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18 octobre 2021

458 Winchester Magnum : erreurs de jeunesse et malentendus

En 1956, c’était l’âge d’or du safari, un terme qui s’appliquait à la vogue et au romantisme né du best-seller « Horn of the Hunter » écrit par Robert Ruark en 1953 dans lequel s’engouffra, grâce aux premiers longs courriers, une clientèle d’Américains aisés, exaltés par la lecture des grands gunwriters de l’époque. Le premier des grands séjours africains de Jack O’Connor en 1953 fut entièrement financé par son organe de presse Outdoor life.

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Dans le contexte de la décolonisation, les gros calibres Nitro Express étaient déjà fortement concurrencés par les carabines (375HH, 404 Jeffery, 416 Rigby), Roy Weatherby commençait sa fulgurante carrière Magnum mais ses 375 et 378 étaient encore trop petits, certains pays demandant des calibres au-dessus de « 40 », tandis que l’encartoucheur britannique Kynoch commençait à battre de l’aile. Winchester en 1956 avec son modèle 70 eut donc l’idée, en gardant le boitier standard en 30-06, d’y mettre une grosse balle de 510 grains en raccourcissant l’étui de 375 HH. On retrouvait ainsi peu ou prou les performances des anciens « Nitro » (plus de 7000 joules !), à pas trop cher, dans la carabine habituellement maniée par le chasseur américain de whitetail.

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Le succès fut immédiat près des clients et des guides, mais les premiers « retours » furent mitigés. Des charges d’animaux dangereux ne furent pas arrêtées net, la vitesse de 650m/s semblant peu respectée, l’enquête montrant que les poudres, dans un aussi petit étui, supportaient mal le soleil de la brousse où on utilisait en plus, pour plus de maniabilité, plutôt des canons de 22 pouces que les 26 habituels du banc d’essai. Winchester revit donc sa copie, abaissa le poids de balle à 500 grains, tout comme la vitesse avec des performances un peu à la baisse, mais cette fois-ci plus sûres et reproductibles, mais, qu’on se rassure, encore bien suffisantes pour bloquer tout ce qui peut éventrer, lacèrer, piétiner après un tir hasardeux. Certains chasseurs jouèrent même avec des balles plus petites de 480 grains pour gagner encore un petit peu de place pour la poudre, et aller un peu plus vite jusqu’à 660m/s.

458, lott, 460 weath

C’est à ce moment, où tout semblait être rentré dans l’ordre que Jack Lott, blessé par une charge de buffle au Mozambique dix ans plus tôt, sortit en 1971 la munition qui porte son nom (1). Il avait repris le même principe, avec un étui plus long pour donner plus de densité de section, d’énergie cinétique…mais aussi plus de pression (62 500 psi contre 60 000), et surtout de recul. Dans ces deux calibres nous multiplions en effet respectivement par 3 et par 4 le recul par exemple du 30-06 qualifié comme calibre moyen ! Un aspect à ne pas sous-estimer si on veut être précis, notamment au premier coup, décisif sur les animaux dangereux. Malgré tout, commercialement, le mal était fait, les deux calibres étaient régulièrement opposés, le 458 Lott étant mieux adapté aux balles lourdes. Winchester on peut maintenant le dire avec le recul, s’était  sûrement planté, au milieu des années 50 avec un objectif irréaliste de tirer d’aussi grosses balles avec un boitier standard. Ci dessus à g. le 458 WM comparé au 458 Lott, et à dr. avec son fort épaulement caractéristique de la marque, le 460 Weatherby magnum. 

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A l’heure actuelle, la technologie des balles et des poudres fait que le 458 WM est proposé par tout le monde (Federal, Hornady, Norma, Nosler, Swift), et propice au rechargement, le « 45 » autour de 450 grains étant particulièrement populaire aux Etats-Unis : 45-70, 458 Socom, 450 Marlin, etc. La plupart des carabines l’ont fait : le modèle 70 bien sûr, particulièrement recherché en « pré-64 », CZ 550, Ruger 77 et N°1, Weatherby Mk V, Remington 700, Browning Safari. Ce qui est moins connu, c’est qu’un artisan US (Richard Mc Cann) proposa au début des années 2000 pour 2500 $, et le sacrifice de son Garand, un semi-auto 5 coups (au lieu de 8 pour le modèle réglementaire) dans cet impressionnant calibre (voir-ci-dessous au tir). Il fallait redimensionner l’emprunt de gaz, canon de 18 pouces, frein de bouche et surtout amortisseur au mercure dans la crosse. On peut quand même douter de la longévité de l’arme : chaque coup flirtant avec la pression d’épreuve du vieux soldat s’étant illustré sur tous les fronts de la seconde guerre mondiale, d’Utah Beach à Iwo-Jima…

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Pour ceux que ça intéresse notons que dans ce vaste pays où les armuriers ne sont pas trop tracassés administrativement (selon les états), vous pouvez, pour 400 $, faire transformer votre Garand en 35 Whelen, en 358 Winchester, en 25-06 (avec petite balle de 120 grains), et qu’il y a eu un modèle Navy en 308 pour pétarder les mines, tout comme des modèles en 8X57 Mauser transformés par Israël en 1947 et qui reviennent régulièrement à la surface sous forme de surplus !

1/Voir archives du 19 janvier 2020 sur le 458 Lott, et du 23 octobre 2019 sur les 416.

 

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