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22 décembre 2021

1957 : la carabine Weatherby Mk V

Nous ne reviendrons pas sur la biographie de Roy Weatherby déjà abordée ici (1) et ses apports notamment dans le domaine des grandes vitesses pour voir en quoi sa carabine emblématique a révolutionné le paysage largement dominé jusqu’alors par les nombreuses déclinaisons de la culasse Mauser. Le 300 Weatherby Magnum qui lui fut étroitement associé, est désormais secondé, depuis 2016, par le 6,5-300 concurrent direct des 6,5 Creedmoor et 6,5 Nosler.

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Ouvrant son magasin d’articles de sport (Weatherby Sporting Goods) à South Gate, en septembre 1945 à quelques encablures d’Hollywood, Roy Weatherby en embauchant d’office un armurier put se livrer à sa passion des munitions et faire partager son opinion sur les hautes vitesses via des échanges avec Chet Atkins de Sports Afield, et des articles relayés par de nombreux lecteurs. Il commença par personnaliser ce qu’il avait sous la main : modèle 70 Winchester, Remington 700, F.N. Supreme, surplus Springfield avec canons Ackley ou Bushmiller. Mais très vite (1954 puis 1956) il fit un premier voyage en Europe pour trouver avec Husqvarna (Suède), Sako (Finlande), Schutz-Larsen (Danemark), BSA (Grande-Bretagne), l’industriel capable de concrétiser ses idées, avant de se convaincre que ce serait mieux au final, en interne.

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Aidé de l’ingénieur Fred Jennie après les tests sévères ad hoc vu les hautes vitesses prévues (plus de 100 000 ps de pression) il fit produire 10 000 unités chez Precision Founders mais avec un taux trop élevé de refus qui le renvoya en 1959 en Europe trouver cette fois un accord avec J.P. Sauer, puis au Japon (1969) chez Howa, avant de rapatrier la production (1994) à l’usine de Paso Robles (Californie). Roy, décédé en 1988, ayant bien sûr passé la main depuis 1980 à son fils Ed. A l’époque de sa sortie, la carabine innovait par ses canons forgés et martelés à froid, et surtout par son verrouillage à filetage interrompu de 9 petits ergots répartis par groupe de 3 pour les modèles magnum, et 6 plus récemment pour les moyens calibres.

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Le procédé déjà utilisé dans l’artillerie, en plus d’être solide en multipliant les surfaces de contact donnait une rotation du levier de 54° au lieu des 90° du traditionnel Mauser, ce qui offrait une manœuvre plus rapide, et surtout un montage plus bas des scopes qui commençaient à se démocratiser. La marque fut d’ailleurs une des premières à se passer des visées « fer » et à proposer d’office les taraudages pour les monter. L’alimentation poussée, comme sur la Remington 700 sur une culasse cannelée était particulièrement fluide, s’ajoutant à un look « glossy » ou tape à l’œil, tout à fait dans l’air du temps du « flower power » sévissant à proximité du magasin. Les versions « Deluxe » offraient : finition bleutée brillante, noyer Clara rehaussé d’inserts en bois de rose ou de palissandre, poignées « kaiser griff » et joues Monte-Carlo impressionnantes pour contrer le recul puissant des Magnums désormais célèbres.

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Elle fut associée au 300, premier magnum de « 30 » réussi pour tout gibier de moyen à lourd toutes distances, s’arrêtant aux pachydermes, élaboré en pleine guerre mais commercialisé seulement en 1946 à partir du vieux (1925) 300 HH Magnum. L’angle d’épaulement permettait 16% de poudre en plus pour des balles de 180 à 221 grains, rapides (plus de 900m/s) et 4500 joules à 100m. Weatherby enfonça le clou avec son 30-378 en 1997, et fut rejoint dans le même créneau par le 300 Ultramag en 1999. Ci-dessous, de g. à dr. : 308 Winchester, 30-06 Springfield, 300 Weatherby Magnum, 300 Remington Ultramag.

30_, 30-06, 300wea, 300 RUM

En 2016, la marque californienne avec le 6,5-300 Weatherby Magnum, a pris le train en marche du 6,5 en l’interprétant à sa sauce pour les gibiers moyens et un peu contrer l’engouement nouveau (6,5 Creedmoor, 6,5 Nosler) des Américains pour ce petit calibre longtemps boudé car il ne faisait rien de mieux que le 270 Winchester ! Remarquons d’ailleurs que c’est là que Roy Weatherby rencontra ses premiers succès avec son 270 Weatherby magnum…A l’époque tout tournait, à la chasse, autour de ce fameux 270 qui avait déjà proprement enterré le « vieux » 256 Newton, le 264 Winchester (1958, lequel ne tint que 4 ans face au 7 Remington Magnum aux balles plus lourdes), et même (1966) le 6,5 Remington. Son taux de torsion (1/10) cependant ne permettait pas l’emploi de balles lourdes qu’on croyait indispensables, du fait de la dérive au vent, pour tirer loin. Et comme c’est Elmer Keith qui le disait, c’était parole d’Evangile !

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En 1960, il n’y avait pas de télémètres, les scopes endurants démarraient, il était rare de tirer à 500 m, même aux USA, et c’est dans les années 80 qu’on se rendit compte que la dérive au vent tenait plus du coefficient balistique (l’aérodynamisme si on veut faire simple) que du poids de balles, ou que le moindre recul facilitait la précision (2). Quarante ans plus tard, avec les petites balles de 6,5 à fort coefficient balistique les tirs sont mieux assurés à ces distances, ce qu’on savait…depuis 1890 et le début des PSF avec le 6,5X55 Suédois ! La nouvelle munition Weatherby permet de tout avoir : le calibre « in » de 6,5 pour des balles allant de 127 à 142 grains, les vitesses élevées dans un recul acceptable (ressemblant à celui du 7 RM), mais l’usure rapide des canons lui barre la route du bench-rest et le cantonne au tir long de chasse quand il faut tirer vite et loin, sur une cible fugace, sans avoir trop le temps de tripoter les tourelles. Ci-contre à dr : le 6,5-300 WM entre le 264 Winchester mag et le 26 Nosler. 

1/Voir archive du 21 mars 2018.

2/Les militaires avaient déjà fait ce constat avec la petite carabine USM1, ils obtenaient du fait du moindre recul, d’une meilleure ergonomie plus compacte, de meilleurs scores qu’avec le Garand, et ce fut confirmé après-guerre lors du passage du 7,62 Otan au 5,56. Ce qui peut se comprendre : il est difficile d’être serein et de ne pas trembler quand on s’attend à recevoir une grosse claque sur le museau !

 

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