 70 car lié aux champions russes et européens (‘Allemand de l’Ouest Conrad Wirnhier par exemple) qui l’utilisaient. On va voir pourquoi il disparut dix ans avant la chute du rideau de fer.

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Cette technologie est liée à l’ouverture en 1945, dans le cadre de l’arsenal de Tula, fondé par Pierre le Grand en 1712, d’un bureau-école d’artisanat d’armes qui, sous la direction de J.M. Mikhalov, sortit en dix ans une centaine d’armes de haut niveau imitant les meilleurs fusils de chasse britanniques, mais aussi européens (Francotte, Lebeau-Courally, Merkel) dont nous aurons certainement l’occasion de reparler, à destination de cadeaux pour la diplomatie du bloc communiste. L’inspiration de la décoration y était franchement germanique (voir ci contre à g.), Sühl étant tombé dans la zone d’occupation soviétique, et les futurs meilleurs graveurs russes comme Léonard Vasev y furent regroupés pour apprentissage sous la houlette du renommé Paul Greitz.

La concurrence sportive de la guerre froide s’étendant au tir, l’URSS fit, pour les championnats du monde de 1958 à Moscou un effort considérable pour rivaliser avec les « capitalistes » car ses champions étaient pour la plupart encore équipés d’armes étrangères : Zimenko d’un Simson est-allemand, Kalinin d’un Browning superposé, Antonov d’un Auto 5 coiffé d’un polychoke ! Ce bureau-école de Tula ou TsKIB fut donc chargé sur base des fameuses copies plus ou moins améliorées de Purdey (MTs 11) et de Boss (TC-1 et TC-2) de construire des armes de sport fièrement estampillées « démocraties populaires » qui se mirent en avant en 1962 aux championnats du monde du Caire au mains de V.Zimenko…sauvé en finale néanmoins par le prêt de l’arme de son collègue Kalinin (un Browning B 25 !), la petite merveille soviétique ayant malencontreusement, au dernier moment,  cassé un ressort…

cutts one

^^p

Les armes qui en découlèrent (Baïkal MC-8, MU-8, Vostok) étaient équipés de chokes spéciaux « Tula » et de canons équipés d’ouïes dont la petite histoire dit qu’ils découlaient de la copie du fameux « Cutts Compensator » qui équipait, outre le pistolet mitrailleur Thomson (pour contrer le relèvement lors du tir en rafales), de nombreuses armes de tir sportif. Voir ci-contre à g. C’est avec un tel dispositif que Tsuranov (1)  fit pour la première fois 200/200 au skeet, que Petrov obtint l’or olympique en 1968, et que surfant sur l’effet de mode, il fut proposé à des prix attractifs à l’étranger pour attirer des devises fortes. Ce fut un argument pour les armes d’export : les marques en vue, Perazzi avec le « Mirage » et Krieghoff (K80-K32) s’en dotèrent, de même que le SA Smith/Wesson 1000 S (fait par Howa au Japon) de 1973 à 1985. Ci-dessous à g.  Il fut surtout popularisé à prix attractif, par le Rottweil Olympia (fabriqué par Gamba en Italie) aux mains du tireur allemand Conrad Wirnhier médaille d’or 1965-67 et aux JO de Munich 1972.

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Il s’agissait, juste avant les chokes de ménager un espace plus vaste dit « plénum » ou en anglais « jug » (cruche) ou « bell » (cloche) dans un but de maximiser l’emploi des bourres fibre. En matière de cartouches, les russes étaient en effet très en retard sur les européens et surtout nord-américains. Ils en étaient restés au temps des cartouches carton et des bourres feutre et il était hors de question pour eux, surtout en compétitions internationales, de ne pas tirer des munitions fièrement marquées CCCP ! Cette « poche » avant le rétreint, où la bourre se retrouvait tout à coup « dans le vide » la décollait de la gerbe, les « branchies » permettaient aux gaz de s’échapper sur les côtés, et de réduire le recul car orientées vers l’arrière. Les plombs égarés dans le « pot » étant ramenés par force dans l’étranglement, mais retardés car se bousculant au portillon, allongeaient d’autant la gerbe pleine d’un tas de petits plombs de N°9, car la charge étant encore copieusement garnie de 36 grammes de plombs. En outre, la bourre, à la ramasse derrière, ne pouvait plus botter l’arrière-train de la gerbe, et donc y mettre le bazar.

oop

Les tireurs russes (puis chinois bien sûr copiant comme d’habitude le « grand frère ») étaient obligés de se présenter avec des cartouchières nanties de munitions triées et rangées à tirer impérativement dans l' ordre des postes de skeet, quand les changements des règlements internationaux (24 grammes pour tout le monde en premier lieu) mirent tout ce bel édifice à mal. Ce qui donnait un avantage avec les bourres anciennes, le rendait tout à coup insignifiant, avec les bourres à jupe que tout le monde employait dorénavant. Les fameux chokes Tula étaient difficiles à usiner correctement pour des armes grand public, les déflecteurs faisant office de frein de bouche étaient bruyants et l’effet de souffle désagréable aux tireurs voisins, puis la « marmite » s’encrassait avec les résidus de bourres et poudres imbrûlés. La dernière grande apparition de ce système qui fleure bon les « seventies » (2) eût lieu en 1981 aux championnats du monde de skeet en Argentine avec un Vostock où T.Imnaishvili fit 198/200, car en 1993, après la chute du mur, s’il fit 2è aux JO de Barcelone, ce fut, comme tout le monde, avec un Perrazi…

1/Yuri Tsuranov (1936-2008) obtint trois médailles d’or et un record de 200/200 en 1971 ; entraîneur de 1978 à 1989, son fils Constantin participa aux JO de 2008.

2/Ce qui explique le prix de la nostalgie, autour de 1000 $ lors des ventes aux enchères aux USA.

 

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